Homélie dimanche 13 septembre 2015

23ème dimanche du Temps Ordinaire / Année B

Salagnon [avec baptême]

Is 50 5,99a / Ps 114 (115) / Jc 2,14-18 / Mc 8,27-35

Je le disais au début de cette messe, cette page d’évangile et la 1ère lecture aussi sont une invitation à contempler le Christ, Jésus, et à réentendre cette question qui est la question, celle qui résume tout l’évangile de Marc et plus largement qui traverse les quatre évangiles, la question qui va appeler quoi qu’il arrive une réponse de notre part si nous nous disons disciples de Jésus – c’est ça être chrétien – ou si nous voulons le devenir – par le baptême. Cette question, vous l’avez entendue, c’est celle de savoir qui est Jésus ; c’est cette question qu’il adresse, lui Jésus, à ses disciples et donc à chacun de nous : « Pour vous, qui suis-je ? »

Ce qui intéresse Jésus, c’est la réponse personnelle que chacun peut donner. Ce n’est pas tellement ce qu’on dit de façon générale. Il veut la réponse des disciples et pas seulement celle de ceux qui les entourent. Il veut donc notre réponse personnelle et pas une réponse toute faite qui ne serait finalement pas vraiment la nôtre ou bien qui serait celle de la société ambiante. Il veut une réponse qui engage, d’où la fin de son propos qui est plutôt radicale !

Qui est Jésus pour nous ? Qu’est-ce qu’il change dans notre foi en Dieu ? Et donc – c’est quand même ça qui peut nous paraître important, spontanément – qu’est-ce que Jésus [ça] vient changer pour notre chemin de vie ?

Est-il seulement un prophète qui nous transmet des paroles sur Dieu et des valeurs dont nous voulons bien vivre ? Un prophète comme Elie ou Jean-Baptiste ? Ou bien est-il le Fils de Dieu, le Ressuscité, est-il Dieu lui-même qui est là à nos côtés, mystérieusement c’est vrai, et qui nous accompagne, celui qu’annonçait le prophète Isaïe – dans la 1ère lecture – ; est-il pour nous celui qui nous révèle un Dieu qui se livre entre nos mains d’hommes et de femmes, Dieu qui compte sur nous pour que nous travaillons avec lui à rendre notre monde plus juste, plus fraternel et plus beau ?

Selon notre histoire à chacun, selon ce qu’on nous a appris et transmis, selon notre foi, peut-être que nous ne savons pas bien répondre à la question de Jésus. Ça n’est pas grave. Regardez les disciples, ils ne savaient pas mieux que nous. Et Jésus préfère leur demander de se taire et d’attendre le moment venu plutôt que de dire trop vite des vérités toutes faites, aussi vraies soient elles, mais qu’ils n’auraient pas vraiment comprises ou qui ne seraient pas bien comprises par ceux qui les entourent. Par exemple cette histoire de « Christ ». Oui, il est bien le Messie, le Christ, l’envoyé de Dieu pour libérer le peuple, mais il n’est pas un Messie tout puissant qui va libérer de l’oppression romaine – le pays de Jésus, à l’époque était un pays occupé – ou qui va libérer magiquement de toute maladie ou de toute souffrance. Il est bien l’envoyé de Dieu mais qui va vivre pleinement notre vie d’hommes et de femmes, jusque dans la traversée de l’épreuve de la souffrance et de la mort, jusque dans la traversée de l’épreuve de la souffrance injuste de l’innocent et jusque dans la traversée de cette épreuve terrible d’y faire l’expérience de la solitude, du non sens et de l’apparente absence de Dieu. Une traversée qu’il va faire pour nous et comme nous pour que nous puissions vivre les nôtres avec lui et nous en laisser sauver avec lui et comme lui.

L’enjeu de ce que je suis en train de vous dire, c’est que nous n’en restions pas à des grandes idées ou des peut-être fausses images sur Dieu et sur Jésus, mais c’est que nous apprenions à balbutier nos propres mots, petit à petit, à partir de ce que nos aînés nous aurons transmis, à partir de la foi de l’Eglise aussi et donc de la Parole de Dieu, mais surtout, plus fondamentalement, en essayant d’entrer petit à petit ou de plus en plus dans une relation avec Jésus ; comme les disciples qui vont vivre trois ans avec lui, qui vont être formés à son écoute et qui vont le voir vivre, prier, aimer, relever ceux qui espèrent ou qui ont confiance en Dieu ; alors nous pourrons dire autour de nous qui il est, c’est-à-dire qui il est pour nous, qui il est de ce que nous avons déjà expérimenté de sa présence dans notre vie, ce que nous avons déjà compris avec le cœur de qui il est et de ce qu’il fait aujourd’hui dans notre vie de tous les jours.

Il ne s’agit pas tant de croire des choses et de les dire autour de nous que de vivre quelque chose, comme l’a bien dit la 2ème lecture ; apprendre à vivre quelque chose avec Jésus, et aussi – c’est indissociable – avec ceux qui nous entourent, au nom de notre foi, au nom de ce que nous avons déjà compris de Jésus. Et de fait ça ne sert à rien de savoir plein de choses si nous ne vivons pas une relation avec Dieu, avec Jésus, et si en plus ça ne change rien, concrètement, dans notre vie.

Un petit exemple : comment pouvons-nous annoncer un Dieu qui aime tous les hommes et qui veut croire en chacun – c’est ce Dieu là que Jésus nous révèle dans l’évangile – si, concrètement, dans notre vie de tous les jours, nous refusons d’apprendre à nous supporter les uns les autres, si nous refusons d’apprendre à voir en l’autre ce qu’il pourrait apporter de beau malgré le mal qu’il fait, si nous refusons aussi de donner à chacun une nouvelle chance, et si nous refusons par exemple d’accueillir l’étranger qui fuit la guerre, la barbarie, et cela quelle que soit sa race, ses origines ethniques et même sa religion. Tout simplement parce que Jésus n’a pas dit qu’il venait sauver les biens-portants, les riches et les croyants, mais qu’il venait pour tous les hommes, tous, sans exception ! …

C’est une Bonne Nouvelle… et en même temps c’est une sacrée mission, un sacré « challenge » ! C’est notre mission de baptisés, chacun à notre mesure et ensemble, et c’est notre mission de baptisés, avec Jésus qui nous accompagne si nous décidons de cheminer avec lui et de lui faire une place, et sous la conduite de l’Esprit Saint, la force de vie et d’amour de Dieu, qui est donnée à qui la lui demande et à qui veut bien se mettre à l’écoute de ce qu’il souffle en nous.

Alors… qui est Jésus pour chacun de nous ? Il nous faut sans doute toute la vie pour apprendre à répondre et pour le suivre… Il nous suffit juste, maintenant, de le décider, de vouloir qu’il chemine toujours et encore avec nous et de vouloir nous donner les moyens d’apprendre toujours plus qui il est et quel chemin de vie il nous offre. C’est bien ce que nous pouvons lui demander dans le silence de nos cœurs mais tout à l’heure quand nous nous approcherons pour recevoir le pain de l’eucharistie, si nous y reconnaissons la présence mystérieuse mais réelle de Jésus ressuscité, sa présence engageante…

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