Palpitations d'une âme urbaine

Palpitations d'une âme urbaine

Voilà un roman que j'aurai trouvé déroutant. Et qu'au final j'ai bien aimé, je crois. Déroutant dans le style : très bien écrit mais qui peut paraître un peu intello, voire un peu « catalogue » d'oeuvres d'art – tableaux ou littérature –, même si c'est bien amené, bien inséré dans l'histoire. Car ça fait partie de ce qui habite le narrateur et ça participe de sa réflexion. Et c'est là le second point : ce qui l'habite, justement, ce qui défile en lui et qu'il nous partage, ses questions métaphysiques et existentielles...

C'est un jeune homme, parisien, qui vient de vivre une rupture amoureuse. Il rentre chez lui et là c'est l'insomnie. Alors il va finir par décider de sortir, de marcher. Et ça cogite en lui : le sens de la vie, aimer, cette soif des corps et de la chair qui le prend et l'entraîne, et cette forme d’esclavage aux réseaux sociaux et aux écrans qui est celle de sa génération et dont il n'arrive à se défaire ; et au milieu de tout cela : sa foi, son cri vers Dieu.

Ça pourrait avoir pour sous-titre : « Portrait d’une jeunesse catholique d’aujourd’hui » – peut-être même « d’une jeunesse catholique urbaine » ?

C'est pour une part déroutant. En plus, au bout d'un moment, on ne sait plus trop où on est, le rapport au temps d'abord puis aux lieux. Et c'est déroutant encore car ça nous plonge dans le coeur et la tête d'une partie de la jeunesse d'aujourd'hui, pas celle des banlieues mais celle de nos centre-villes, celle qui fait des études et qui semble aller bien, celle encore de nos milieux cathos ou bourgeois. Celle qui a tout pour aller bien, sauf que ce n'est pas si simple et que ça ne veut finalement pas dire grand chose car tous nous sommes traversés de questionnements existentiels...

Au final il y a cette soif de vivre et de mieux vivre, et cette soif d'aimer et d'aimer mieux. Il y a une sorte de confiance en Dieu aussi et de sa présence jusqu'au coeur de nos misères. L'histoire d'une âme – si j'ose reprendre ce titre de l'autobiographie spirituelle de Ste Thérèse de Lisieux ! –, qui se dit cette nuit-là...

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Louis Lecomte, Palpitations d'une âme urbaine, éditions Première Partie, octobre 2022, 129 pages, 15€.

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Petit extrait (p.66) :

« Si mon âme existe, alors elle est un jardin. Elle n'aurait été une statue que si j'avais été un pur esprit. Mais je suis suffisamment rappelé au bon souvenir de ma chair pour savoir qu'une représentation figée dans la pierre de Paros est par trop restrictive. Une intuition poignait dans mon esprit. Toute âme serait une sorte de jardin. Si le jardinier guide, civilise, ordonne, les forces qui s'y ébattent indépendamment de sa volonté propre, il peut en faire un lieu merveilleux.Mais rien n'y sera jamais définitif comme l'est un tableau ou une sculpture. L'ouvrage est à refaire indéfiniment. A chaque saison ses bouleversements immuables. Viendront sempiternellement les pluies, la chaleur, les giboulées, la glace et le vent. Comme viendront jusqu'au soir des Hommes les promesses de l'enfance, les orages de l'âge adulte et la quiétude automnale de la vieillesse, et chaque Homme le redécouvre à son tour car il n'apprend jamais vraiment que de lui-même, misère et splendeur de sa condition. Garder beau un jardin, tel qu'il est, simplement le maintenir saison après saison, demande déjà en soi un effort soutenu. Telle serait mon âme. Nul repos à espérer si je veux la garder pure. La nature sauvage reprend toujours ses droits sans la main du jardinier. C'est une grande pitié que le désir puisse exister distinctement de l'amour. Je me sentis fatigué. J'avais le coeur en sang. Las, c'est le principe d'un coeur. »

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