14ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Is 60,10-14c / Ps 65 / Ga 6,14-18 / Lc 10,1-12.17-20
Ce matin je me disais : c’est bien tout ça, mais en quoi ça nous concerne ? On n’est ni les 12 ni ces 72 qui étaient visiblement proches de Jésus, et puis si je m’arrête sur la fin de ce qu’on vient d’entendre, ça ne marche pas trop de saisir des scorpions ou déjà de guérir miraculeusement les malades, en tout cas moi ça ne marche pas comme ça et ça n’a pas marché comme ça pour moi comme malade.
Du coup on fait quoi avec tout ça ?
Évidemment qu’on essaye de se poser 2-3 questions et évidemment, en fait, que ça nous concerne ! D’autant plus si nous posons l’acte de foi que Dieu, par ces textes, veut nous parler aujourd’hui encore. C’est Parole de Dieu.
Alors on y va et on commence par se demander qui sont ces 72 !? Parce que vous vous doutez bien que Luc n’a pas pris un nombre au hasard. Consciemment il n’a pas dit que Jésus s’adresse ici aux seuls 12 – et ça il l’avait fait un chapitre plus tôt, avec un envoi en mission quasi identique dans le contenu. C’est donc que la mission ça ne concerne pas que les apôtres et, pour nous, leurs successeurs, à savoir les évêques – avec leurs collaborateurs que sont les prêtres et auxquels vous ajoutez les diacres et les Laïcs en mission ecclésiale par exemple.
La mission est étendue à plus que ceux qui sont appelés et envoyés pour cela de façon spécifique. 1ère chose à entendre.
Mais alors, pourquoi 72 ? C’est sans doute une référence aux 72 nations païennes alors connues de Gn 10, c’est pour dire l’universalité de la mission, il faut aller vers tous…
Et donc, ce qu’on entend là c’est que ça ne concerne pas que les 12 et que c’est vers tous. Et vu que les ouvriers manquent pour la moisson – c’est Jésus qui le dit – alors ça nous concerne tous, au nom même de notre appartenance au Christ – ce dont Jésus parle en tout fin de notre évangile quand il nous dit de nous réjouir que nos noms soient inscrits dans les Cieux. Il parle là de celles et ceux qui le connaissent et le suivent, celles et ceux qui sont ses proches.
Nous. Nous qui écoutons sa Parole et voulons apprendre à faire la volonté du Père, nous qui voulons bien nous laisser rejoindre et aimer par Dieu et en qui il met sa confiance et son amour. Nous. Nous tous au nom de notre baptême.
Alors oui, il faut prier. Il faut prier parce qu’il n’y a pas assez d’ouvriers pour la mission. Pas juste parce qu’il n’y a pas assez de vocations, mais parce qu’il manquera toujours des ouvriers, il en manquera toujours tant l’annonce du salut concerne tous les peuples, toutes les situations de mal et de violence, et toutes nos histoires et nos vies à chacun.
Et voilà pourquoi le Christ voudrait compter sur nous tous, voilà pourquoi il a besoin des 72 que vous êtes et que nous sommes ensemble...
Alors oui, le monde est violent et dur ; et oui aussi, il va falloir se soutenir parce que ce n’est pas toujours simple d’oser témoigner de notre foi et du Christ Jésus, d’oser témoigner de la Bonne nouvelle d’un Dieu qui est là et qui veut marcher avec nous, un Dieu qui veut offrir paix et consolation, Dieu qui veut offrir son salut au cœur de nos situation d’épreuves et de souffrance, au cœur-même de notre péché aussi. Oui, ça n’est pas facile. D’où l’appel à la prière, c’est-à-dire à enraciner tout ça dans une relation intime et personnelle avec le Christ. Et l’écoute, aussi, de sa Parole, pour entendre en nous et discerner à quoi ça nous appelle concrètement, au cœur même du réel concret de ce que nous sommes.
Et voilà pourquoi Jésus envoie aussi deux par deux, pour ne pas être seuls ; ni pour discerner, ni pour annoncer la Bonne nouvelle du salut. Il faut se soutenir, s’aider à trouver les bons mots et les justes attitudes, s’assurer que ça vienne bien du bon-Dieu et que ce ne soit pas nos seules bonne idées à nous ou notre truc à nous… En Église, quoi !
Et puis deux par deux, c’est le minimum pour mettre en application ce verset de l’évangile de Jean, au chapitre 13, quand Jésus dit à ses disciples : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35).
