25 Novembre 2015
Écrivain et cinéaste franco-afghan, Atiq Rahimi a reçu le prix Goncourt en 2008 pour Singué Sabour, Pierre de patience. Comme pour son roman Terre et cendres que j'avais lui aussi beaucoup aimé, il en a fait un film magnifique.
Atiq Rahimi est de retour avec cette Ballade du calame, un récit à la fois poétique, autobiographique, méditatif. Voilà l'écrivain devant la page blanche, n'arrivant pas à écrire. Sur l'exil. Il est là, et traçant sur sa page la première lettre de l'alphabet, alef, remontent en lui des souvenirs, des émotions, le récit ou plutôt la méditation de sa vie. Une vie d'exil. Comme il l'écrit : "L'exil ne s'écrit pas. Il se vit" (p. 98). Ainsi peut-il se raconter ?
Au gré des souvenirs, et de son calame (son roseau de calligraphie) qui trace des lettres et ce qu'il appelle des callimorphies (qui ponctuent d'ailleurs le livre), des textes viennent à lui, de Rûmi notamment, mais aussi des traditions spirituelles et religieuses qu'il a croisées, ou encore d'auteurs occidentaux qui habitent sa pensée. Et le récit devient partage de sa quête et de son art...
Et c'est très beau. Délicat, tendre et beau. Une "ballade intime, métissage de mots, de signes, de corps", comme le dit la 4ème de couverture, qui conclut : "Une méditation sur ce qui reste de nos vies quand on perd sa terre d'enfance."
Comme en écho — et comme un écho quasi spirituel — à l'actualité migratoire qui frappe le Moyen-Orient et l'Europe ? En tout cas de la belle et bonne littérature. Un bon moment qui ouvre à sa propre recherche de sa terre d'enfance intérieure.
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Atiq Rahimi, La Ballade du calame, Les éditions de l'Iconoclaste, juin 2015, 196 pages, 18 €.