L’Eglise c’est nous

L’Eglise c’est nous

J’ai hésite à mettre là quelques lignes de présentation de ce livre. Car, si j’ai trouvé passionnant, au début surtout et tel ou tel sous-chapitre, j’ai eu un peu de mal à en arriver au bout. Car si c’est intéressant – et ça l’est vraiment – c’est en même temps très dense et ça rend les choses un peu difficiles à lire, c’est foisonnant de sujets que ça aborde, et il faudrait en fait le lire et le travailler à plusieurs. En plus, je me suis demandé ci ou là si les partis-pris théologiques de l’auteur n’étaient pas un peu datés parfois, ceux de sa génération d’un après-concile « tout feu tout flamme » qui peut être un peu déçu quant à des « avancées » attendues, des partis-pris théologiques très « occidentalo-centrés » aussi...

Mais je le redis, c’est quand même vraiment intéressant, avec des questionnements qu’il nous faut entendre en ces mois d’après « Synode sur la synodalité » qui s’ouvrent maintenant. Et nous avons-là un vrai manuel de d’ecclésiologie théologique, pastorale et canonique.

Le point de départ est original et pourrait presque sembler anecdotique, mais il est en fait révélateur d’une théologie héritée du passée, que le concile Vatican II est venu infléchir, mais qui reste marquée inconsciemment dans nos pratiques. Ce point de départ c’est celui de l’intention de messe qu’un fidèle vient demander à son curé avec la question qui toujours nous met mal à l’aise comme prêtres du : « Combien je vous dois ? » Et c’est intéressant car : est-ce la messe du prêtre, pour qu’il soit, lui, chargé de cette intention demandée, ou ne serait-ce pas en fait celle de la communauté appelée à prier tout particulièrement à cette intention qu’un de ses membres lui demanderait ? Et pourquoi faudrait-il alors que ça coûte ou plutôt que l’offrande revienne au prêtre pour l’aider à vivre, pourquoi pas un don à la communauté ? L’auteur ne veut pas là remettre en cause et en soi cette question de prier pour telle ou telle intention particulière – pratique qu’on a d’ailleurs essayé d’encadrer canoniquement au cours de siècles pour que ce ne soit pas une question financière d’abord ni un commerce – mais il veut là mettre au jour ce que cette pratique, qui peut paraître anecdotique, vient dire de nos fonctionnements ecclésiaux et de la théologie inconsciente qu’elle véhicule. Et il essaye d’en tirer des conclusions ecclésiologiques, canoniques et pastorales pour aujourd’hui, y entendre des appels pour ce qui pourrait et devrait se vivre dans cette Eglise synodale à laquelle nous appelle le pape François.

Et si notre baptême est bien le socle commun de notre vie ecclésiale à tous, laïcs et ministres ordonnés, et si nous participons tous de cette triple fonction royale, sacerdotale et prophétique du Christ, alors qu’est-ce que cela veut dire pour nous – nous tous comme peuple de Dieu –, qu’est-ce que cela appelle pour notre vie ecclésiale et pour la mission ?

Voilà en gros le point de départ et le cadre de ces pages. Après, il faut s’accrocher et plonger, tenir aussi dans la durée, au fil des chapitres et des sujets que tout cela fait aborder. Et personnellement j’ai trouvé la première partie plutôt excellente et passionnante (en tout cas les 1ère et 3ème sections), puis j’ai trouvé très intéressant dans la deuxième partie tout ce qui est dit sur la formation et notamment celle des futurs prêtres, sur les différents ministères aussi, ainsi que tout ce qui se développe dans la troisième partie autour de la mission et de la catéchèse. Mais il faut s’accrocher un peu…

Je le redis, c’est sans doute à travailler à plusieurs, pour lire ensemble, nuancer aussi telle ou telle options développée, en tout cas questionner les choses. Mais nul doute que ça peut etre précieux pour notre Eglise pour avancer, précieux aussi pour se former. Mais faut oser plonger dans ces pages et sans doute s’y aider les uns les autres.

Cesare Baldi, auteur de ce livre, est intervenu l’été dernier à l’Université d’été organisée par le Centre théologique de Meylan-Grenoble et le diocèse, avec une intervention assez intéressante qui est en fait ce qu’il développe ici dans sa première partie, sur les questions de gouvernance. Il est l’actuel directer de l’IPER à Lyon, et on sent bien ce souci d’une théologie pastorale pratique  – et donc canonique aussi – ; et c’est vraiment un des mérites de ces pages, je trouve.

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Cesare Baldi, L’Eglise c’est nous. Peuple de rois, prêtres et prophètes, Médiaspaul, juin 2024, 300 pages, 23€.

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Pour mieux appréhender, peut-être, le contenu de ce livre, voici son plan :

L’Eglise c’est nous
L’Eglise c’est nous
L’Eglise c’est nous

Notez enfin – on peut le lire dans la préface (p.8)  – que ce livre « vise à traduire les indications du Concile [Vatican II] ​​​​​​​en une série d’indications pastorales qui leur donnent une concrétisation à travers la mise en oeuvre de transformations de conscience et de réformes structurelles. » 

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