Homélie mercredi 8 janvier 2020

Mercredi après l’Épiphanie

1Jn 4,11-18 / Ps 71 / Mc 6,45-52

 

Je ne sais pas si on mesure vraiment la Bonne nouvelle qui nous est adressée notamment dans ce qu’on célèbre en ce temps de Noël et notamment dans ce qu’on vient d’entendre. Et je pense tout particulièrement à ce qu’on a entendu dans la 1ère lecture…

Ce qui me marque c’est cet amour de Dieu pour nous. Par amour il a offert son Fils au monde. Essayez de mesurer le poids de ces mots. Dieu nous aime et par amour, au nom de cet amour, il se fait l’un de nous. C’est même plus que par amour, c’est son acte même d’amour. De se faire l’un de nous.

Ça veut dire quoi concrètement ? ça veut dire que Dieu, s’il existe, ce que je crois, n’est pas un Dieu lointain, il ne nous regarde pas de haut nous dépatouiller de la vie et de ce que nous avons à traverser de questions, de peurs ou d’épreuves. Non, Dieu a voulu traverser comme nous ce qui fait toute vie pour se révéler à nous, se révéler pleinement, pour épouser notre condition humaine pour pouvoir nous sauver, nous libérer de ce qui entrave toute vie.

Dieu nous aime, et Dieu nous aime tellement, qu’il vient. Non seulement il est venu, en Jésus Christ – et ce soir, les étudiants, il va vous être proposé de vous arrêter un peu sur le réel historique de cette venue, cette venue de Jésus dans notre histoire humaine – ; non seulement, donc il est venu, mais aujourd’hui encore il vient et veut nous rejoindre. Aujourd’hui encore Dieu est présent et veut marcher avec nous.

La difficulté c’est que nous ne le voyons pas, comme l’a rappelé la 1ère lecture. Il y a un acte de foi à poser : croire que Dieu est là, croire que Dieu tient promesse aujourd’hui encore. Et ça nous le pouvons car nous avons fêté à Noël Dieu qui a tenu promesse, Dieu qui est le Dieu qui tient promesses. Un enfant, un messie, était promis, qui serait Dieu qui vient visiter son peuple, et nous croyons que c’est advenu dans l’histoire il y a quelques 2020 ans. Et qu’en lui, Jésus Christ, comme il le dira après la résurrection, Dieu a promis sa présence pour tout-jours avec nous (cf. Mt 28,19).

Croire, donc, que Dieu est toujours présent, et croire qu’il nous aime.

Ce qui nous ferait douter de cela, c’est son silence apparent, et notamment dans nos épreuves de la vie. Mais si j’en crois ce que St Jean nous a dit, toujours dans la 1ère lecture, c’est que l’amour que nous avons les uns pour les autres, l’amour que nous aurons les uns pour les autres, voilà qui nous fait toucher du doigt l’amour de Dieu.

C’est ça l’incarnation, ce qu’on a fêté à Noël. Dieu passe par les hommes et les femmes que nous sommes pour se donner et se faire présent à nous. De façon toute spécifique et particulière par exemple dans le sacrement du mariage où les époux sont sacrement l’un pour l’autre, leur engagement et leur amour est signe et moyen par lequel Dieu manifeste son amour ou le révèle. Ça veut dire très concrètement que Dieu prend soin de l’un et de l’autre par l’un et par l’autre, l’un vis-à-vis de l’autre. Et ça c’est signe pour tous !

Ce qui veut dire que tout amour, y compris l’amour d’amitié, l’amour fraternel, que nous pouvons vivre entre nous, y compris dans une paroisse, c’est une façon par lesquelles nous pouvons grandir en confiance en l’amour de Dieu. A la fois parce qu’il nous aime en actes comme cela, par celles et ceux qui vont prendre soin de nous. Et aussi parce que nous allons nous aider à grandir dans la confiance en la Présence de Dieu avec nous, même si nous ne le voyons pas.

Par exemple en nous aidant et en nous stimulant à écouter la Parole. Que ce soit dans des Frat’ étudiantes ou jeunes pros ou que ce soit en nous motivant à venir ensemble à la messe. Mais aussi en nous motivant les uns les autres à approfondir notre foi pour comprendre qui est Dieu et quel est son projet de vie et d’amour pour notre humanité et donc pour chacun de nous. Mais encore en nous soutenant par une vie fraternelle concrète, telle que le Christ nous y appelle, et qui sera un témoignage pour d’autres et qui sera peut-être un moyen pour qu’ils acceptent d’entendre qu’il y a un Dieu qui existe et que ça peut donner sens à leur vie.

Alors c’est vrai, Dieu personne ne l’a jamais vu. Et même le Christ, nous n’avons pas eu cette chance de le voir et de l’entendre nous-mêmes. Il nous faut faire confiance. Mais Dieu est amour, a dit St Jean, et j’ai envie d’ajouter : Dieu c’est comme l’amour. L’amour non plus ça ne se voit pas et ça ne se prouve pas. Ça se pressent, ça monte en nous, ça nous fait vivre, ça donne du sens à notre traversée d’ici-bas, on en perçoit des signes, notre cœur est parfois tout brûlant en nous ou nous le pressentons chez d’autres. Eh bien Dieu c’est pareil. Parfois nous sommes comme les disciples de l’évangile de ce soir, apeurés, angoissés, ou fatigués de la vie, et voilà qu’un temps de prière nous apaise, ou qu’une parole d’un frère de la communauté ou d’un ami nous éclaire, ou que tel passage de la Bible prend résonnance particulière pour nous et nous appelle… Dieu est là, Dieu se donne à pressentir, Dieu nous souffle quelque chose.

Voilà la Bonne nouvelle de Noël, la Bonne nouvelle de notre foi en l’incarnation de Jésus-Christ Fils de Dieu, et la Bonne nouvelle de cet amour de Dieu qui nous est annoncé. Vraiment je prie pour que nous puissions toujours y croire et que ce soit un moteur de vie et de confiance en la vie. Et que dans cette eucharistie, comme à chaque eucharistie, nous prenions force du Christ ressuscité qui veut établir sa demeure en nous pour que nous demeurions en nous et qu’ensemble grandisse entre nous une expérience fraternelle de son amour, une expérience fraternelle d’amitié où quelque chose de Dieu se vit, même si nous n’en avons pas directement conscience.

Et personnellement, je rends grâce tout particulièrement ce soir pour notre communauté paroissiale et pour la beauté de ce que beaucoup d’entre vous vivent grâce aux divers groupes ou temps forts qui sont proposés et portés par les uns et par les autres. Je prie pour que cette vie ensemble soit toujours plus fraternelle et que chacun puisse s’y sentir accueilli avec ce qu’il est et ce qu’il porte. Amen.

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :