Homélie Ascension 2023

Jeudi 18 mai 2023

Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 / Ps 46 (47) / Ep 1,17-23 / Mt 28,16-20

 

Je crois que ce que vient de dire Jésus ça a le mérite d’être clair, non ? Il nous appelle à faire des disciples et pour cela il nous appelle non seulement à baptiser mais aussi à enseigner et observer ses commandements, c’est-à-dire la Bonne nouvelle de son Évangile et ce qui en fait le cœur : l’appel à aimer et à nous aimer comme lui, le Christ, nous a aimés (cf. Jn 15,12), l’appel à devenir miséricordieux comme le Père est miséricordieux (cf. Lc 6,36).

Je crois que c’est assez clair. La question ce sera comment on fait ?! Chacun selon notre vocation et nos charismes propres, mais chacun, oui. Car si l’appel est ici adressé aux Onze, c’est bien, par eux, à toute l’Église. Toute l’Église qui est le Corps du Christ – comme on nous l’a rappelé dans la 2ème lecture.

En vous disant cela je pense à TLAC, ici à la paroisse, le parcours « Tenter l’aventure chrétienne » pour permettre à celles et ceux autour de nous ou parmi nous qui ne sont pas baptisés ou qui n’ont pas fait leur 1ère communion ou pas encore célébré le sacrement de la confirmation, leur permettre d’avancer sur ce chemin avec le Christ. Je pense à TLAC parce qu’on ne mesure pas l’importance que ça a dans la paroisse. Ce n’est pas que l’affaire de quelques-uns, et notamment les prêtres ou les quelques jeunes qu’on a appelés pour animer le groupe, non ; TLAC ça représente une centaine de jeunes entre ceux qui préparent un des sacrements de l’initiation chrétienne – baptême, 1ère communion et confirmation – et ceux qui les accompagnent, soit dans l’équipe d’animation du parcours soit personnellement – une ou deux personnes par catéchumènes et confirmands, pour cheminer ensemble en développant un lien fraternel et d’amitié, et en partageant bien simplement sur ce que la parcours donne à découvrir de Dieu et de la foi chrétienne…

Pourquoi vous dire ça là maintenant ? Pas tant parce qu’on embauche toujours, mais juste parce que ce temps qui s’ouvre aujourd’hui jusqu’à la Pentecôte c’est le temps pour demander et recevoir l’Esprit Saint. Ou plutôt : pour nous rappeler que l’Esprit Saint est toujours à demander et à recevoir. Pour qu’il soit cette force de Dieu qui inspire notre vie et nous pousse à la suite du Seigneur à vivre ses appels d’Évangile. Cette force promise par Jésus au jour de son Ascension, comme on l’a entendu dans la 1ère lecture.

Et si je vous dis cela maintenant, c’est aussi parce que dans 10 jours, pour la Pentecôte, quelques-uns parmi nous vont justement célébrer leur confirmation, ce sacrement du don de l’Esprit Saint. Et que c’est un appel pour nous tous à nous laisser renouveler par cet Esprit de Dieu, cette force d’en haut que le Christ promet et qui est cette puissance de résurrection qui a relevé Jésus d’entre les morts et qui est force de vie promise pour nous aussi, force d’une vie plus forte que tout mal et que toute mort, avec le Seigneur.

Et ça, nous le pouvons, nous pouvons y croire, grâce à ce que nous avons entendu en finale de notre évangile de ce jour, cette promesse que fait le Christ à se apôtres et donc à toute son Église et donc à chacun de nous : « Et moi, dit le Christ, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »

Est-ce que vous mesurez le poids de cette promesse, le poids de ces mots de Jésus ? Ils nous sont adressés à chacun personnellement aujourd’hui. Entends-les pour toi. Sois assuré que quoi qu’il t’arrive, quoi qu’il puisse se passer dans ta vie, le Christ te promet qu’il est là et qu’il sera toujours là. Tout-jours, c’est-à-dire « chaque jour » et « pour toujours » …

Peut-être que la question que certains se posent c’est de savoir comment il est présent, concrètement ? Et la question se pose d’autant plus que ce qu’on célèbre avec cette fête de l’Ascension c’est que Jésus est monté auprès du Père. Il n’est donc plus là à nos côtés, physiquement, comme ça a pu être le cas avec les apparitions après la résurrection…

Pâques c’était il y a 40 jours. 40 jours pour apprendre à croire que la vie a été plus forte que tout mal et que toute mort, et que cette résurrection de Jésus dont les apparitions sont comme une authentification, cette résurrection nous est promise à nous aussi. Mais pas une sorte de retour corporel à la vie, une sorte de « réincarnation », non, mais la vie autrement, la vie en Dieu, dans le cœur de Dieu, pris dans la dynamique de son amour.

