31 Octobre 2024
Le Synode sur la synodalité vient de s’achever. Le pape, qui y tenait beaucoup et qui aura tenu le cap de son projet, a décidé de ne pas publier d’exhortation apostolique post-synodale mais d'en reconnaître le Document final comme le texte magistériel qui est donné à l’Eglise – c’est du moins ce qu’il a dit oralement en final des travaux du Synode, samedi dernier. Et voilà que dans le même calendrier il publie une encyclique, 2-3 jours avant que le Synode s’achève, une encyclique qui est le degré le plus haut d’autorité et de prise de parole papale.
Que faut-il entendre de cela, que faut-il comprendre de cette presque juxtaposition de calendrier ? Un texte viendrait-t-il cacher un autre ou relativiser ce qui est en train de se vivre ?
Je ne crois pas au hasard ou aux erreurs ou contraintes de calendrier. Je crois qu’il peut y avoir un sens à cette concomitance. Comme si le pape nous disait : tout ça c’est très bien, toutes ces questions de synodalité, de gouvernance, de service et de pouvoir, de place des femmes, de ministères, de direction à prendre pour la vie de l’Eglise et la mission, etc. ; tout ça c’est important – et je le redis : le pape y tenait et il y croit vraiment – mais tout cela n’a de sens que référé et enraciné dans l’essentiel de notre vie chrétienne : l’amour de Dieu qui s’est révélé et manifesté en Jésus-Christ et qu’il nous appelle à vivre.
Le coeur aimant de Jésus vient nous révéler le coeur aimant de Dieu pour notre humanité, ce monde dans lequel nous sommes envoyés pour vivre de cet amour, en rayonner, que nos coeurs soient brûlant de cette charité à laquelle le Seigneur nous appelle, qu’ils soient enflammés de cet amour sauveur du Père qu’est sa miséricorde – et vous retrouvez là le grand thème, si j’ose dire, du pontificat du pape François.
Cette publication dans ce calendrier là n’est (donc) pas un hasard, ce n’est pas anodin je crois ; cela m’est apparu assez évident en commençant la lecture de cette encyclique. Je ne sais d’ailleurs si en finale de celle-ci le pape s’en explique, je n’en suis pas encore là. Mais ça s’est comme imposé en moi à la lecture des premiers chapitres. Tout notre agir missionnaire comme nos modes d’exercice de la gouvernance et toutes nos relations ecclésiales doivent s’enraciner dans le cœur à cœur et l’amitié avec Jésus, dans le don de son amour, Jésus qui nous révèle le coeur aimant de Dieu.
Et puis le pape est peut-être en train de nous rappeler aussi que dans nos débats ecclésiaux et toutes les justifications théologiques que nous mettons en avant pour défendre nos idées ou nos intuitions il nous faut ne pas oublier les « petites gens » et leur vie et confiance en Dieu – d’où cette occasion ou porte d’entrée un peu étonnante par la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus en cette année jubilaire des apparitions à Paray-le-Monial ? – ; l’Esprit peut vouloir nous enseigner là aussi, par la foi simple des gens simples autour de nous, ceux que nous pouvons un peu oublier dans nos grandes réflexions ecclésiales et théologiques... non ?
En tout cas toutes nos questions missionnaires et ecclésiales, synodales, n’ont et n’auront de raison d’être que pour servir la rencontre du coeur aimant de Dieu et pour l’annoncer, le manifester aujourd’hui encore, en vivre. Je crois que le pape, l’air de rien, veut nous le rappeler. Sans relativiser le Synode – et les questions encore à creuser et qui sont importantes – mais en l’enracinant là, quelles que soient les suites de ce que les diocèses et toute l’Eglise pourront mettre en oeuvre et travailler encore. C’est en tout cas ainsi que je reçois cette encyclique dans cette actualité ecclésiale là du Synode sur la synodalité...
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Pour en savoir plus sur cette encyclique, quand j’aurai fini de la lire, ce sera par un post’ à venir sur ce même blog. Et je mettrai là (aussi) un lien direct. Pour l’heure... allez lire ce que je découvre être déjà un très beau texte... et... à suivre !