Homélie dimanche 16 mars 2025

2ème dimanche de Carême – Année C

[Week-end de préparation au mariage]

Gn 15,5-12.17-18 / Ps 26 (27) / Ph 3,17 – 4,1 / Lc 9,28b-36


En préparant cette homélie  pour vous, ce matin, je me disais que je ne sais pas ce que représente le carême pour un certain nombre d’entre vous, ce temps qui nous est donné pour nous préparer à Pâques, ce temps qui a commencé il y a déjà 10 jours, ce temps qui est fait pour nous conduire aux fêtes de Pâques en nous laissant renouveler, pour accueillir de façon nouvelle ce qu’on va célébrer alors et qu’on fête même chaque dimanche, à savoir le mystère de la résurrection ; ce mystère de la résurrection dont cet épisode de la Transfiguration est justement une annonce.

Avec cette scène de la Transfiguration c’est comme si le Christ voulait nous montrer où nous allons, par exemple cette histoire de « corps glorieux » dont a parlé la 2ème lecture, c’est-à-dire notre propre résurrection à venir, mais déjà « l’homme nouveau » qu’on est appelé à être et dont parlait l’autre-Christophe hier.

 

Plus fondamentalement aussi, c’est comme si le Christ voulait montrer à Pierre Jacques et et Jean qui sont là avec lui, mais aussi à chacun d’entre nous, que ce qui doit éclairer notre marche, ce qui va la transfigurer d’une lumière nouvelle, c’est justement cette promesse de résurrection, cette résurrection dont la Transfiguration est comme une annonce ou un avant-goût, avec cet appel qui nous est adressé : l’appel à écouter Jésus – « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ».

 

Si je reviens au carême : un des enjeux du carême, on pourrait dire que c’est de reprendre notre vie en main, avec le Seigneur, et notamment notre vie spirituelle, notre vie avec lui, avec Dieu qui veut être notre compagnon de route – c’est ça l’Alliance dont parlait la 1ère lecture. Et cette scène de la Transfiguration c’est justement l’histoire d’une expérience spirituelle, et ça vient justement mettre l’accent sur cette question de notre vie spirituelle et de  cet appel à écouter Jésus.

 

Parce que l’enjeu c’est quoi ? C’est d’apprendre du Christ Jésus le chemin que Dieu nous propose, et pour ce faire c’est déjà de le contempler – contempler le Christ –, et le reconnaître comme celui qui accomplit les Écritures, la Loi – Moïse – et les prophètes – Élie. Le reconnaître, lui le Christ, et le contempler comme le nouveau Moïse, celui qu’il faut suivre et qui va libérer son peuple en offrant le salut ; le Christ qui est le Messie attendu, le sauveur, celui que le retour du prophète Élie devait annoncer : Dieu qui vient visiter son peuple et lui offrir le salut, lui offrir la promesse de vie que quoi qu’il nous arrive, avec Dieu comme partenaire et comme allié, quoi qu’il nous arrive la vie sera plus forte que tout mal et que tout chemin de mort ; que malgré les apparences premières et immédiates, la vie et le don soi par amour sont et seront vainqueurs. Quoi qu’il puisse nous arriver.

 

Et ça c’est le cœur de notre foi, c’est ce que nous nous apprêtons à fêter et à célébrer à Pâques. C’est le cœur de notre foi et c’est ce qui devrait orienter notre vie, c’est ce qui peut changer notre regard sur ce que nous vivons, au cœur du réel de ce que la vie va nous donner de traverser.

 

Parce que ça change tout pour affronter les épreuves qui viendront, ça change tout de croire, de croire vraiment, qu’avec Dieu la vie est plus forte que le mal, ce mal qui nous fait justement croire le contraire, ce mal qui nous décourage ou qui nous fait douter de nous, de l’autre, de Dieu, voire de la vie elle-même.

 

Et si je fais un petit lien avec le mariage, c’est finalement ça qu’il y a derrière le pilier de l’indissolubilité : nous voulons croire, et on s’en donnera les moyens, que la vie et le don de soi par amour ce sera plus fort que nos épreuves, avec Dieu, avec son aide et avec l’aide de celles et ceux qu’il mettra sur notre route.

 

Nous voulons croire, et on s’en donnera les moyens, qu’au cœur des nuits qu’on a parfois à traverser, une lumière nouvelle peut éclairer autrement le chemin, et qu’un chemin, justement, reste possible. C’est notre foi.

 

Et nous, aujourd’hui, là maintenant, si je reviens à cet épisode de la Transfiguration, nous on est un peu comme Pierre, Jacques et Jean, on est dans cet entre-deux où nous savons cette promesse de vie et de salut, nous savons que là sera notre force et que c’est aussi le sens du chemin, son but, mais ça nous est donné comme une annonce et une promesse à vivre dans l’aujourd’hui concret, comme pour Pierre, Jacques et Jean qui resteraient bien là haut sur la montagne avec Jésus, mais non, il faut redescendre, il faut retrouver le quotidien. Mais le retrouver en étant habités par ce qui nous a été donné de voir, habités par cette promesse lumineuse de la résurrection ; et apprendre humblement, jour après jour, à la faire nôtre et à en vivre. Tout simplement en apprenant à écouter Jésus. Dans sa Parole, comme on l’a fait hier soir, et en le priant, en lui confiant ce qui fait notre vie, avec ses joies mais aussi ses peines, ses questions, ses découragements…

 

Et votre chance, comme couples, c’est que vous êtes donnés l’un à l’autre comme une aide (cf. Gn 2), une aide pour vous soutenir et pour vous aider l’un l’autre à faire place à Dieu : écouter Jésus et lui parler, l’associer à ce que vous aurez à vivre…

 

Alors je ne sais où vous en êtes les uns les autres de votre chemin de vie avec le Seigneur, et de votre foi – votre confiance en lui –, je ne sais pas non plus ce qui a besoin dans votre vie à chacun et ensemble de son salut, ce qui a besoin de grandir en liberté, ce qui est à dénouer, à libérer ; mais en tout cas c’est là, dans ce concret là de notre vie, que nous pouvons demander au Seigneur sa présence et son amour, sa force aussi et son salut, c’est à dire d’être sauvés, libérés, remis sur un chemin de confiance…

 

On va prendre quelque instants de silence, là maintenant, pour déposer au Seigneur ce que ces mots viennent éveiller en nous, les lui déposer dans le silence de nos cœurs. Que là il vienne nous rejoindre et nous éclairer. On le lui demande, tout simplement, et c’est notre prière à chacun, là maintenant. Amen.

La Transfiguration

La Transfiguration

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