Homélie dimanche 5 mai 2024

6ème dimanche de Pâques – Année B

Ac 10,25-26.34-35.44-48 / Ps 97 (98) / 1Jn 4,7-10 / Jn 15,9-17

 

Je crois que c’est clair, non ?! L’appel que Jésus nous adresse dans cette page d’évangile, cet, appel que déjà nous entendions dans la 2ème lecture c’est l’appel à aimer, l’appel à nous aimer. Et je crois que vous le savez bien, c’est le cœur de tout ce que Jésus est venu révéler. Être chrétiens, être ses disciples, c’est vivre cet appel.

Tout est dit ! Je pourrais presqu’aller me rasseoir ! Que rajouter à cela ?

Entendons bien quand même...

« Voici ce que je vous commande, dit Jésus, c’est de vous aimer les uns les autres. » Il l’a même répété à deux reprises, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Et en plus, au début de son grand discours d’adieux à ses disciples, juste après le lavement des pieds, il leur avait déjà dit – et c’est pour moi une phrase capitale qu’on devrait tous connaître par cœur ! – : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35) …

Nous aimer les uns les autres. Ok, mais peut-être faut-il du coup qu’on se demande c’est quoi aimer ? Et comment aimer ?

Réécoutons le début de cette page d’évangile. Que nous dit Jésus à ce propos ? « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » ; et un peu après : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et Jésus d’ajouter : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »

Comment le Père a-t-il aimé Jésus ? J’ai envie de dire un peu spontanément, mais aussi pour provoquer un peu, que je ne sais pas ; du moins, pas sûr que les disciples, avant sa mort, auraient pu répondre facilement à cette question. Par contre, après la résurrection nous pouvons affirmer que l’amour du Père c’est l’amour qui sauve du mal et de la mort, l’amour qui n’abandonne pas l’être aimé au silence de la mort, c’est l’amour qui donne et redonne la vie…

Rappelons-nous aussi ce qu’avait dit Jésus quelques versets plus haut, au début de son grand discours d’adieux dans lequel nous sommes ; il leur avait dit : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9). Ainsi, contempler Jésus qui aime, nous mettre à l’écoute de cet amour concret de Jésus dans les rencontres qu’il fait et que les évangiles nous rapportent, voilà qui nous éclaire sur l’amour du Père qu’est l’amour même de Jésus.

Jésus est celui qui infatigablement va à la rencontre des petits, des pauvres, des malades. De tous, en fait. Il est ce témoin infatigable de l’écoute à hauteur de l’autre, jusqu’en sa blessure, qui relève et redonne confiance et espérance. Il est celui qui prend soin, qui guérit, qui console, qui annonce le salut, et même qui ressuscite son ami Lazare – son ami.

Voilà comment Jésus aime... Sans oublier la question du pardon et l’appel à la réconciliation – je ne développe pas mais vous irez relire Mt 18 (versets 15-20).

Voilà comment Jésus aime. Il aime dans la rencontre et en se faisant proche… Le pape François dit d’ailleurs que ce qu’il appelle le style de Dieu, et donc ce que Jésus en montre, ça se résume en trois mots qui peuvent être pour nous comme des balises pour notre propre agir : « tendresse, proximité et compassion ».

Jésus aime en actes en se faisant proche. Et par Jésus, par son incarnation, Dieu s’est fait proche de notre humanité. La 2ème lecture nous l’a rappelé à sa façon quand St Jean écrit : « Voilà comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »

Et par la vie et le message de Jésus, par sa venue, par son incarnation, le Père nous révèle son amour, son amour sauveur… Par toute sa vie, Jésus nous révèle cet amour sauveur du Père, sa miséricorde, cette miséricorde à laquelle nous sommes appelés puisque Jésus l’a dit à ses disciples, ça aussi – je vous le cite souvent, et là encore c’est à savoir par cœur, comme une ligne directrice pour notre vie de tous les jours ! – : « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 6,36).

Et la miséricorde, nous le savons à force de l’entendre – puisque je vous le répète régulièrement –, la miséricorde c’est l’amour qui prend soin, très concrètement, c’est l’amour qui console, c’est l’amour qui pardonne, c’est l’amour qui rejoint l’autre là où il est et là où il en est, comme sur la route de Jéricho avec la parabole du Samaritain en Lc 10, l’amour qui prend soin en actes et qui cherche des solutions et des relais possibles ; je suis toujours frappé dans cette parabole – vous irez la relire – par le fait que notre Samaritain a fait ce qu’il pouvait, ce qui est à sa mesure à lui, et ensuite il passe le relais à l’aubergiste. Il ne se défausse pas puisqu’il promet qu’il reviendra et même qu’il règlera les dépenses qu’il y aura eues, mais il passe le relais. Il a fait ce que lui pouvait faire, et c’est que nous sommes appelés à faire nous aussi, dans une sorte de solidarité dans le prendre soin, chacun à notre mesure – mais toute notre mesure –, dans la complémentarité de ce qui m’est possible aujourd’hui et de ce qu’un autre peut ensuite apporter.

