23 Juillet 2022
Samedi 23 juillet 2022
Tb 8,4b-8 / Ps 144 / 1Co 13,1-13 / Jn 2,1-11
Cet après-midi nous sommes un peu dans la même situation que les époux de Cana – dont vous aurez peut-être d’ailleurs remarqué qu’on n’en parle pas ! drôle de mariage quand même !
Nous sommes dans la même situation car vous avez décidé, Côme et Blandine, de convier Jésus à vos noces. Parce que vous avez foi en lui, en sa présence et en son amour. Et en cela vous êtes déjà témoins de ce que nous célébrons : Dieu qui aime et qui appelle à aimer.
En cela, pour le dire autrement, votre invitation à nous rassembler avec vous aujourd’hui c’est déjà sacrement, signe et moyen par lequel Dieu veut se dire et donc nous dire quelque chose.
Vous avez décidé d’associer Dieu a votre chemin de vie car il en fait déjà partie. On peut même dire que c’est grâce à lui que vous vous connaissez. Et vous voilà comme Tobie et Sara dans la 1ère lecture, Tobie et Sara qui se tournent vers Dieu pour le prier.
Nous comme vous, Côme et Blandine, que voulons-nous lui demander cet après-midi ? Sa présence, à ce chemin de vie qui s’ouvre. Sa force, aussi, pour ce qu’il y aura à traverser. Et sa lumière, pour voir avec lui, au fil des jours et des années, à quoi la vie vous appellera l’un l’autre et ensemble, notamment dans cet engagement à vous aimer que vous allez prononcer dans quelques instants. Cet engagement à vous aimer pour toute votre vie.
Sauf que c’est quoi aimer, ça veut dire quoi s’engager à s’aimer et à aimer ?
La plupart d’entre nous le savent, Jésus dira un jour à ses disciples qu’il n’y a qu’un commandement à vivre pour le suivre et faire la volonté du Père. Et là est le chemin du bonheur que Dieu nous propose. Un commandement qui en fait est double : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. St Matthieu dans son évangile dit même : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même « c’est semblable », c’est la même chose (cf. Mt 22,36-40).
Je ne peux aimer Dieu, que mes yeux ne voient pas, sans aimer concrètement celles et ceux qui sont là à mes côtés ou que la vie me donnera de rencontrer. Et je suis appelé à les aimer comme Dieu aime. C’est ce que dira Jésus dans l’évangile de Jean : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).
Peut-être même qu’on peut aller plus loin et oser affirmer que Dieu n’a pas d’autre moyen pour aimer concrètement les uns et les autres que celles et ceux qu’il va placer sur leur route pour les aimer en actes.
En ce sens le mariage est bien un sacrement. Un signe qui dit de façon toute particulière l’amour de Dieu et ce moyen qu’il nous donne par lequel il veut révéler cet amour et se révéler...
Dieu vous aime, Côme et Blandine, et pour vous le manifester il vous appelle à vous donner l’un à l’autre. A être l’un pour l’autre les mains de Dieu qui vont prendre soin et panser les blessures. Et être l’un pour l’autre la voix de Dieu qui va réconforter et consoler, pardonner, qui va mettre en mots aussi ce que l’on pressent de ce que l’on devrait vivre pour discerner ensemble et poser des choix.
C’est l’appel qui vous est fait et que vous choisissez de vivre. L’appel auquel vous consentez librement à répondre, car l’amour vous a saisi et vous croyez que Dieu là vous accompagne, que Dieu là vous attend, que Dieu là se révèle à vous.
Mystère de l’amour, le vôtre mais tout autant et plus encore celui de Dieu dont vous êtes pour nous témoins aujourd’hui.
Alors non seulement, cet après-midi, nous pouvons prier Dieu avec vous et pour vous, pour ce chemin de vie, mais nous pouvons aussi et déjà rendre grâce, comme Tobie et Sara, nous pouvons rendre grâce pour ce que Dieu fait en vos vies, et pour ce qu’il permet et permettra par vos vies et par le témoignage de foi que vous êtes déjà pour nous, à votre mesure.
Sur ce chemin – qui est même une aventure –, sur ce chemin sur lequel le Christ vous promet sa présence, il y aura parfois des épreuves, des questions, des doutes peut-être. Parfois la fête va manquer de couper court comme ce jour là à Cana. Le vin de la joie viendra peut-être à manquer – et la joie plus que le vin, d’ailleurs, car elle ne s’achète pas. N’oubliez pas alors que Dieu s’engage avec vous. N’oubliez pas que l’Église aussi est là à vos côtés, l’Église que nous sommes par notre présence avec vous, notre présence qui nous engage, chacun à notre mesure évidemment, mais réellement, car nous avons fait le choix libre de venir vous entourer.
