Homélie baptême de Ombeline

Samedi 8 juillet 2023

Jb 22,21-23.26-28 / Ps 26 / Mt 5,1-12

 

J’aime beaucoup ces textes que nous avons choisis, Marie et Antho. Ces Béatitudes, déjà, qui sont comme une feuille de route pour notre vie chrétienne, ou qui sont telles une boussole pour savoir où on en est et où aller ; ces Béatitudes qui sont aussi comme le dévoilement de qui est le Christ car ces Béatitudes c’est lui qui les a incarnées très concrètement et c’est sa vie qui là se dit et se donne à contempler.

Je ne développe pas, parce que on pourrait du coup aller prendre chacun de ces Béatitudes pour aller voir le Christ qui là se dit. Je ne développe pas, donc, mais je l’entends du coup comme une invitation pour nous à contempler en ces mots ce que ça dit du Christ pour, nous, pouvoir mieux le suivre, le suivre à l’école de ces Béatitudes. Être et devenir ces « pauvres de cœur », ces hommes et ces femmes en manque de Dieu et d’amour, ces hommes et ces femmes en quête d’un sens à cette vie, ces hommes et ces femmes qui vont apprendre à vivre pour la justice et la paix, qui vont apprendre à devenir de ces miséricordieux qui témoignent concrètement dans leur vie de tous les jours de cet amour de Dieu qui veut consoler et pardonner, qui veut se faire proche pour soigner et pour relever, cet amour qui donne espérance au cœur de ce que la vie nous donne de traverser.

Je ne développe pas plus mais entendons ce matin cet appel, cet appel qui nous est redit grâce à ce baptême d’Ombeline.

Ces Béatitudes, donc, un très beau texte. Comme cette page de Job qu’on a entendue en 1ère lecture et notamment ce qu’on a entendu au tout début, l’appel à s’accorder au Seigneur, s’accorder à lui alors la paix nous sera donnée.

C’est fort, je trouve, cet appel. S’accorder ça veut dire quoi ? S’accorder ça peut vouloir dire s’ajuster à lui, s’ajuster à l’autre, et ça peut vouloir dire aussi se mettre d’accord et donc vouloir comprendre l’autre, vouloir nous comprendre mutuellement, l’écouter, lui parler et donc, si c’est Dieu, le prier. Et ça veut dire encore se laisser former par l’autre, se laisser former par Dieu, et donc par sa Parole. Apprendre de lui, apprendre qui il est et quel chemin de vie il nous propose. Apprendre à discerner aussi à quoi ça m’appelle, où est-ce qu’il me veut, avec mes talents propres, mes désirs de vie profond et ma sensibilité aux cris et aux besoins du monde qui m’entoure.

Alors oui, si je vis avec le Seigneur, si je vis à son école, si j’essaye de vivre ses appels, je vais faire l’expérience d’une paix intérieure. Certains autour de nous diraient : avoir le sentiment d’être aligné avec moi-même et avec la vie. Un sentiment de plénitude et de quiétude profonde. Cette paix que le Seigneur promet à qui veut bien s’accorder à lui et le faire partenaire de sa vie.

Petite parenthèse : demain à la messe on entendra quelque chose du même ordre, avec le fameux « Venez à moi vous tous qui peinez, (…) et moi je vous donnerai le repos », c’est-à-dire la paix du cœur.

L’enjeu en tout cas c’est bien ce chemin de vie à la suite et à l’école du Christ, ce chemin sur lequel nous mettons Ombeline aujourd’hui et sur lequel nous apprenons tous à avancer au fil des jours et des années. Un chemin qui sera chemin de vie si nous nous en donnons les moyens, nous le savons bien, d’où l’engagement des parents et parrain-marraine, tout à l’heure, à l’éducation chrétienne de leur enfant et à l’accompagner sur ce chemin de la foi et de la vie chrétienne.

Car il s’agira pour Ombeline, nous le savons, d’apprendre à croire qu’il y a un Dieu qui est là, qui existe, un Dieu qui nous aime et qui nous appelle à nous laisser aimer et à aimer nous aussi comme lui nous aime. Un Dieu qui veut se faire proche de nous et de ce que nous avons à vivre et à traverser, un Dieu vers qui oser crier, un Dieu à qui déposer nos joies comme nos peines ou nos questions voire nos révoltes ou nos colères contre la vie.

C’est le « Venez à moi » de demain, « Venez à moi vous tous qui peinez [ou qui avancez sur le chemin de la vie] et moi [dit le Seigneur] je vous donnerai le repos ».

Nous accorder au Seigneur et recevoir sa paix en toute chose de nos vies, y compris dans les jours plus difficiles.

Et en devenir témoins pour d’autres, à notre petite mesure mais toute notre mesure, chacun et ensemble, en Église, en apprenant au fil des jours et des années à vivre très concrètement les appels de l’Évangile, à vivre ce que nous dirons tout à l’heure à Ombeline de cette triple mission de notre baptême à être avec le Christ et comme lui prêtres, prophètes et rois : prêtres, c’est-à-dire à porter dans notre prière les cris du monde, et à devenir de ces hommes et de ces femmes qui font le lien entre ce monde et Dieu, ce qui sous-entend la dimension prophétique et royale de notre baptême ; prophètes, c’est-à-dire être des hommes et des femmes de la Parole de Dieu, qui l’écoutent du coup mais aussi qui l’annoncent, en paroles et en actes, à temps et à contre-temps, y compris pour réveiller le peuple de ses endormissements ou ses aveuglements à vivre les appels de Dieu, et dénoncer toute injustice qui ne respecte pas la dignité de la valeur de la vie de chacun – notre monde a besoin de prophètes ! – ; et enfin la dimension royale de notre baptême : le roi, en Israël, c’est celui qui gouverne au nom de Dieu, celui qui est chargé d’éclairer les autres sur la marche à suivre pour avancer et vivre ensemble, celui qui reçoit cette mission de veiller à chacun, et de veiller à ce que chacun trouve sa place dans le peuple – c’est aussi notre mission, à nous aussi, au nom de notre propre baptême…

Tout ça, vous l’avez bien compris et vous le savez bien, ça suppose d’être de ces « pauvres de cœur » que le Christ nous appelle à être, ça appelle pas mal d’humilité. Ça appelle aussi de le vivre et de le discerner ensemble, dans la complémentarité de ce que nous sommes et à l’écoute des appels du monde d’aujourd’hui. Et ça suppose donc de s’accorder avec le Seigneur et à vivre de sa paix.

Alors c’est évidemment ce que je souhaite pour Ombeline, pour ce chemin qui s’ouvre pour elle. C’est ce que je souhaite plus largement pour chacun de nous. Que ce baptême que nous célébrons ce matin nous renouvelle tous dans notre propre baptême et cette vie à la suite du Christ à laquelle nous avons été appelés, ce chemin sur lequel on nous a peut-être mis tout bébé nous aussi mais sur lequel nous avons un jour consenti librement à avancer… Amen !

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