Homélie 18 oct. 2018 | St Luc

Jeudi 18 octobre 2018 | Fête de St Luc

IET (Bruxelles)

 

2Tm 4,9-17 / Ps 144 / Lc 10,1-9

 

Cette page d’évangile, elle nous est bien connue, je crois. Et vous savez sans doute que cet envoi des 72 appartient en propre à Luc.

 

Qui sont-ils, ces 72 ? Ce sont des disciples. 72 choisis, désignés par Jésus. 72, peut-être en référence aux 72 nations païennes dont il est question en Gn 10. C’est dire combien cet envoi en mission a sans doute un avant goût d’universalité (*)…  En tout cas ils sont 72, envoyés comme des éclaireurs en mission de reconnaissance, en vue de la venue de Jésus et donc de la mission dans son plein accomplissement ; une mission, nous le savons et Jésus le dit déjà, pour laquelle les ouvriers seront toujours trop peu nombreux pour que la Bonne nouvelle de l’Evangile soit répandue à toutes les nations…

 

Ces 72 ils ont envoyés en toutes villes et localités où Jésus lui-même doit aller. Sans doute celles qui sont sur le chemin de sa montée à Jérusalem, mais aussi, déjà en tout point de toute la terre. Rappelez-vous l’annonce qui nous sera faite plus tard en Ac 1,8 : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint… alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre »…

 

Ces 72 ils précèdent Jésus qui vient. Ce n’est pas leur mission à eux, c’est celle du Christ lui-même à laquelle ils participent. A tel point qu’ils sont envoyés 2 par 2, c’est-à-dire pas seuls, parce qu’on le sait bien le risque serait encore plus grand d’oublier qu’on travaille pour un autre. Mais 2 par 2 également parce que la mission sera difficile, vous l’avez entendu, alors à 2 on va pouvoir se soutenir et s’entraider, s’épauler aussi, on va pouvoir s’aider à se relever, pour reprendre et poursuivre le chemin.

 

Ceci dit, même à 2, si on est comme des agneaux au milieu des loups, frêles et désarmés, il va falloir trouver force au-delà de soi-même. C’est bien l’enjeu de cet appel à la prière pour ces ouvriers en trop petit nombre pour une mission qui s’annonce difficile…

 

Ces 72, qu’est-ce qui leur est demandé, quelles sont les conditions de la mission, qu’est-ce qu’ils doivent annoncer, et comment ?

 

Je retiens que Jésus leur commande de faire confiance. Pas seulement dans le fait que les loups – la violence de ce monde – ne les dévoreront pas, mais confiance aussi dans le fait qu’il leur sera donné ce dont ils auront besoin. Pas besoin d’emporter quoi que ce soit, il faut partir les mains ouvertes à ce qui adviendra. Appel à la confiance en Dieu mais aussi confiance en l’hospitalité qui s’annonce. Si je n’ai rien, je me fais dépendant de ceux vers qui je vais. Je vais devoir dépasser mes peurs de frapper aux portes. Ce qui va devenir avec le temps un enjeu de vie ou de mort. Et le salut c’est bien de cet ordre là, radicalement : un enjeu de vie ou de mort.

 

Et la mission en elle-même ? Il s’agit de frapper aux portes, justement ; ou plutôt d’entrer, de visiter, pour se laisser accueillir par qui voudra. Avec pour premiers mots, cette salutation qui est aussi une attitude et qui sera, qui fut, la première parole du Christ ressuscité à ses apôtres : « La paix soit avec vous »… « Paix à cette maison »… Si cette paix est reçue, entendue, alors notre mission, celle des 72, c’est de rester, c’est de partager quelque chose du quotidien. Non pas passer de maisons en maisons comme on enfile des perles pour faire un beau collier. Non, prendre le temps de visiter, d’être là. Et une parole en actes sera possible. Oui, prendre le temps de vivre quelque chose du Royaume qui germe comme une graine, une plante qui a besoin de temps pour grandir.

 

Prendre le temps de vivre quelque chose de l’ordre du Royaume, du Règne de Dieu, car il vient, il est tout proche ; oui, il vient, il est tout proche, le Seigneur que nous annonçons, le Seigneur Jésus qui envoie au devant de lui. Il vient aujourd’hui encore, il veut se faire proche, avec nous qui croyons désormais qu’il est avec nous pour toujours.

 

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(*) Cf. Philippe Bossuyt et Jean Radermakers (exégètes et professeurs émérites de l’IET), Jésus, Parole de la Grâce selon saint Luc, éditions Lessius, coll. IET n°6, volume 2, rééd. Juillet 1999 (IET 1981), p.271.

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