11 Janvier 2011
Un dimanche de 1511 ; Antonio de Montesino, dominicain, s'adresse au cours de la messe au vice-roi d'Espagne et à sa cour ; il prend la défense des indiens de la colonie, exploités pour ramener de l'or et asseoir la grandeur de la chrétienté ou plutôt de la couronne d'Espagne.
Année 2000, à Cochabamba, en Bolivie ; Sebastian (Gael Garcia Bernal), réalisateur de films, et Costa, (Luis Tosar) producteur, rencontrent Daniel(Carlos Aduviri), qui jouera pour eux un indien résistant, révolutionnaire, qui en 1511 se retrouva aux côté de Montesino et de cet autre dominicain qui marqua la cause des indiens d'Amérique, Bartolomé de Las Casas. Sebastian ne pense qu'à une seule chose : son film. Costa n'a que l'argent qu'il dépense à l'esprit (il est vrai que ses budgets sont serrés, ne cesse-t-il de dire). Daniel, lui, a d'autres choses en tête, beaucoup plus vitales ("Il y a plus important que votre film" scande-t-il à plusieurs reprises) : l'eau, et sa famille qui meurt de faim, comme le reste de la population indienne de Cochabamba. La cause des indiens d'Amérique de l'époque de Christophe Colomb rejoint alors celle de la guerre de l'eau des Indiens de Bolivie.
Ce sont deux films et trois histoires qui s'emmêlent et s'éclairent : le film que nous regardons, nous en 2010, et ce film engagé tourné en 2000 sur ce sujet de 1511 ; l'histoire de Daniel et de la guerre de l'eau, comme en écho à celle de Montesino et Las Casas qui combattent la soif de l'or.
Sebastian mais plus encore Costa sont ébranlés par ce qui leur est donné à vivre en ces jours de guerre. Et nous voilà interpellés avec eux sur la condition de ces minorités exploitées, sur les réurgences colonisatrices de notre 21ème siècle. Il y a des pauvres à notre porte, aujourd'hui, affamés, assoiffiés mais qui trouvent la force de battre... et qui sont prêts à tout pour sauver le peu de vie qu'il leur reste... même au prix de la leur...
Iciar Bollain signe là un film poignant ; magnifique...
La bande annonce : link
Le fameux sermon de Montesino : link