Mahmoud ou la montée des eaux

Mahmoud ou la montée des eaux

C’est sans doute un des plus beaux romans que j’ai lu de ces derniers mois. Magnifique. Aussi lumineux et plein de douceur dans le style qu’il est terrible et violent en ce qu’il nous raconte.

C’est Mahmoud Elmachi qui raconte. Un vieux poète syrien qui s’est retiré au bord du lac el-Assad. Seul. Et ce qu’il raconte c’est sa vie et la Syrie ; c’est tout autant son enfance dans ce village aujourd’hui englouti sous ce lac, son inquiétude pour ses enfants Salim, Brahim et Nazifé, son amour pour Leïla, que la guerre, les années de prison, la révolution du Printemps arabe et la répression, son désespoir à vivre, aussi, et Daesh…

Il raconte à Sarah, sa femme et son aimée. « Est-ce cela vieillir ? dira-t-il. Mieux voir hier qu’aujourd’hui ? Mieux voir jadis que maintenant ? Chercher à oublier mais voir tout revenir ? » (p. 88). Un peu avant il s’écriait : « Voilà ce qu’est vieillir. N’avoir plus d’endroit où cacher sa douleur. Pourrir dans une eau noire qui monte et inonde tout » (p. 67)…

Alors, au fil des jours, il plonge. Dans l’eau du lac mais plus encore dans celle de la mémoire. Il rejoint là « ce qui s’est perdu », il rejoint « le temps perdu » (p. 16)…

C’est très beau. Écrit en court chapitres et en courtes phrases un peu lapidaires. Un style bien particulier mais qui donne son rythme et sa coloration au récit.

Antoine Wauters, à qui l’on doit ces pages, est un jeune auteur belge de 40 ans. Il a reçu plusieurs prix pour ce roman dont le Prix Livre Inter 2022 – cette même année il a aussi reçu le « Goncourt de la nouvelle » pour Le musée des contradictions.

———————

Antoine Wauters, Mahmoud ou la montée des eaux, folio-Gallimard, janvier 2023 (éditions Verdier, 2021), 171 pages (format poche).

 

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :