14 Décembre 2021
Mardi 14 décembre 2021 [Carmel ND de Surieu]
St Jean de la Croix [solennité au Carmel]
Is 43 1-3a.4-5 / Ps 138 (139) / Rm 8,14-18.28-30 / Jn 17,11b.17-26
Je ne me risquerai pas, mes sœurs, à oser vous parler de Jean de la Croix, en écho à ces lectures propres à sa fête.
Par contre, avec lui, ou grâce à lui, je note que ces textes qu’on vient d’entendre prennent une résonnance toute particulière en ce temps de l’Avent qui nous oriente vers la lumière qui vient au cœur de la nuit.
J’ai été frappé par une similitude entre la 1ère et la 2ème lectures : dans chacun de ces textes il est question de souffrance ou de traversée et là, au cœur de cela, une promesse, une promesse de vie que le Seigneur nous fait.
Avec Isaïe, dans la 1ère lecture, Dieu nous promet qu’il est là, qu’il sera là, au cœur de ce que nous avons à traverser. C’est cet appel scandé à deux reprises : « Ne crains pas », un appel qui est accompagné d’une affirmation telle une déclaration d’amour : « tu as du prix à mes yeux (…) et (…) je t’aime. »
C’est à nous que le Seigneur veut dire ces mots ce matin pour relancer notre marche à sa suite, dans ce « Je t’aime » un jour prononcé, de lui à nous et de nous à lui. Ce « Je t’aime » qui fonde votre vie à chacune, ici au carmel.
Dans la 2ème lecture, il y a cette mention de la souffrance qui revient explicitement à plusieurs reprises, et l’appel à la vivre avec le Christ, héritiers avec lui des promesses du Père, c’est-à-dire promis au même don qu’il a fait au Fils unique, c’est-à-dire, promis à la résurrection et à la Gloire, au nom même de l’amour sauveur du Père, cet Amour qui un jour nous a saisi et qui guide notre marche quotidienne.
C’est l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et qu’il nous faut donc accueillir et demander pour nous laisser conduire. Nous laisser conduire jusque dans les nuits de toute vie, qu’elles soient de l’ordre d’une nuit obscure de la foi ou d’un Amour qui semble se cacher, qu’elles soient de l’ordre de la désespérance qui habite tant de cœurs en ce monde, qu’elles soient encore de l’ordre des épreuves de nos vies, ces traversées qui nous semblent parfois des torrents infranchissables – comme disait Isaïe…
Entendons avec force ce que St Paul nous dit là, ce qu’il nous dit comme promesse de vie : « quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour » …
Quand on aime Dieu, lui-même fait tout contribuer à notre bien. Au nom même de son Amour.
Voilà la promesse qui peut et qui doit devenir notre moteur de vie pour continuer la route des jours. Voilà cette promesse que Dieu veut nous faire et qui peut devenir moteur de confiance et d’espérance, quoi que nous ayons à traverser.
Car Dieu tient promesses. C’est ce que nous fêterons à Noël. Et au cœur de toute nuit, une lumière vient, une lumière va poindre, imperceptible parfois, telle une petite étoile nouvelle dans le ciel d’une nuit obscure mais que nos yeux pourtant peuvent voir et qu’il nous faut alors fixer pour avancer et nous laisser guider, tels les mages de l’Évangile. Car ainsi va s’ouvrir pour nous un chemin. Celui de la Gloire du Père, son Amour pour tout-jours – c’est-à-dire pour toujours, oui, et pour chaque jour.
Un des enjeux sur ce chemin de vie, vous le savez bien mes sœurs, c’est non seulement d’écouter le Christ en sa Parole, puisqu’il est la Parole unique du Père à nous adressée, mais c’est aussi de nous soutenir les uns les autres, comme nous le rappelle l’évangile de ce jour avec cet appel à demeurer dans l’unité et la communion. Cet appel qui est prière du Christ à son Père. Cet appel qu’est cet unique commandement que le Fils, Verbe éternel de Dieu, nous a laissé : nous aimer les uns les autres comme lui-même nous a aimés.
Il s’agira déjà de demander la grâce de cette unité, et de la puiser en Dieu lui-même. La puiser à la double source de l’eucharistie et de l’oraison, à l’écoute aussi de la Parole qui nous enfante à la vie de Dieu, et au Souffle de l’Esprit Saint. Car c’est lui qui fait l’unité entre le Père et le Fils, il est ce lien l’amour qui nous est promis et qui déjà saisi nos cœurs.
Alors demandons l’Esprit de Dieu. Invoquons-le, accueillons-le, n’ayons pas peur de le mendier jour après jour, qu’il nous façonne en désir de la Gloire du Père, qu’il nous donne de nous tourner avec confiance, tout-jours, vers le Père, sur notre chemin de vie à la suite du Christ et avec lui, le Christ.
Il est venu, il vient et déjà il se fait proche même, dans la nuit qui parfois nous aveugle. Alors écoutons-le dans le silence de nos cœurs, entendons jour après jour – et ce jour encore – que déjà il murmure en nous sa Présence et son amour. Car il se donne, aujourd’hui encore ; il se donne pour nous et pour traverser avec nous toute nuit, jusqu’en sa lumière.