Homélie-méditation 12 mars 2021

Vendredi de la 3ème semaine de Carême

Os 14,2-10 / Ps 80 (81) / Mc 12,28b-34

 

Elle est un peu surprenante cette dernière parole de Jésus, qui nous invite à aller plus loin, ce scribe déjà mais nous avec. Que lui manque-t-il donc pour en être de ce Royaume de Dieu ? Il n’est pas loin, dit Jésus. Or ils sont pourtant d’accord sur le cœur du cœur, sur ce qu’il y a à retenir de ce que Jésus a dit et révélé en actes de ce que veut dire vivre à sa suite. Alors que lui manque-t-il ?

Le pas qu’il lui faut faire c’est celui d’y aller. C’est une chose de savoir ce qu’il faut vivre, c’en est une autre de le vivre vraiment. C’est une chose de savoir ce qu’il faut vivre et d’essayer, c’en est une autre d’y arriver et parfois même de le vouloir…

C’est une chose de savoir que nous sommes appelés à aimer, aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes, c’en est une autre que de le mettre en pratique et même que de le vouloir et de le pouvoir en toutes circonstances…

Qu’est-ce qu’aimer ? Et qui sont-ils, qui sont-elles, celles et ceux que nous n’arrivons pas à aimer, que ce soit pour des choses difficiles de nos histoires à chacun, que ce soit aussi dans les petites choses de notre humble quotidien ?

Aimer c’est prendre soin, prendre soin de l’autre et de la part de chemin qu’il a à vivre. Et c’est dans ce prendre soin de l’autre quel qu’il soit qu’aimer et pardonner sont indissociables. Même si l’amour de miséricorde qu’est Dieu lui-même et auquel Jésus nous appelle est plus large que le seul pardon. J’aime citer souvent le pape François qui annonçant l’Année de la miséricorde disait que c’est « l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance ».

Aimer c’est donc prendre soin ; et c’est notre mission. Prendre soin de la présence de Dieu à nos vies et de sa présence en ce monde. Lui faire place et soigner notre relation à lui, et déjà notre désir de lui faire place.

Prendre soin aussi de celles et ceux à qui il me confie et qu’il me confie. C’est tout l’enjeu de nos vies familiales, fraternelles et communautaires.

Prendre soin de l’autre quel qu’il soit en apprenant à ne pas juger, à ne pas enfermer l’autre dans ses actes ou dans ce qu’il me donne à voir de lui, mais à croire en lui, parfois malgré tout, croire qu’en chacun il y a du bon et du beau qui ne demande qu’à grandir, à éclore peut-être, à s’épanouir, pour porter son fruit tel que Dieu et la vie le permettront. C’est tout l’enjeu des chemins de pardon et de réconciliation que nous sommes appelés à vivre.

Et si nous regardons en vérité nos vies à chacun et à chacune, nous voyons bien que nous sommes tellement infidèles à ce double commandement de l’amour, souvent dans les toutes petites choses du quotidien mais qui peuvent prendre tellement de place. Et l’enjeu il est bien de nous précipiter dans la miséricorde du Père, nous laisser guérir par lui, nous laisser sauver, pour apprendre à aimer comme lui.

C’est bien la promesse de vie que nous rappelle le prophète Osée, dans la 1ère lecture : « Voici la réponse du Seigneur : Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai d’un amour gratuit ». Et la conséquence : c’est la vie, la vie à profusion, qui porte du fruit.

L’enjeu pour nous il est de reconnaître que nous avons besoin d’être guéris, que nous avons besoin de la miséricorde du Père, que nous avons besoin de sa force pour aimer qu’est le pardon. Et c’est tout l’enjeu du sacrement du pardon et de la réconciliation que petit à petit beaucoup redécouvrent dans nos paroisses même si ça peut être difficile pour certains…

Car là où il y a un enjeu de libération pour chacun de nous, l’Église et certains confesseurs ont malheureusement ajouté parfois de la culpabilité mortifère, alors même qu’il s’agit dans ce sacrement de sortir de l’enfermement dans lequel on peut se mettre, car la parole libère, notamment parce que le fait de nommer ce qui a besoin de pardon nous permet de le déposer à un Autre.

L’Église, par certains confesseurs, a malheureusement pu rendre ce sacrement difficile pour un certain nombre de personnes. Et je ne sais comment ça nous est facile ou non, selon notre histoire à chacun…

Demandons au Seigneur que beaucoup puissent redécouvrir et expérimenter la joie libérante qu’il y a à recevoir de Dieu la force de son pardon et combien la paix du cœur peut nous y être offerte. Que beaucoup puissent ainsi redécouvrir et expérimenter combien des chemins de réconciliation peuvent alors se vivre, petit à petit, et que c’est vraiment, c’est déjà, résurrection.

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