Tout seul y’a personne à aimer concrètement et du coup ça ne peut pas témoigner de l’amour auquel nous sommes appelés, aimer comme Jésus nous a aimés (cf. Jn 15), aimer de cet amour sauveur du Père qu’est sa miséricorde, cet amour – comme disait le pape François – qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance. Cet amour qui va apprendre à se faire proche de l’autre, à s’approcher de lui, pour soigner ses blessures, l’écouter, et lui donner de se relever et de reprendre la route – la route de sa vie.
« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » … Deux par deux…
Une autre chose que Jésus nous dit : quand il demande de ne rien emporter pour la route, il nous invite à poser un acte de foi. Faire confiance en sa Providence. C’est-à-dire en lui qui marche avec nous et qui donne l’Esprit Saint, mais tout autant en celles et ceux vers qui nous allons. Il nous sera donné ce dont nous avons besoin pour la route, si nous sommes dans cette confiance en l’autre et pas dans la peur ou la méfiance. Ne rien emporter pour la route c’est poser un acte de foi de croire en la bonté originelle en l’autre vers qui je vais. Et de fait ça va bien se passer avec un certain nombre. Et avec qui ça coincerait, passons notre chemin. D’autres nous accueillerons et nous écouterons.
Ou plutôt, d’autres se laisseront approcher et alors nous allons pouvoir nous tenir en leur présence, et dans ce qui pourra se partager nous allons pouvoir être témoins, témoins de ce que nous croyons et donc témoins d’abord de ce que nous avons reçu, témoins de l’amour de Dieu qui nous met en route, témoins de sa paix et de sa consolation que nous avons peut-être expérimenté un jour.
C’est l’enjeu. Et c’est ça la mission. La mission ça n’est pas d’aller annoncer de grandes idées toute faites sur Dieu, aussi belles et justes soient elles, c’est de sa faire proche au nom de l’Évangile. Et de permettre au Christ, par nos mains et par nos voix, de se faire proche, d’oser des paroles de paix et de consolation. Alors une expérience de salut peut se vivre là et la joie peut jaillir dans les cœurs. Et c’est beau !
Notre mission elle est là. Nous faire proches, être artisans de paix, et guérir les cœurs blessés.
Alors c’est vrai qu’on ne va pas faire des miracles, des trucs extraordinaires qui en mettent plein la vue. Même pour Jésus c’était avant tout des signes, des signes que Dieu s’est fait proche et que son salut advient.
Et la guérison dont nous serons témoins elle sera d’abord et elle sera souvent guérison du cœur, paix qui console et qui redonne d’oser avancer ou d’oser reprendre la route malgré tout, malgré le mal qui est là. Mais dans la confiance que malgré tout et malgré les apparences 1ères et immédiates la vie est plus forte que ce mal qui nous traverse ou qui nous entoure. Et qu’une force nous est donnée pour avancer.
Et d’être témoins de cela, ou de le vivre soi-même, c’est une vraie expérience de joie, de joie profonde en nous, une joie qui se fait paix intérieure. Alors je peux consentir à vivre, à vivre ce qui est donné au cœur du réel concret qui est le nôtre. Et si nous sommes témoins de cela, alors heureux sommes-nous. Et nous pourrons rendre grâce au Seigneur pour son œuvre en nos vies.
Et heureux sommes-nous de nous savoir comptés parmi ces proches de Jésus qui vivent quelque chose de son salut. C’est ce que Jésus veut nous faire comprendre quand il dit aux 72 que leur seule joie doit être dans le fait que leurs noms soient inscrits dans les cieux, et pas dans ce qu’ils auront pu faire et dans ce qui aura marché, voire ce qui aurait pu en mettre plein la vue. Non. Notre joie c’est de vivre avec Jésus. C’est de vouloir tout vivre avec lui, c’est de pouvoir tout vivre avec lui. Et d’apprendre à en être humblement témoins pour d’autres…
Alors demandons-lui cette grâce-là, cette joie-là. Celle de se savoir aimés de Dieu et de savoir qu’avec lui nous pouvons en être témoins pour d’autres, témoins qu’il est là avec nous, témoins qu’il veut marcher avec nous, témoins de son amour qui fait vivre et qui se fait paix du cœur et consolation dans nos épreuves. Elle est là la Bonne nouvelle du salut, la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu qui s’approche et qui veut se faire proche de tous…
Je termine avec une dernière question : qu’est-ce qu’on va faire de tout cela, maintenant ?
Pour le dire autrement :
Où est-ce qu’on en est chacun avec le Seigneur ?!
Je récapitule : (1) Où on est chacun de notre vie avec le Seigneur ? (2) Quels appels on entend ? Et du coup (3) avec qui en parler, pour voir ce qu’on peut en faire à notre petite mesure ?! ... Amen.