6 Mai 2024
C’est un très très beau récit. Assez touchant. Un récit que j’allais qualifier de philosophique – mais pas compliqué ! – : un récit sur la vie. Un récit de vie, même. Il y est question de la vie, justement, mais aussi du temps, de l’existence, et là : de Dieu.
Marion Muller-Colard écrit une longue lettre à la petite Jeanne qu’elle va baptiser et qui est la fille d’une jeune amie, chère et proche, qui est en train de mourir – diraient certains – d’un cancer, quelques mois après avoir donné la vie. Sauf que non, justement, elle n’est pas que en train de mourir et de se battre, là – même là – : elle vit et peut vivre, elle est vivante dans l’ici et maintenant de chaque jour. Et c’est bien ce qui là se raconte, ce dont Marion Muller-Colard veut nous faire prendre conscience. Car le temps n’est pas que chronos – ou longueur et temps qui défile –, il est aussi kairos – profondeur et hauteur de ce qui est donné et de ce qui peut se vivre dans ce maintenant.
Et là nous pouvons – et il nous faut – sortir des « pourquoi » face au tragique de la vie et des combats à mener, et nous positionner plutôt dans un « comment » – comment vivre l’aujourd’hui : le recueillir, le savourer. C’est la question du sens à ce qui nous arrive, nous emporte, nous traverse. Le vivre, justement, avec tous nos sens, y compris goûter ce qui là est donné au coeur du réel concret de ce qu’il nous faut traverser et auquel consentir, pour vivre justement.
Je le redis, c’est très beau et assez touchant. Je le partage avec mes mots à moi qui peut-être ne sont pas les plus fidèles à ceux de Marion Muller-Colard ; c’est en tout cas ainsi que je reçois ces pages et que veux vous en partager quelques lignes.
De Marion Muller-Colard j’ai envie de vous recommander à nouveau son livre L’Autre Dieu qui m’avait tant marqué en 2015 et que ce récit me donne envie d’aller rouvrir...
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Marion Muller-Colard, La vie funambule, Bayard et Labor et Fides, coll. littérature intérieure, 78 pages (petit format), juillet 2023.