13 Mai 2023
Samedi 13 mai 2023
Ez 36,24-28 / Ps 26 / Jn 3,1-8
J’aime beaucoup ces textes qu’on vient d’entendre. Et notamment je suis frappé par cette figure de Nicodème.
Nicodème, le texte nous dit que c’est un notable juif. Et on peut penser qu’il sait vraisemblablement beaucoup de choses sur Dieu et sans doute qu’il connaît très bien les Écritures.
Et pourtant il y a en Nicodème comme une soif de plus. Et il a perçu qu’avec Jésus il y a quelque de chose de cela qui semble être en jeu. C’est ce que j’entends en tout cas quand Nicodème dit a Jésus : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi tu accomplis si Dieu n’est pas avec lui. »
Nicodème, il est touché par ce qu’il a vu de Jésus. Or il n’a pas pu voir grand-chose encore car nous sommes au tout début de l’évangile de Jean. C’est donc que le peu qu’il a vu a réveillé en lui cette attente de Dieu ou cette soif qui l’habite.
Nicodème, il sait des choses sur Dieu, il connaît déjà Dieu, mais son cœur est prêt à aller plus loin, à se laisser déplacer, à se laisser enseigner. Pour entrer dans une plus grande connaissance encore, et peut-être même une connaissance au sens biblique, c’est-à-dire vivre en relation, en intimité avec l’autre. En l’occurrence Dieu et plus encore Dieu tel que Jésus va nous le révéler.
Il me semble que ce chemin que nous ouvrons aujourd’hui pour Bastien, par ce baptême, il me semble que c’est bien ce même chemin que nous voulons lui offrir et lui proposer.
Je ne sais pas où vous en êtes chacun de votre foi en Dieu et de votre baptême. Mais il est là l’enjeu : prendre Jésus comme maître pour découvrir avec lui ce Royaume que Dieu veut pour nous ; prendre Jésus pour maître pour nous laisser conduire vers cette « Terre promise » qu’est Dieu lui-même et qui sera le lieu de notre repos, le lieu d’une paix profonde. Pas juste pour demain, je ne sais quand, après la mort, mais dès ici-bas, dès aujourd’hui, dans le réel concret de ce que nous avons à vivre et à traverser.
Et ce chemin qui s’ouvre pour Bastien, ce chemin que nous sommes appelés à vivre nous aussi au nom de notre baptême, c’est celui d’apprendre à croire que Dieu existe et qu’il est là avec nous, c’est celui d’apprendre à mettre notre confiance en lui, quoi qu’il puisse nous arriver, et c’est d’apprendre à laisser le Christ conduire notre vie pour être de ce Royaume qu’il est venu révéler et nous confier.
Concrètement je ne sais pas trop comment ça résonne pour vous, tout cela. Mais c’est bien l’enjeu. Et ça va supposer de consentir à s’approcher de Jésus, et donc à bien vouloir écouter sa Parole pour nous laisser former par elle et y entendre les appels d’Évangile que Dieu veut aujourd’hui nous adresser. Et ça suppose, nous le savons, de mourir à nous-même pour naître à ce projet de Dieu qu’est celui de son salut, son amour sauveur, sa miséricorde.
Je me disais d’ailleurs que si les signes de Jésus ont pu attirer Nicodème, l’enjeu de notre vie à chacun et ensemble, en Église, est-ce que ça n’est pas justement qu’il en soit de même ? Est-ce que ça n’est pas que notre façon de vivre et d’aimer en actes ça puisse justement faire signe, c’est-à-dire que ça puisse interpeler et questionner ?
Je crois que c’est tout l’enjeu de notre vie en disciples de Jésus. Mais que ça ne se fera pas à la seule force de nos bras et juste selon notre seule volonté. Parce que c’est difficile d’aimer, d’aimer pour de vrai – nous le savons bien, je crois.
Et sur ce chemin – cet apprentissage de chaque jour –, nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin de nous soutenir. C’est bien pour cela que Jésus nous convoque ensemble, en Église.
Et sur ce chemin – cet apprentissage –, nous avons besoin aussi que Dieu lui-même nous donne sa force et nous éclaire, que ce ne soit pas notre « truc » à nous mais bien son œuvre à lui ; qu’on puisse dire alors de ce que nous aurons fait que Dieu était avec nous. Et c’est pour cela aussi que Jésus veut nous donner son Esprit Saint, sa force de vie et d’amour, ce même Esprit Saint dont parle Jésus dans l’évangile de tout à l’heure, son Souffle de vie qu’on peut apprendre à entendre en nous et qui va nous aider à agir à l’école du Christ.
Et on l’entendra en 1ère lecture de la fête de l’Ascension, dans quelques jours, Jésus qui va nous dire : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint. Alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. » Des témoins en paroles et en actes, des témoins qui vivent de l’appel à aimer comme le Christ nous a aimés (cf. Jn 15,12).
Je me disais d’ailleurs ce matin au réveil que « naître d’en haut », comme dit Jésus à Nicodème, ce sera justement l’expérience de la Pentecôte, pour les apôtres, comme ça a d’ailleurs été celle de la résurrection, pour Jésus.
En tout cas je le redis, tout ça – la vie chrétienne –, c’est un chemin. Ça veut dire accepter de plonger – d’y aller pour de vrai – et bien vouloir nous laisser rejoindre et conduire par le Christ. En en lui demandant qu’il nous éclaire par sa Parole et qu’il murmure en nous comment vivre concrètement son Évangile en réponse aux appels du monde que nous aurons écoutés et entendus.
Et ça – vous le savez ou je vous le rappelle – ce sera tout l’enjeu de la prière dans notre vie.
Du coup, peut-être que ce qu’on peut lui demander ce matin, pour chacun de nous et plus largement pour son Église, pour Bastien aussi, c’est d’avoir le désir de nous laisser renouveler et conduire sur ce chemin de vie avec le Christ ; et pour cela d’apprendre tout-jours et encore à demander et à recevoir son Esprit Saint. Que le Christ et son Esprit Saint viennent nous renouveler de l’intérieur ; et qu’ils nous conduisent là où Dieu nous attend aujourd’hui. Chacun et ensemble. C’est en tout cas ma prière ce matin…
Et je propose d’ailleurs qu’on essaye de prendre quelques instants de silence et tout simplement d’offrir au Seigneur ce que ces quelques mots viennent éveiller en nous, ce qui nous habite là maintenant. Amen.