6 Décembre 2020
2ème dimanche de l’Avent / Année B
Is 40,1-5.9-11 / Ps 84 (85) / 2P 3,8-14 / Mc 1,1-8
Faut que je vous avoue que pendant très longtemps je n’aimais pas ce temps de l’Avent et pas trop la fête de Noël avec son décorum un peu enfantin de la crèche et du petit Jésus qu’on est tout content de mettre dedans.
Jusqu’à ce que je comprenne – il n’y a pas si longtemps que cela – un truc important, je crois, qui en tout cas m’a rejoint moi, au cœur de ma foi qui sans doute mûrissait et s’approfondissait et au cœur de ce que la vie me donnait de traverser…
Et si je vous dis ça ce matin/soir, c’est parce que ce qu’on vient d’entendre rejoint ce « truc » important qui moi me parle aujourd’hui. On a entendu avec l’évangile que je viens de proclamer que la venue de Jésus est de l’ordre de l’accomplissement des promesses que Dieu avaient faites. Notre évangile est vraiment une reprise en écho de ce qu’on a entendu dans la 1ère lecture avec le prophète Isaïe. Et vous avez-vous-mêmes remarqué je pense que Marc, en ce commencement de son évangile, cite et reprend les mots mêmes d’Isaïe.
Voilà notre foi : Jésus, le Fils de Dieu, est Celui qui devait venir, il est le Messie qui était attendu, il est le Sauveur qui était promis. Il est l’accomplissement des promesses de Dieu. Il est – j’ai envie de dire – Dieu qui tient promesses.
Peut-être que dit comme ça, ça sonne comme des mots un peu creux ou une évidence un peu facile, peut-être, mais en fait c’est vraiment une Bonne nouvelle ! Nous croyons que Dieu est le Dieu qui tient promesses. Nous croyons que Jésus est l’accomplissement en sa chair et en son histoire, en son incarnation, que Jésus est l’accomplissement de ce que Dieu avait promis. Notamment par la bouche d’Isaïe.
Dieu qui tient promesses. C’est ça que nous allons fêter à Noël, pas la naissance du petit-Jésus. Non, Dieu qui est venu en notre monde comme il l’avait promis. Et c’est ça que déjà nous célébrons en ce temps de l’Avent qui est déjà le temps de Noël puisqu’il est ce temps qui nous donné pour nous préparer à accueillir la Bonne nouvelle de Noël, nous préparer à l’entendre et à la recevoir, justement comme une Bonne nouvelle.
Ce Dieu qui tient promesses, il est venu en Jésus Christ, comme il l’avait annoncé. Il est venu, et nous croyons qu’il vient encore et même qu’il reviendra, comme le disait la 2ème lecture. C’est ce que nous chantons à chaque eucharistie, juste après l’élévation et la consécration du pain et du vin, avec l’anamnèse : il est venu, il vient, il reviendra.
Est-ce que nous l’entendons, est-ce que nous le chantons et est-ce que nous le confessons comme une Bonne nouvelle pour nous, aujourd’hui ? Pas juste un truc du passé et une vague promesse de consolation pour je ne sais quand, non ! Il vient. Dieu vient. Il vient à notre rencontre, aujourd’hui encore.
L’enjeu ce sera de nous y préparer. Préparer le chemin de sa venue jusqu’à nous, sa venue pour chacun de nous, et même sa venue par nous en ce monde. Car c’est bien de cela dont il s’agit : Dieu veut naître aujourd’hui encore à ce monde qu’il veut visiter et sauver. Il vient et il veut y venir pour y apporter le salut, la Bonne nouvelle de la vie qui avec Lui est plus forte que toute forme de mal et de mort, la Bonne nouvelle de sa Présence indicible qui pourtant peut être comme une lumière au milieu des ténèbres que nous traversons peut-être !
Alors c’est vrai, je ne sais pas comment les uns les autres vous accueillez tout cela. Si ça sonne comme des mots bien gentils mais un peu éloignés de là où vous en êtes ou au contraire si ça peut vous rejoindre et même vous éclairer ou vous aider à avancer... Je ne sais pas…
Mais ce que je sais, ou plutôt ce que je crois, c’est que notre chance c’est de pouvoir apprendre à faire nôtre tout cela, année après année, et notamment Avent après Avent et même à chaque eucharistie. Notre chance c’est que petit à petit ça prenne chair en nous, que ça prenne sens, que ça s’incarne au cœur de ce que nous vivons et de notre foi, pour que nous puissions le vivre dans l’aujourd’hui de notre vie à chacun.
