Homélie Noël 2022

Homélie Noël 2022

Dimanche 25 décembre 2022 - Messe du Jour de Noël

[Carmel ND de Surieu]

Is 52,7-10 / Ps 97 (98) / He 1,1-6 / Jn 1,1-18

 

Avec ces lectures, et notamment avec cette page d’Évangile, nous sommes conduits au cœur et aux profondeurs du mystère de Noël et de ce que nous fêtons et célébrons en ce jour. Non pas tant la naissance de Jésus, en fait, que sa venue et plus encore son incarnation et même le mystère de qui il est vraiment.

Et de fait quel mystère que ce que nous venons d’entendre ! Et en même temps quelle nouvelle étonnante et bonne que nous célébrons ce jour ! Dieu qui se fait homme, le Verbe éternel de Dieu qui se fait chair – « os de nos os et chair de notre chair », aurait pu dire Adam (cf. Gn 2,23) – ; Dieu qui se fait l’un de nous pour épouser notre condition humaine, la revêtir de l’intérieur, et nous conduire au Père en sa divinité qu’il voudrait partager avec nous…

Voilà le mystère de Celui que nous avons veillé et attendu tout au long de ces semaines, voilà le mystère de Celui que nous apprenons à connaître et à suivre au fil des semaines, des mois et des années, lui le Christ Jésus, le Verbe éternel du Père qui tout-jours – chaque jour – nous attend et nous précède, et qui veut jour après jour nous parler, Parole éternelle du Père, de toute éternité et donc pour toujours, c’est-à-dire pour chaque jour et tous les jours.

Mais saurons-nous entendre ? Car n’est-ce pas la condition ou la question pour que sa venue change quelque chose à l’ordinaire de nos jours, que ça change quelque chose aussi pour ce monde qui plus de 2000 ans après est toujours traversé et ravagé par la violence des hommes, ce monde qui plus de 2000 ans après est toujours empreint de ténèbres qui pourraient nous faire désespérer parfois de Dieu et de son projet de salut pour nous et pour toute sa création ?

Saurons-nous entendre, oui, saurons-nous entendre ce Dieu qui vient encore à nous et qui veut aujourd’hui encore parler à nos cœurs, ce Dieu qui veut même nous parler au cœur de ce qu’il vient et veut sauver ?

Entendre, ok, mais comment ? et peut-être : entendre quoi d’ailleurs ?

Si « le Verbe s’est fait chair », n’y-at-il pas à entendre ce qui fait notre humanité profonde jusqu’en ses cris, ses fragilités, ses pauvretés et son péché ? N’y-a-t-il pas à entendre tout cela pour apprendre à le présenter à Dieu et pour y discerner Dieu qui, là, veut nous rejoindre chacun et même se révéler à nous ?

N’y-a-t-il pas aussi à apprendre à entendre les germes d’espérance et de vie qui se murmurent parfois de façon quasi imperceptible au cœur de nos traversées et des soubresauts du monde ? Et là encore présenter cela au Seigneur pour qu’il vienne nous éclairer et pour qu’il nous donne d’entendre comment répondre peut-être aux appels du monde et devenir ensemble et à notre petite mesure sa présence qui osera annoncer un salut, en paroles et en actes ?

Saurons-nous entendre ce que Dieu entend de nos vies et de ce monde, et là, au cœur de ce réel-là de ce que nous avons à traverser, saurons-nous entendre et écouter sa Parole par laquelle il veut se faire connaître, sa Parole par laquelle il se révèle et veut nous conduire, sa Parole qui parfois se fera aussi murmure en nos cœurs, intuition, présence silencieuse qui se dit et qui dessinera peut-être un chemin de réponse à un appel pressenti de l’Évangile ?

Car c’est au cœur de tout cela que Dieu veut se dire et manifester son salut, ce Dieu qui prend chair en notre humanité pour nous révéler qu’il vient marcher avec nous et qu’il peut porter avec nous les joies et les peines des jours, et qu’il va le faire pour de vrai. Et qu’au cœur de tout cela il veut en plus nous éclairer d’une présence et d’un amour qui nous donneront d’avancer et de grandir en espérance.

Oui, « le Verbe s’est fait chair », avons-nous entendu dans l’évangile. Et il est « la vraie lumière », cette lumière que les ténèbres ne peuvent arrêter, avons-nous aussi entendu. C’est bien ce que nous révèlera plus encore le mystère de la résurrection, et c’est déjà promesse de vie et de salut, promesse d’espérance pour aujourd’hui – pour l’aujourd’hui de notre vie bien concrète à chacun.

Alors je repose ma question : saurons-nous entendre cela, saurons-nous entendre cette Bonne nouvelle, saurons-nous l’entendre pour de vrai, c’est-à-dire y croire, y croire dans le réel concret de ce que nous traversons peut-être et dans le réel concret de nos possibles découragements, parfois, face aux conflits de toutes sortes et face aux crises en tous genres auxquels nous sommes confrontés ? Saurons-nous y croire pour de vrai que « le Verbe s’est fait chair » et que ça change pour de vrai quelque chose pour nos vies ?

Viens Seigneur Jésus, avons-nous chanté pendant tout le temps de l’Avent. Alors réjouissons-nous, entrons avec toute l’Église dans la joie que proclamait la 1ère lecture, cette joie du sauveur qui vient. Car il est venu, oui, et il vient aujourd’hui encore, et il reviendra. C’est notre foi. Et si nous fêtons en ces jours Dieu qui a tenu ses promesses faites à Israël – celles de la venue du Messie –, alors croyons qu’il tiendra promesse pour nous aujourd’hui, celle de sa présence avec nous pour tout-jours, celle de son salut, celle de sa résurrection, la vie qui avec Lui est plus forte que tout mal et que toute mort...

Oui, avec le prophète Isaïe dans la 1ère lecture et avec toute l’Église, éclatons en cris de joie et contemplons le salut qui vient, le salut qui est là, le Christ Jésus que nous fêtons en sa venue.

Et pour cela écoutons-le ! Écoutons-le en sa Parole, au fil des jours et des semaines, écoutons-le aussi dans les appels du monde, et écoutons-le dans le murmure de sa présence en nous – dans le silence de la prière. Et là, demandons-lui qu’il nous éclaire, demandons-lui qu’il nous éclaire en ce qui est ténèbres en nos vies et autour de nous ; et qu’en l’accueillant, lui le Christ Jésus – et en l’accueillant en cette eucharistie déjà – la paix nous soit donnée, sa paix, sa paix promise. Qu’elle nous soit donnée dès aujourd’hui et dans les jours qui viendront. Pour tout-jours. Amen.

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