2 Novembre 2024
Samedi 2 novembre 2024 – Fiançailles d’Agathe et Bertrand
[Montluzin, chapelle St Joseph]
Rm 8,31b-35.37-39 / Ps 62 (63) / Mt 5,1-12a
Cette page d’évangile c’est celle que nous entendions déjà hier ; et c’est intéressant, je trouve, que ça nous fasse faire ce lien-là, même si je ne vais pas vous refaire une homélie de la Toussaint.
Mais juste : c’est intéressant parce que si vous êtes appelés au mariage, Agathe et Bertrand, c’est donc que là sera votre chemin de sainteté, c’est-à-dire le chemin pour grandir ou avancer dans l’union à Dieu, qui va vous donner de déployer qui vous êtes pour vivre de l’appel à aimer et en rayonner. Et c’est bien cela que dans ces mois de fiançailles vous allez continuer à discerner et à construire.
Elle est là la sainteté de Dieu, ce qu’il est et ce qu’il nous appelle à devenir : refléter et rayonner de cet amour qu’il est et qu’il a pour nous, refléter et rayonner cet amour qu’il a voulu manifester à note humanité blessée et défigurée par le mal.
Pensez à St Jean qui nous dit dans son évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils, son unique, afin que le monde soit sauvé » – c’est au ch. 3 je crois. Et juste avant sa Passion et sa résurrection, dans ce grand discours final qui est un peu comme son testament spirituel, Jésus dira à ses disciples – c’est en Jn 15 – : « Demeurez en mon amour, gardez mes commandements, et vous porterez beaucoup de fruit. (…) Mon commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Et son amour vient révéler celui du Père. Sa miséricorde. Et dans l’évangile de Luc Jésus nous dit : « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 6,36) ; figurez-vous que c’est une traduction par St Luc de cet appel qu’on trouve dans le livre du Lévitique : « Soyez saints comme moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19,2).
La miséricorde, l’amour sauveur de Dieu, voilà la sainteté à laquelle nous sommes appelés. En apprenant à vivre unis à Dieu, à vivre unis au Christ, l’enjeu sera de croire et enraciner notre vie en son amour pour nous, et de pouvoir alors en témoigner et en vivre, l’annoncer en paroles et surtout en actes.
Et la miséricorde de Dieu elle est très concrète : il suffit de regarder comme Jésus se fait proche des uns et des autres, comment il s’abaisse à hauteur de celui qui souffre ou qui peine, comment il se met à l’écoute de chacun, comment il apaise les cœurs et les corps, comment il guérit et pardonne, comment il prend soin, il relève et remet en route, etc.
Et quand Jésus nous dit en St Luc : « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux », c’est juste après les Béatitudes, dans le prolongement. Ce qui veut dire que je ne peux vivre cela, je ne peux vivre et rayonner de cet amour sauveur du Père, sans suivre cette feuille de route que nous donne le Christ, sans vivre concrètement ce que là il nous indique et qu’il a lui-même vécu – derrière chacune de ces béatitudes nous pouvons voir le Christ lui-même.
Alors oui, pour aimer, pour aimer vraiment, pour aimer l’autre à qui je veux me donner comme celles et ceux que notre route croisera, pour aimer il me faut être pauvre de cœur. C’est-à-dire consentir à ne pas être le tout de ma vie, à être en manque des autres, en manque d’amour, en dépendance de Dieu et de celles et ceux qu’il met sur ma route. Le pauvre c’est celui à qui il manque pour vivre. Qui a besoin des autres et qui parfois n’a plus que Dieu vers qui se tourner pour implorer quelque chose de l’ordre d’un sursaut de vie.
Alors oui, « heureux les pauvres de cœur », celles et ceux qui savent bien que tout seul ils ne peuvent pas grand-chose et que ce monde a besoin de nos solidarités bien concrètes, de fraternité réelle, et de s’en remettre à Dieu qui veut souffler en nous des chemins de vie.
Et donc « heureux les pauvres de cœur », qui vont être aussi artisans de paix, miséricordieux et assoiffés de justice. Heureux sont-ils car là est le chemin du bonheur véritable, celui de l’amour que nous indique le Christ, celui d’un amour qui se donne et qui rayonne, l’amour qui toujours est fécond et qui ouvre des chemins de vie…
Alors c’est vrai, parfois nous doutons de tout cela, parfois la vie nous semble trop difficile. Mais justement, si nous vivons comme des pauvres, des pauvres de cœur, nous allons nous tourner vers Dieu et vers l’autre qui est là et qui m’est donné comme une aide, une présence aimante, quelqu’un aussi avec qui je vais pouvoir discerner comment avancer. Et c’est bien un des enjeux concrets du mariage.
Tout cela, vivons-le avec le Christ, à son école, enracinés en lui par la prière et l’écoute de sa Parole. Écoutez-le ensemble, Agathe et Bertrand, écoutez ce que Dieu vous dira peut-être ainsi, apprenez à entendre ensemble ses appels, et pour cela aidez-vous à rester enracinés en lui, le Christ.
Parce que St Paul nous l’a dit dans la 1ère lecture : quoi qu’il puisse nous arriver, rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ. Rien. Il y a un acte de foi à poser et il faudra s’en donner les moyens, mais rien ne peut nous séparer de lui, si nous lui faisons place et si, en plus, nous avons déjà fait l’expérience de son amour. Appuyons-nous là-dessus.
Voilà pourquoi, d’ailleurs, nous prions ce jour pour nos défunts, dans cette espérance là que rien, pas même la mort, ne peut nous séparer de lui, le Christ, si nous consentons avec lui à être sauvés et accueillis par le Père. Rien, pas même nos égarements de vie et de foi ou notre péché. Parce que Dieu est miséricordieux, il nous aime de cet amour qui nous veut avec lui, si nous le voulons bien, si nous voulons bien nous laisser sauver par lui.
C’est la grande et bonne nouvelle de l’Évangile : il y a un Dieu qui est là avec nous, qui est venu nous rejoindre en chair et en os pour nous manifester concrètement son amour, et il nous dit que si nous vivons de cet amour-là alors c’est gagné, le monde est sauvé, et nous avec. C’est-à-dire que quoi qu’il nous arrive, si nous le vivons avec lui le Christ, alors nous pourrons faire l’expérience que la vie est plus forte que toute épreuve, et que le Seigneur vient là nous rejoindre et qu’un chemin est possible, un chemin de vie.
Puissions-nous le croire, le croire vraiment ; et puissiez-vous, Agathe et Bertrand, faire tout-jours – et donc chaque jour – ce pari de confiance. Nous prions pour cela, pour vous mais aussi pour chacun de nous. Amen.