Oui, le vivre vraiment, c’est-à-dire accueillir le Christ, Dieu qui vient, accueillir le mystère de sa Présence qui vient offrir et révéler le salut, ce salut qui est la paix promise, cette paix intérieure dont nous avons tous tant besoin, cette paix dont notre monde aussi a bien besoin, une paix intérieure qui nous rendra plus à l’écoute et plus attentifs à celles et ceux qui peinent et qui souffrent, une paix intérieure qui nous rendra plus à l’écoute et plus attentifs à toute situation d’injustice. Et là, à notre mesure, à l’écoute des appels de Dieu et avec la force de l’Esprit Saint, là nous pourrons faire œuvre de salut, et là Dieu, par nos mains et par nos voix, pourra faire œuvre de salut tel le berger pour ses agneaux, comme disait Isaïe…
Oui, il vient, il veut venir et revenir. Et il reviendra – à la fin des temps.
Mais entendons bien – et je le redis – : sa venue en Jésus Christ était l’accomplissement des promesses à Israël. Et si Dieu a tenu promesse alors il tient et tiendra encore promesses ; lui qui en Jésus – Jésus qui est sa Parole – a promis sa Présence pour tout-jours avec nous ; lui, Dieu le Père, qui nous promet à nous aussi la résurrection et le salut, si nous voulons bien en être ; et lui encore qui, par Jésus, a promis le don de l’Esprit Saint à qui le lui demanderait.
Dieu peut tenir et tiendra promesses, car il l’a déjà fait. Nous pouvons lui faire confiance. Mettons notre foi en lui.
Et pour cela, entendons Jean-Baptiste qui nous appelle à nous donner les moyens d’entrer dans cette confiance-là. Faisons notamment du temps de l’Avent qui nous reste jusqu’à Noël un temps favorable pour préparer en nous la venue de Dieu.
Demandons-nous par exemple comment est-ce que nous allons écouter la Parole – que ce soit à la messe, ou seul chez nous, ou en frat’ –, comment nous allons écouter la Parole pour y contempler le mystère de cette venue ?
Et comment est-ce que nous allons nous donner les moyens de la prière pour nous tenir en silence devant Celui qui vient et pour « veiller », comme nous y appelait Jésus dans l’évangile de dimanche dernier ?
[Petite page de pub, si vous me permettez : pour ceux qui ne savent pas trop, là spontanément, comment faire pour prier ou pour écouter mieux la Parole, le we prochain y’a la retraite de l’Avent ; on vous en dira plus tout à l’heure aux annonces, mais je vous le dis déjà : profitez-en ! C’est comme pour la proposition de se retrouver en frat’, c’est fait pour vous aider !]
En tout cas l’enjeu de ce temps de l’Avent et donc de ce temps qui vient c’est tout simplement de préparer nos cœurs à se laisser visiter.
Et je crois que c’est ça la conversion dont il est question dans notre évangile. C’est stopper notre marche habituelle pour faire retour vers Dieu et en nous-mêmes, c’est creuser en nous le désir de Dieu et de lui faire place. Et c’est, pour cela, demander l’Esprit Saint, et se laisser plonger avec lui dans l’Amour de Dieu et dans le chemin qui s’ouvrira alors.
Parce que figurez-vous que la conversion ce n’est pas comme on le croit un peu trop vite de l’ordre de notre seule volonté ou à la force de nos bras, non, c’est un don, c’est un don de Dieu à demander et à accueillir. C’est l’acceptation ou le consentement à laisser Dieu nous conduire sur le bon chemin, celui que l’Esprit Saint nous soufflera, celui du Christ et de ses appels qui viennent nous bousculer et nous sortir de nos petits conforts faciles.
Nous sortir… comme le Christ qui est sorti, qui s’est abaissé à hauteur d’hommes, le Christ qui est venu à notre rencontre, en ce monde. Et nous le croyons, nous le célébrons – je le redis une dernière fois – c’est comme il veut aujourd’hui encore venir et naître à nous-mêmes et à ce que nous traversons pour apporter sa lumière et sa paix.
Alors c’est vrai, quel mystère quand même ! Mais quelle joie, déjà – pour moi en tout cas –, quelle joie, déjà, que cette Bonne nouvelle qui nous est offerte et annoncée en cette eucharistie…
Je vais m’arrêter là et je vous propose qu’on prenne quelques instants de silence, si vous le voulez bien, pour laisser tout cela descendre en nous, pour accueillir ce que ça réveille en nous, ce que ça fait remonter. Et tout simplement récoltons cela, entendons-le, pour le déposer auprès du Seigneur dans le silence et la prière. Et là, au cœur de ce qui vient en nous, demandons tout à l’heure au Seigneur sa Présence, demandons-lui que là il vienne aujourd’hui nous rejoindre… Amen.