14 Décembre 2017
De nuit... Comme une allusion à St Jean de la Croix dont l'Eglise fait mémoire aujourd'hui et pour qui c'est un thème de sa poésie mystique... Mais le réel surtout de ces douleurs qui m'ont empêché de dormir, disons plutôt de bien dormir, réveillé bien trop tôt, incapable de retrouver le sommeil, alors que pourtant la fatigue est bien là...
De nuit... « Lieu » ou temps de communion avec d'autres qui souffrent et qui peinent eux aussi à trouver là le repos pourtant nécessaire...
Et de nuit... je trouve ce message de mon ami Jean-Baptiste qui a été opéré il y a quelques semaines d'un genou et dont les nuits sont pour lui aussi difficiles :
Comment interprète-tu ce passage ? Livre d'Isaïe 30,19-21.23-26 : « Le Seigneur te donnera du pain dans la détresse, et de l'eau dans l'épreuve. Celui qui t'instruit ne se dérobera plus et tes yeux le verront. Tes oreilles entendront derrière toi une parole : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. »
Ma réponse... de nuit... à l'aube du jour qui vient ?!
Moi j'entends dans cette Parole et même cette promesse d'Isaïe, que Dieu donne. Le pain et l'eau. C'est-à-dire ce dont on a besoin pour avancer, pour tenir en vie. Et je pense à Israël au désert, dans le livre de l'Exode, Israël qui vient de vivre une expérience unique de libération mais qui récrimine, qui souffre, et à qui Dieu répond, Dieu qui prend soin, Dieu qui donne la manne mais aussi l'eau du rocher... Dieu donne ce dont nous avons besoin. Je le crois vraiment, je le dis souvent. Il donne ce dont nous avons besoin au cœur de ce que nous avons à traverser. Et là j'entends dans ces mots d'Isaïe que, oui, Dieu donne et donnera. Il donne de quoi pouvoir avancer, malgré tout.
Et si nous le croyons, et si donc nous apprenons à recueillir chaque jour ce qui est offert qui nourrit, c'est-à-dire qui est de l'ordre de la vie qui est là, qui nous traverse, et de ce qui fait tenir debout ou qui fait se relever, ce qui fait tenir dans l'épreuve et avancer, alors oui nous Le verrons à l'œuvre, dans telle rencontre, tel événement, tel acte ou telle présence de tel frère ou sœur, et même nous pressentirons peut-être sa présence à Lui en nous, son Souffle de vie, sa force de vie et d'amour, sa présence indicible...
Là nous allons faire l'expérience de la miséricorde du Père, en actes. Et nous saurons que là aussi nous devons aller, que nous devons emprunter le même chemin, ce que Jésus dira bien en finale du Lavement des pieds en Jn 13,14-15. D'aillleurs ne dit-il pas aussi en Lc 6, 36 : « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » ?
Je me permets de le rappeler, mais le pape François nous a donné de redécouvrir que la miséricorde c'est l'amour de Dieu qui prend soin, et qui devient appel pour nous à prendre soin comme Lui. Que la miséricorde, disait-il dans le texte d'annonce de l'Année jubilaire, à propos de l'invitation à passer une ou des Portes Saintes, c'est « l'expérience de l'amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l'espérance »... Expérience qui va nous être donnée à vivre au sens de l'expérimenter, comme je le disais plus haut, devenant appel à la vivre pour d'autres, à devenir ces mains de Dieu qui prennent soin, cette voix qui console et réconforte, cette présence qui dit la valeur de chaque vie.
La promesse d'Isaïe, si j'y reviens, c'est que Dieu donne le pain pour la route et l'eau qui désaltère, c'est-à-dire ce dont nous aurons besoin pour nos traversées du désert ou de l'exil. D'ailleurs ne le demande-t-on pas chaque jour à Dieu, au Père, quand nous osons le prier et mendier en disant : Donne-nous notre pain de ce jour » alors même que nous venons d'affirmer : « Que ta volonté soit faite »... ?!
Apprendre à accueillir et recueillir ce que Dieu et la vie donnent chaque jour, ce qui est bon et beau, apprendre à rendre grâce, pour voir le chemin qui se dessine et y voir, y pressentir, Dieu lui-même qui passe, Dieu lui-même qui est là, Dieu lui-même qui déjà nous sauve. Alors, oui, s'ouvre un chemin...
Et comme pour nous en assurer, comme pour nous rassurer, dans la 1ère lecture de ce jour, en Isaïe encore (41,13-20), Dieu va nous redire : « Ne crains pas, moi je viens à ton aide. (...) tu mettras ta joie dans le Seigneur ; dans le Saint d'Israël, tu trouveras ta louange. Les pauvres et les malheureux cherchent de l'eau, et il n'y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, le Seigneur, je les exaucerai, moi, le Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas »...
Et à Noël nous allons justement fêter l'accomplissement de ces promesses, en la venue de Jésus. « Qui viendra à moi n'aura plus jamais soif » dira-t-il d'ailleurs au puits de la Samaritaine, en Jn 4. Lui dont nous la liturgie nous donnait hier à réentendre son appel en Mt 11,28-30 : « Venez à moi, vous tous qui peinez ; (...) je vous donnerai le repos »...
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L'illustration de milieu de post' est un détail d'une fresque, au Brésil, de mon ami Tony Castro, co-fondateur de la communauté catholique brésilienne Rainha da Paz (dont une mission est accueillie et implantée à Bourgoin-Jallieu, dans le diocèse de Grenoble-Vienne, depuis octobre 2014).