Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger

 

Martin Steffens signe là un livre que j'ai trouvé fort nourrissant pour la vie spirituelle, au style dynamique et plutôt facile à lire, même si c’est parfois un peu déroutant car on nous invite à faire des pas de côtés pour avancer.

Cet essai est sous-titré : Eloge du combat spirituel, ce combat en nous entre le mal qui nous traverse et que nous faisons et le désir de faire le bien et que la vie nous sourit, la soif de vivre et que notre vie et ce qui nous arrive ait du sens. Le constat que nous faisons c'est que ça tiraille en nous, que nous chutons et rechutons, que nous n'y arrivons pas, que parfois nous nous décourageons de la vie et de ce qui nous tombe dessus ou de ce que nous n'arrivons pas à faire mieux, et parfois même nous désespérons... de nous-mêmes… ou de la vie… et de Dieu…

Comment combattre le mal que l'on porte en soi ? Comment vaincre ce mal qui nous traverse ? Si le propos de l'auteur est surtout sur cette part d'ombre qui nous habite, le mal que nous ne voudrions pas faire mais que l'on fait quand même – ce que j'ai envie d'appeler le mal commis – ça marche aussi de nos chutes et rechutes de ce mal qui nous cloue au sol qu'est celui de la maladie et de la souffrance [*].

Alors comment combattre le mal ? Les deux mots qui me viennent en fermant ce livre : y consentir (et donc l'affronter, le regarder en face) et l'offrir (sans faux-semblants : oui c'est là, ça fait partie de ma vie, et c'est un lieu en moi-même et de moi-même où la vie et Dieu se révèlent et par lequel se creuse en nous un chemin). La vie est de l'ordre de ce combat spirituel, car j'aspire à la vie, justement, à une vie qui trouve son sens...

Il est question en ces pages, vous l'aurez compris, de péché et de salut, de miséricorde de Dieu, de foi en la vie et du mal qui pourtant nous habite, de communion aussi car combattre c'est se battre ensemble. Et il est question d'action de grâce en ce que la vie nous donne et nous donnera, une victoire que nous savons déjà acquise dans le Christ – c'est la foi chrétienne –, mais qui reste tout-jours à accueillir, à recueillir, à demander, et pour laquelle se battre, ensemble, au fil des jours ; car il n'y a pas de victoire sur le mal sans les petites victoires quotidiennes, contre le découragement, la peur, la désespérance. Et nous avons besoin pour cela de la force de Dieu, cette force qu'est sa promesse de salut, et de nous y aider les uns les autres : faire corps contre le mal.

Accepter notre part d'ombre – et celle de ce qui nous tombe dessus – c'est déjà avoir prise sur elle ; et reconnaître que nous n'y arrivons pas, que c'est trop dur, que nous chutons et rechutons, c'est apprendre à consentir à se laisser aider, se laisser sauver... et c'est alors déjà gagné...

--------------

Martin Steffens, Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger. Eloge du combat spirituel, Points, coll. Vivre, octobre 2016, 184 pages, 10€.

Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger

[*] À propos des épreuves de nos vies, celles de la souffrance et de la maladie notamment, on pourra lire cet autre livre de Martin Steffens : La vie en bleu qui est plus philo que livre strictement spi mais qui est bien intéressant aussi.

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :