31 Mars 2021
Mercredi de la Semaine sainte
Is 50,4-9a / Ps 68 (69) / Mt 26,14-25
Judas… Quel mystère quand même que cette trahison qui s’annonce. Quel mystère, car Judas a été choisi par Jésus, appelé, aimé par lui. Si nous il nous arrive de faire des erreurs de discernement, Jésus, lui, n’a quand même pas pu se tromper ! Non…
Jésus était proche de Judas et sans doute Judas l’aimait-il en retour. Malgré tout.
Certes, on le sait bien, et Jésus n’a cessé de le dire, il est venu pour les petits, les pauvres, les malades, et pour les pécheurs, pas pour les justes et les bien-portants. Jusqu’en son cercle proche.
On pourrait croire que la proximité avec Jésus, la vie partagée, convertisse et sanctifie les cœurs, mais nous voyons avec Judas que ce n’est pas si simple. Non pas que Judas n’ait pas voulu se laisser aimer et que la grâce n’ait pas travaillé en lui, mais il y a un mystère du mal qui est plus fort en lui, qui est resté plus fort.
Et Judas qui trahit c’est nous, parfois, nous le savons bien, nous qui pourtant voulons suivre Jésus de près et lui avons donné notre vie. C’est nous parfois, qui pourtant l’aimons tellement et cherchons à le suivre par toute notre vie. Mais nos vies sont traversées par ce mystère du mal, elles sont traversées par le péché, elles sont traversées par les tentations auxquelles, parfois, nous succombons, nos vies sont traversées aussi par des peurs qui nous font perdre pied…
Judas a-t-il pris peur face à l’imminence de la mort de Jésus qui, de toute façon, devenait inéluctable ? Judas a-t-il succombé à la tentation du toujours plus, celle de l’avoir, lui dont on nous disait lundi dans l’évangile qu’il était un voleur et n’hésitait pas à se servir dans la bourse dont Jésus lui avait pourtant laissé la garde (cf. Jn 12,6) ?
Quel mystère, quel beau mystère que Jésus qui nous fait confiance malgré et avec nos fragilités, nos petitesses, Jésus qui savait sans doute tout cela mais qui ose une confiance aimante en Judas, qui peut le faire grandir et progresser. Mais quel mystère que le mal qui nous traverse et celui de notre liberté – qui n’est d’ailleurs pas toujours très libre.
Judas c’est moi, c’est vous. Judas en nous c’est ce que St Paul dira en Rm 7 du combat en nous entre le bien que nous voudrions faire et le mal, le péché, que pourtant nous faisons…
Cela va conduire Jésus à la mort, et Judas aussi, qui ne supportera pas ce qu’il a fait. A-t-il eu peur ? A-t-il succombé au péché à cause de cela ? A-t-il voulu préserver sa vie ? « Qui veut sauver sa vie la perdra », avait pourtant dit Jésus…
Pour l’heure, la trahison est en marche, elle va conduire Jésus à la mort, Jésus qui meurt pour les Judas que nous sommes, Jésus qui nous aime jusque-là.
La trahison est en marche, Jésus avance librement. Il va présenter son dos, comme l’annonçait Isaïe, il ne va pas cacher sa face devant les outrages, Jésus ne va pas se dérober, il ne sauvera pas sa peau.
Puissions-nous le suivre jusque-là et entrer ainsi dans ses promesses de vie, et pour cela offrons-lui bien simplement, mais lucidement et résolument, la part de Judas qui est en nous. Qu’il vienne la transfigurer toujours et encore de son amour sauveur. Il va mourir et ressusciter pour cela. Amen.