Homélie lundi 26 décembre 2022

Homélie lundi 26 décembre 2022

Saint Etienne, fête

[Carmel ND de Surieu]

Ac 6,8-10 ; 7,54-60 / Ps 30 / Mt 10,17-22


Avec la violence de ce qu’on vient d’entendre on est loin de l’ambiance paisible de la crèche ! Mais en méditant ces textes, ce matin, et cette figure de St Etienne, je me disais qu’il y a quelque chose d’intéressant et d’appelant, je trouve, à ce que nous fêtions St Etienne au lendemain de Noël – St Etienne, « diacre » et premier martyr de l’Église.

C’est intéressant parce qu’on pourrait vouloir rester un peu spontanément dans une contemplation béate du mystère que nous avons célébré hier et s’y blottir, nous y tenir bien tranquilles. Eh bien non ! Il nous faut déjà entendre l’appel à nous donner, à la suite du Christ. Parce que ce mystère que nous fêtons, le mystère de l’incarnation, ça nous engage, ça nous appelle, c’est à vivre !

Notre vie, notre foi, elle doit être incarnée, engagée. C’est notre condition de disciples du Christ appelés à l’annoncer et à continuer à annoncer son œuvre de salut.

Non pas qu’il ne faille pas contempler le mystère – et j’étais frappé dans la 1ère lecture d’Etienne qui garde les yeux tournés vers le Ciel et qui peut dire « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Mais en même temps il donne de sa personne pour que le Christ soit annoncé. Jusqu’au don de sa vie.

L’incarnation ça nous engage. Notre vie à nous aussi doit être incarnée, les yeux tournés vers le Ciel, oui, mais avec les pieds bien ancrés au sol qui déjà se remettent en marche et qui vont annoncer l’Évangile en paroles et en actes.

La conviction qui découle de cela et qui m’habite de plus en plus c’est que notre Église, pour être missionnaire – c’est son identité, sa nature même –, si elle veut que ce soit crédible, elle doit être diaconale, dans une annonce qui se fasse service du frère et de l’autre, et notamment les petits, les pauvres, les malades et les pécheurs. Il n’est pas venu pour les justes ni pour les bien-portants… Il s’agit de vivre concrètement ce que nous contemplons du Christ et ce que nous annonçons.

Et qui dit Église diaconale dit aussi, je le crois, une Église de la miséricorde. Il en va de la vérité de l’annonce et de sa crédibilité.

Une Église de la miséricorde ça veut dire une Église qui se fait proche, à la suite du Christ, et qui vit la consolation et le pardon, une Église qui accueille et qui panse les plaies, quels que soient les méandres de l’histoire et du chemin de celui que nous rencontrons. Pour le dire autrement : une Église du Samaritain (cf. Lc 10,25-37) et du Lavement des pied (cf. Jn 13,1-17).

La question qui me venait avec tout cela c’est celle de savoir si nous sommes prêts à donner notre vie jusque-là et pour de vrai… à tous les niveaux de la vie de l’Église…

Et concrètement, pour vous, mes sœurs, je ne sais pas forcément comment cela peut ou doit s’incarner. Votre vie donnée dans le silence et la prière nous rappelle que toute notre vie ecclésiale – et donc missionnaire – doit s’ancrer dans l’écoute de la Parole et la rencontre de Dieu, d’abord. Mais quand même, cela devra toujours s’incarner dans le concret, même dans un carmel et même pour un carmel, déjà dans l’accueil de celui qui vient frapper à la porte, déjà aussi dans la vie fraternelle entre vous, évidemment, dans le souci bien concret des unes et des autres ; mais encore dans l’écoute des cris du monde, pour les porter dans la prière… Après, pour le reste, je vous laisse méditer, discerner, et l’incarner avec ce que vous êtes…

Je termine en vous partageant ces mots que reçoit le nouveau diacre au jour de son ordination quand l’évêque lui remet l’évangéliaire – ça nous concerne tous, en fait. Il lui dit – je cite de mémoire – : « Attache toi à croire ce que tu auras proclamé, à annoncer ce que tu auras cru, et à vivre ce que tu auras annoncé » …

Si on transpose pour nous tous on pourrait dire : attache-toi à croire ce que tu auras écouté, entendu et prié du Christ et de sa Parole… Attache-toi alors à l’annoncer – annoncer ce que tu auras cru, pas des vérités toutes faites mais ce que la Parole sera venu bousculer en toi et ce qu’elle sera venu nourrir de ta foi. Attache-toi alors à le vivre, concrètement et pour de vrai.

Et comme disait frère Roger de Taizé – là encore je cite de mémoire – : le petit peu de l’évangile que tu as déjà compris, le petit peu de la foi que tu as déjà reçu, tu peux déjà en vivre.

Attache-toi à croire ce que tu auras proclamé ou entendu, à annoncer ce que tu crois, et à vivre ce que tu annonces… Amen.

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