7 Mai 2023
Dimanche 7 mai 2023
Église Saints-Pierre-et-Paul, Obernai (67)
Ep 4,1-6 / Ps 117 / Mt 18,1-5
C’est le moment où je suis censé vous dire un truc perso un peu intelligent… et un peu profond… !?
Blague à part, l’autre jour dans le train, en me demandant ce qu’il fallait vous dire aujourd’hui, ce qui m’a habité, ce qui m’est venu, c’est une question (et même plusieurs !) : qu’est-ce que nous faisons quand nous baptisons ? Pourquoi baptiser Gaspard ce matin ?
Nous présentons Gaspard au Seigneur, nous lui confions sa vie, et nous ouvrons pour lui un chemin.
Et il me semble que ça appelle une autre question (et même plusieurs !) : qui est Dieu pour nous, aujourd’hui ? Qui est pour nous le Christ ? Et où est-ce que nous en sommes de notre chemin de foi, et donc où est-ce qu’on en est chacun de notre propre baptême ?
Pour le dire autrement : pour de vrai, tout ça, ça change quoi pour notre vie ?
Je le redis : ce matin nous présentons Gaspard au Seigneur, nous lui confions sa vie, et nous ouvrons pour lui un chemin…
Il s’agira pour Gaspard, comme pour nous tous, d’apprendre à croire qu’il y a quelqu’un qui est là, tout-jours, certes que nos yeux ne voient pas mais que notre cœur peut pressentir, que nos cœur peut apprendre à connaître…
Il s’agira pour Gaspard d’apprendre à croire en ce quelqu’un que nous appelons Dieu et qui voudrait se donner à connaître de nous et de lui, Gaspard. Apprendre à croire qu’il existe, qu’il est là, et qu’il veut et qu’il peut nous accompagner sur notre chemin de vie. Apprendre à croire, tels des enfants avec leur parents, qu’il veille sur nous – c’est l’Évangile qu’on vient d’entendre. Apprendre à croire qu’il nous aime et qu’il nous appelle à aimer à sa suite, à aimer comme lui, aimer de son amour qui s’est donné jusqu’au bout, son amour sauveur qui veut nous relever, sa miséricorde…
J’aime cette définition que donnait le pape François de la miséricorde (dans le texte d’annonce de l’Année de la miséricorde de 2016) : c’est « l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance ». C’est ce que nous sommes appelés à croire et plus encore à vivre, les uns pour les autres. Être « miséricordieux comme le Père est miséricordieux » nous dit Jésus en Lc 6,36.
C’est un chemin. Un chemin que nous ouvrons pour Gaspard. Un chemin sur lequel le Christ nous apprend qui est Dieu, comment le suivre, et ce qu’il veut pour nous. Non seulement le salut – c’est-à-dire être libérés de tout ce qui nous lié et nous empêche d’être pleinement vivants, libérés de l’emprise des conséquences du mal quel qu’il soit –, mais aussi – ce que Dieu veut pour nous, ce qu’il attend de nous – c’est que cela nous le vivions les uns pour les autres. Et notre monde s’en porterait mieux, pour de vrai…
C’est un chemin. Et un chemin à vivre ensemble. Pour nous y aider, pour nous soutenir, pour nous éclairer aussi sur les choix à faire. Et c’est ça l’Église, ça devrait être cela. En tout cas c’est ça l’enjeu.
Et ça va supposer ce qu’on a entendu dans la 1ère lecture : de l’humilité, de la douceur et de la patience, dans le vivre ensemble ; ça va supposer de nous supporter les uns les autres avec amour, et de travailler à la paix et à garder l’unité entre nous, etc.
C’est un chemin, la vie chrétienne, un chemin qu’il nous faut emprunter chacun et ensemble, un chemin où on devrait s’aider à entendre et à vivre les appels de l’Évangile, un chemin où on devrait s’aider aussi à prier, c’est-à-dire à faire place à Dieu et à lui confier ce que nous vivons comme les cris du monde, pour qu’il nous souffle des chemins de réponses aux questions auxquelles nous sommes confrontées ; et la vie chrétienne c’est encore un chemin où on devrait s’aider à apprendre ensemble et à trouver ensemble comment permettre aux uns et aux autres de trouver leur place en ce monde. À notre petite mesure, mais toute notre mesure. En ce monde et dans notre Église.
Tout ça c’est notre mission à tous. Et elle se résume en trois mots que je dirai tout à l’heure pour l’onction du St Chrême, juste après le rite de l’eau. Je dirai à Gaspard que désormais il participe avec le Christ à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi – sa dignité c’est-à-dire c’est qu’il est et sa mission.
« Prêtres » c’est justement porter le monde dans la prière et confier ce qu’on vit au Seigneur pour qu’il porte avec nous, et qu’il nous éclaire s’il le fallait.
« Prophètes » c’est écouter et annoncer la Parole de Dieu, en paroles et en actes, et c’est réveiller le peuple de ses endormissements et de ses compromissions faciles.
Et « rois » c’est le rappel que nous avons à travailler à ce que chacun trouve sa juste place.
Prêtres, prophètes et rois. C’est notre mission de baptisés, chacun à notre mesure et ensemble.
Alors peut-être – je terminerai par là – peut-être qu’on pourrait juste se demander, chacun : où est-ce que j’en suis de ce chemin, où est-ce que j’en suis de mon propre baptême et de ces appels ? Et qu’est-ce que ce matin je veux confier au Seigneur de ce chemin, ou de mes questions peut-être, et plus largement de ce qui fait ma vie bien concrète ?
On peut prendre quelques instants de silence – en musique – pour écouter ce que tout cela éveille en nous, le recueillir, et l’offrir bien simplement au Seigneur. Faire ce pari de confiance qu’il existe, qu’il s’intéresse à notre vie et qu’il entend ce que nous voulons lui présenter.
Alors, tout simplement, on prend quelques instants de silence et on présente au Seigneur ce qui nous vient, là maintenant. Amen.