Que dire d’un tel film ? Qu’il m’aura déstabilisé. À la fois j’ai vraiment aimé et en même temps ça laisse un sentiment « bizarre ». C’est perturbant, cinématographiquement, mais aussi ce regard de l’Afrique noire sur nous et nos projets d’aide au développement, cette espèce de post-colonisation où nous arrivons avec notre savoir, nos belles idées technologiques et aussi écologiques…
C’est l’histoire d’un jeune portugais, ingénieur, qui débarque en Guinée-Bissau, pour finaliser une étude environnementale pour la construction d’une route. L’ONG pour laquelle il va bosser a réussi à préserver une zone boisée où vivent des hippopotames mais le nouveau tracé doit traverser des rizières et des petits villages très ruraux, et il faut convaincre les habitants de l’enjeu positif de cela pour eux…
Notre jeune ingénieur, Sergio, va se trouver pris dans une sorte de tourbillon frénétique de la vie là-bas, en ville, se lier d’amitié avec des gens qui survivent le jour et qui font la fête la nuit. Et il va en même temps essayer de faire au mieux son enquête environnementale.
C’est comme s’il y avait deux mondes – et si lui allait avoir deux vies. Et c’est comme s’il y avait deux « films » qui se fondent l’un dans l’autre : la fiction à proprement parler et puis toutes ces scènes telles un documentaire sur ces populations guinéennes, les villages ruraux, les coutumes et la culture, et nous qui débarquons là au milieu. C’est ça qui rend ce film étrange, cinématographiquement, du moins déroutant. Et qui fait la longueur ! 3h30 de film ! C’est long, de fait, c’est surtout un peu lent ; mais ça n’est pas pesant pour autant… même si un certains nombres de scènes pourraient être plus courtes, moins développées, plus suggérées, créant une sorte d’ambiance malaisante pour certaines – mais ce qui me semble voulu et assumé, pour nous faire entrer, je crois, dans cette ambivalence qui traverse toutes les dimensions du film, celle des sentiments mais aussi de la vie, celle des positionnements et des relations qui là se jouent, à la fois du point de vue personnel des personnages mais aussi du point de vue des rapports de force entre blancs et noirs – et même des noirs entre eux…
Deux scènes de sexe, un peu longue et assez érotiques – et qui pourront gêner, de ce fait là – sont du même ordre – cette ambivalence mise en scène –, deux scènes qui ont renforcé, pour moi, une interrogation qui m’a habité tout au long du film : au fond – et au fond de lui –, qui est Sergio, et que fait-il là ? Il a l’air perdu, en quête de lui-même ou d’on ne sait quoi… Il a un côté candide et insouciant dans ses rencontres, ses attitudes et vis-à-vis de ce qu’il découvre, et en même temps il semble assez sûr de lui, un peu joueur avec les situations auxquelles il se confronte, plutôt professionnel aussi dans son désir de faire bien les choses et ne pas se faire acheter par l’un ou l’autre qui auraient visiblement quelqu’interêt à ce que son étude soit vite bouclée…
Un film étonnant, vous l’avez compris. Mais que je trouve au final vraiment intéressant et même plutôt réussi, jusque dans les questionnements qu’il nous fait entrevoir et même traverser un peu…
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