27 Décembre 2014
Haruki Murakami signe là un superbe roman. J'avais beaucoup aimé sa trilogie 1Q84, là j'ai non seulement aimé mais aussi dévoré, quasiment non-stop !
Nous voilà entraînés aux côtés de Tsukuru Tazaki, jeune homme de 36 ans à la vie plutôt simple, sans couleur particulière pourrait-on dire. Pas banale car ce qui lui est arrivé ne l'est pas, et c'est justement ce qu'il va être appelé à revisiter et relire.
Tsukuru rencontre Sara. Mais elle sent qu'il y a en lui quelque chose de son histoire qui met une distance entre eux. Quelque chose lié à cette bande de 5 amis dont il était il y a longtemps, au lycée, et dont on l'a exclu sans raison donnée il y a 16 ans. Il y a en lui une blessure qui est toujours là. Elle lui demande de s'y pencher s'il veut vivre une relation sérieuse avec elle.
Tsukuru se retrouve invité et acculé à revivre ce qui s'est produit. Et nous sommes entraînés avec lui dans ce pèlerinage vers soi, ce chemin quasi initiatique qui est à faire. Car une blessure non cicatrisée continue à faire mal...
Extrait : "Tsukuru réussit alors à tout accepter. Enfin. Tsukuru Tazaki comprit, jusqu'au plus profond de son âme. Ce n'est pas seulement l'harmonie qui relie le cœur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c'est ce qui se transmet d'une blessure à l'autre. D'une souffrance à une autre. D'une fragilité a une autre. C'est ainsi que les hommes se rejoignent. Il n'y a pas de quiétude sans cris de douleur, pas de pardon sans que du sang ne soit versé, pas d'acceptation qui n'ait connu de perte brûlante. Ces épreuves sont la base d'une harmonie véritable." (p. 310).
C'est magnifique, très bien écrit, même s'il faut par contre s'accrocher un peu au début car on passe dans un même chapitre d'une époque à l'autre, au gré de ce qui remonte en Tsukuru de son histoire.
Haruki Murakami, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Belfond, septembre 2014, 368 pages.