Voilà comment Jésus aime et nous appelle à aimer. Et voilà donc comment le Père aime et nous aime, voilà l’amour auquel nous sommes appelés et dans lequel il veut nous entraîner...

Avec, en plus, ces mots bouleversants de Jésus à ses disciples : « Je vous appelle mes amis »

Jésus nous aime jusque-là. Il nous aime d’amitié. L’amitié vraie. Il dit même à ses disciples qu’il les a choisis. Et de fait, il les a appelés un jour au bord du lac, il a répondu à leur attente et leur demande en leur disant de venir avec lui et de voir ainsi où il demeurait – allez relire le début de l’évangile de Jean, après le Prologue. Et où demeure-t-il ? Il demeure dans le Père, dans l’amour du Père, c’est ce qu’on a entendu dans notre page d’évangile de ce jour ; et il a ajouté qu’il demeure aussi en nous. Il veut demeurer en nous.

Il nous appelle à demeurer en lui, à demeurer en son amour, comme lui demeure en nous si nous gardons sa Parole et ses commandements, c’est-à-dire quand nous vivons de ses appels et de son commandement à aimer, aimer comme lui.

Quand nous aimons, nous sommes avec lui, le Christ, nous sommes son amour en actes aujourd’hui, l’amour sauveur du Père. Nous sommes ses mains qui prennent soin, nous sommes sa voix qui console et qui redonne confiance, nous sommes sa présence qui veut rejoindre chacun. Nous le sommes chacun et ensemble. Et c’est bien ce que nous célébrons à chaque eucharistie où nous devenons ce que nous allons recevoir : le Corps du Christ, sa présence aujourd’hui en ce monde.

Jésus leur dit – il le dit à ses disciples – : « Je vous ai choisis »« Je vous appelle mes amis » … Et si nous aussi, aujourd’hui, nous gardons sa Parole, si nous aussi nous vivons son commandement de nous aimer comme lui aime, alors nous en sommes de cette amitié. Il est notre Ami, ce proche qui toujours sera là, qui toujours nous attend, et qui est prêt à donner sa vie pour nous, pour chacun de nous. Il a donné sa vie pour nous. C’est ce que nous célébrons à chaque eucharistie.

Et à chaque eucharistie nous célébrons son « Je veux demeurer en toi, demeure toi aussi en moi, demeure en mon amour ». Son amour d’amitié. Et donc sa Présence tout-jours à nos côtés – tel un ami qui toujours sera là –, sa présence qui nous attend patiemment, qui nous précède aussi, qui veut se faire proche et qui veut porter avec nous ce que la vie nous donne de porter, sa présence encore qui veut s’incarner par nous, par notre réponse à son appel, l’appel à aimer, nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimés…

Laissons-nous renouveler par cet appel. Laissons-nous renouveler chacun par ce mystère de l’amour de Dieu pour nous, pour ce désir d’amitié du Christ avec chacun de nous. Et puisqu’il est notre ami, puisqu’il veut que nous soyons son ami, eh bien confions-lui ce qui nous habite, jour après jour, mais ce soir déjà, là maintenant. Confions-lui ce qui nous habite, oui, comme un ami parle à un ami ; confions-lui ce qui fait nos vies – nos joies comme nos cris, nos questions aussi, et toutes les intentions que nous portons.

Et confions-lui déjà, là maintenant, ce que ces mots de ce jour et sa Parole viennent éveiller en nous, confions-lui ce que tout cela vient faire remonter en nous. C’est notre prière. Et l’évangile nous l’a dit : ce que nous demanderons en son nom, lui le Christ – c’est-à-dire : ce qui, de notre prière, relève de ce que Jésus demanderait au Père et de ce que le Père peut nous donner, ce qu’est Dieu lui-même, son amour, son salut–, alors cela nous sera accordé.

Alors demandons au Christ qu’il prenne notre prière dans la sienne, et qu’il dépose tout cela auprès de Père, le Père qui nous aime, Dieu qui est notre salut. Avec lui, par lui, la vie et le don de soi par amour sont et seront plus fort que tout mal et que tout chemin de mort, c’est notre foi ; et là est son amour pour nous. Amen.

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