Quand ce sera plus difficile, n’oubliez pas ce que Marie nous dit aujourd’hui dans cet évangile que vous avez choisi : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et donc mettez-vous tout-jours plus résolument à l’écoute du Christ, chacun déjà, et ensemble, comme Tobie et Sara, pour que votre amour trouve ses chemins de vie dans le réel concret de ce qu’il vous faudra traverser et de ce que Dieu permettra et vous soufflera
Et comme le Christ nous y appelle dans l’évangile de Matthieu au chapitre 18 mettez en mots ce qui vous traverse, ce qui vous fait mal peut-être, ce qui vous empêche d’avancer, ce qui vous fait douter peut-être de vous ou de l’autre ou de la vie. Et si l’autre a du mal à entendre ou à comprendre, faites appel à une oreille autre qui vous donne d’entendre ce qui se joue là pour vous et entre vous.
Le Christ s’est fait Parole, pour que l’amour puisse se dire et se révéler. Il s’est fait Parole pour que la vie puisse se donner et trouver là sa fécondité, et même être re-suscitée quand le mal et la mort semblent prendre le dessus.
C’est notre foi, c’est notre espérance, rien n’est sans issue avec Dieu. Pas de façon magique ou miraculeuse, non, ne soyons pas dans je ne sais quelle naïveté utopique ou idéaliste et rêvée. Pas de façon magique car Dieu ne fonctionne pas ainsi avec nous, du moins pas de façon ordinaire. Mais rien n’est sans issue quand même, avec lui, dans l’écoute de ce qu’il soufflera en nous, dans l’acceptation de la mise en mots et des pardons à vivre, dans l’acceptation aussi de l’aide des uns et des autres vers qu’il il nous faudra consentir à nous tourner.
Et là, c’est notre foi, c’est notre espérance, la vie peut être re-suscitée, là nous ferons l’expérience de la vie plus forte que tout mal et que toute mort, malgré tout, au-delà des apparences immédiates.
« Faites tout ce qu’il vous dira » dit Marie à Cana. Et ce qu’il y a à faire c’est aimer. Décider d’aimer quoi qu’il arrive. Vouloir aimer. Et s’en donner les moyens. Aimer Dieu et aimer l’autre. Aimer, c’est-à-dire prendre soin de l’autre et de son chemin de vie. Et donc prendre soin de la présence de Dieu en notre vie pour trouver avec lui comment prendre mutuellement soin l’un de l’autre, comment s’abaisser à hauteur de l’autre, à son écoute, pour nous laisser relever et nous laisser ré-envoyer sur le chemin sur lequel Dieu nous a mis.
Aimer ainsi appelle tout ce que nous avons entendu dans la 2ème lecture. Et notamment la patience qui est fruit de l’Esprit Saint, un don de Dieu qu’il nous faut donc lui demander. Aimer ainsi demande également de ne pas s’enfler d’orgueil, c’est-à-dire de grandir en humilité qui est abaissement devant l’autre et le mystère de ce qu’il vit et de ce qu’il est.
Cela suppose de vouloir servir l’autre dans ce qu’il est et ce qu’il a à vivre. Mutuellement d’ailleurs car personne n’est au-dessus de l’autre. Et cela supposera encore de ne pas céder à l’emportement de la colère ni à la rancune qu’on risque parfois d’entretenir, ce qui veut dire se donner les moyens du pardon et de la réconciliation.
Tout cela ça vaut entre vous, évidemment, Côme et Blandine, mais plus largement aussi dans toutes nos relations. Et là vous êtes donnés l’un à l’autre pour vous y aider, vous soutenir, vous donner les moyens de discerner comment être témoins de cet amour autour de vous, cet amour auquel nous sommes tous appelés et qui lui seul donne sens à ce qui fait notre vie à chacun…
… Ce jour-là, à Cana, ils firent tout ce que Jésus leur commanda. Tout ce qu’il leur proposa. Et la fête eut goût d’éternité. Puisse-t-il en être ainsi pour vous, Côme et Blandine. Puissiez-vous en être témoins, à votre mesure, témoins en actes pour celles et ceux que Dieu et la vie vous confieront, vos enfants à venir comme celles et ceux que votre route croisera…
… Je ne sais comment les uns et les autres vous recevez tout cela, je propose qu’on prenne quelques instants de silence, là, maintenant, pour laisser résonner en nous tout qu’on vient d’entendre et pour accueillir ce que ça vient peut-être réveiller ou éveiller du réel concret de notre vie à chacun. Recueillons-le bien simplement. Écoutons-le. Et pour celles et ceux d’entre nous qui sommes chrétiens et croyants déposons-le auprès du Seigneur, dans le silence de nos cœurs. C’est notre prière, notre prière en réponse à sa Parole.
Et si Dieu veut, si Dieu le permet, qu’il nous soit même donné de goûter un peu à la paix et à la joie de sa Présence et de son amour. Amen.