Notre place sera auprès du Père. Voilà ce que nous dit cette fête de l’Ascension, et voilà même le « pour-quoi » de la résurrection. C’est d’ailleurs ce que Jésus avait dit à Marie Madeleine dès la 1ère apparition au matin de Pâques, en tout cas dans l’évangile de Jean – c’est au chapitre 20. Il ne lui a pas dit : « Ne pleure pas, je suis vivant et déjà de retour, la vie est plus forte, rien ne peut nous arriver ! » Non ! Il lui a dit : « Femme, pourquoi pleure-tu ? Qui cherches-tu ? (…) Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (cf. Jn 20,11-18) …

Et si vous allez relire le début du chapitre 14 du même évangile de Jean, vous verrez que Jésus l’avait déjà annoncé à ses disciples et notamment aux apôtres…

En tout cas notre destinée, là où le Christ veut nous conduire, c’est auprès du Père. En sa miséricorde. Éternellement. Pour toujours. Et donc dès ici-bas pour chaque jour. Sa miséricorde, je vous rappelle, c’est l’amour même de Dieu, son amour sauveur, c’est son amour « qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance » (comme dit le pape François), c’est l’amour qui relève, l’amour qui soigne toute blessure, l’amour qui rend pleinement vivant et qui libère de l’emprise de tout mal, l’amour qui nous donnera d’être tels que Dieu nous veut et tels qu’il nous voit, complètement déployés, libérés de tout ce qui nous recroqueville ou nous rabaisse ou nous enferme. Et c’est ça cette résurrection promise, ce salut que nous sommes appelés à vivre dès ici-bas, au nom du Christ qui nous appelle à nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimés (cf. Jn 15,12).

C’est cela que nous avons à annoncer. En paroles et en actes. Et c’est pour cela que nous avons besoin de la force de l’Esprit Saint qui est puissance de vie et de résurrection, l’Esprit Saint qui est la force de vie et d’amour de Dieu lui-même, et que le Christ nous promet. Et qui est cette force par laquelle il est aujourd’hui présent. Autrement – autrement que physiquement – mais réellement. Présent à la fois auprès du Père et en même temps présent à notre vie, au plus intime de nous-mêmes comme par son Église qui est son Corps, son Église que nous sommes si nous vivons au Souffle de son Esprit Saint.

Je disais dimanche dernier au moment des annonces que cette fête de l’Ascension elle est importante et qu’elle est même structurante de notre foi. C’est pour tout ce que je viens d’essayer de vous en dire.

Elle est ce pont entre la vie avec le Christ et maintenant. La vie « historique » avec le Christ qui s’est manifesté à ce monde et qui est ressuscité, qui s’est donné à reconnaître, pour qu’on y croit en ses promesses de vie et de résurrection, et pour qu’on y croit en ce chemin qu’il nous ouvre pour aller au Père et devenir Dieu en lui, avec lui et par lui. Le pont, donc, entre ce réel-historique-là et le réel de ce que nous vivons nous aujourd’hui, en ces temps où nos yeux ne peuvent plus voir le Christ mais qui pourtant est là, autrement. Le Christ que nos yeux ne peuvent voir mais que notre cœur peut pressentir, présent par l’Esprit Saint, cette force d’en haut qui nous est promise et donnée, si nous la lui demandons. Le Christ qui veut répandre sur nous tous, ensemble, et en nos cœurs, cette force de vie et d’amour qui nous donne d’être son Corps visible ici-bas, ensemble, dans la complémentarité de nos états de vie, de nos vocations, de nos charismes et des appels que nous entendrons chacun.

Voilà tout ce que nous célébrons aujourd’hui. Et puisque dans 10 jours nous allons célébrer la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint, alors demandons-le, vivons ces 10 jours qui viennent comme une chance pour nous laisser renouveler dans notre foi… Je vous invite vraiment à prendre le temps chaque jour de demander au Christ que soit envoyé sur vous la force de son Esprit Saint et qu’il vienne vous saisir, qu’il vous donne de croire que le Christ est avec nous pour tout-jours, chaque jour, et qu’il porte avec vous vos joies et vos peines, vos questions et vos cris, et ceux du monde aussi.

Oui, je prie pour que l’Esprit Saint vienne vous saisir et qu’il nous renouvelle chacun, qu’il vienne habiter aussi toute notre communauté, que nous apprenions toujours plus et toujours mieux à être des disciples et des témoins de Dieu et de son salut. Parce que notre monde a besoin de cette Bonne nouvelle, et notre monde a besoin de témoins de l’amour sauveur de Dieu, des témoins en paroles et en actes.

Alors prions. Et prions dès maintenant. Offrons au Seigneur ce que ces mots viennent éveiller en nous, et demandons-lui son Esprit Saint. Amen.

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