Homélie 11 mars 2021 | mi-Carême

Jeudi de la 3ème semaine de Carême

Jr 7,23-28 / Ps 94 (95) / Lc 11,14-23

 

Pour mettre Jésus à l’épreuve, certains, nous dit-on, « cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel ». Autour de nous, aujourd’hui, pour les foules de notre monde, si on demande un signe c’est parfois plus pour croire en Dieu, pour oser croire que c’est vrai, qu’il existe. Quand toutefois on se pose encore la question…

Je me dis souvent que notre monde qui oublie Dieu n’a parfois plus beaucoup d’autre signe que vous, mes sœurs, vous c’est-à-dire tous les consacrés, celles et ceux dont la vie interpelle encore – on dit que les monastères attirent –, celles et ceux dont la vie interpelle encore car ils ont tout laissé pour se donner par amour et vivre dans l’écoute du silence, au nom d’un Dieu que l’on cherche et qui est présence cachée.

Pas beaucoup d’autre signe, je crois. Et pour nous, pour nous qui croyons ? Jésus dira qu’il n’y pas d’autre signe que celui de Jonas, Jonas qui n’est autre qu’une annonce du Christ lui-même, Jonas le prophète qui annonce la Parole même de Dieu qui est venu et qui nous assure de sa présence pour toujours.

Pas d’autre signe, du coup, que celui de la Parole ? Un signe non pas à voir mais à entendre ? Et qui appelle donc notre écoute, comme nous le rappelait ce matin encore la 1ère lecture ? Jérémie qui nous invite à écouter la voix du Seigneur pour suivre ses chemins et trouver là le bonheur.

Sauf que le peuple n’a pas écouté, nous dit le prophète. Comme notre monde qui n’écoute plus guère puisqu’il ne croit pas ou si peu. Le peuple n’a pas écouté et il se laisse aller, il se laisse prendre, par ses penchants mauvais et se détourne de Dieu. Comme notre monde et ses foules qu’il nous faut porter dans la prière…

Ceci dit, nous, ici, ce matin, où en sommes-nous ? Nous sommes à la mi-Carême, et nous venons de réentendre en verset d’acclamation de l’évangile l’appel qui nous avait été adressé pour entrer en marche vers Pâques : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2,12) nous disait alors le Seigneur par la voix du prophète Joël. Revenir à lui par le jeûne, la prière et l’aumône, et par la réconciliation – comme nous y invitait la liturgie des cendres.

Alors oui, en cette mi-carême, où en sommes-nous ? Quels étaient nos efforts envisagés qui sont d’ailleurs à vivre plutôt comme des demandes de grâce, car la conversion ce n’est pas d’abord le fruit de notre volonté et de nos efforts mais c’est bien plutôt l’œuvre de la grâce en nous, le travail de Dieu en nous, auquel il nous faut nous disposer, certes, mais qu’il faut surtout et d’abord lui demander.

Demandons-lui la grâce de l’écoute ; l’écoute de sa Parole, l’écoute dans le silence, l’écoute des cris du monde…

Demandons aussi la grâce d’entendre, d’entendre vraiment ; d’entendre les appels du monde, d’entendre comment y répondre dans le réel de notre vie ; entendre aussi les appels en soi, personnels et communautaires, pour discerner avec le Seigneur où il veut me conduire et nous conduire, mais également pour discerner avec lui ce qui aujourd’hui me détourne de lui et de l’appel à l’aimer et à aimer très concrètement celles et ceux qu’il me donne comme frères et sœurs.

Demander alors la grâce de la réponse et donc, aussi, celle du repentir sincère. Car Jésus le dira au soir du dernier repas, après le lavement des pieds : « C’est à l’amour que [nous aurons] les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que [nous sommes] ses disciples » (Jn 13,35).

Le Seigneur veut nous accompagner sur ce chemin, être notre allié dans ce combat de tous les jours. Il est notre libérateur, notre sauveur. Alors demandons-lui dans cette eucharistie qu’il nous éclaire et nous guide sur les chemins très concrets de réconciliation que nous avons à vivre en ce temps de carême, ces chemins de réconciliation que nous avons à vivre avec le Père mais aussi entre nous, en réponse à ses appels, en réponse à sa Parole.

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