5 Janvier 2024
Ce roman de Jean-Baptiste Andrea a reçu le Prix Goncourt 2023. Et c’est un très beau roman, une très belle histoire, très bien ciselée. C’est long, il faut entrer petit à petit en ces pages et après : c’est bon, c’est parti et c’est très beau.
C’est l’histoire d’un vieil homme au soir de sa vie, en ses dernières heures. Qui est-il ? Quel secret cache-t-il, ou plutôt quel secret l’accompagne qui se trouve dans les entrailles de ce monastère perdu qui l’a accueilli, lui Mimo Vitaliani, célèbre sculpteur parti de rien et compté pour presque rien à cause de sa petite taille et de sa vie longtemps miséreuse ?
Et quelle est-elle, justement, sa vie – et avec lui l’histoire de cette Italie où il fut envoyé enfant –, l’histoire aussi de Viola, inséparable de la sienne par bien des aspects même si tout aurait dû les séparer ? Avec leur(s) vie(s) qui se raconte(nt) c’est toute l’histoire du fascisme mussolinien que nous rencontrons aussi. La traversée d’un siècle. Et la traversée d’une vie hors du commun.
C’est du très beau roman. L’histoire d’un sculpteur de génie qui dira au soir de sa carrière : « Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper. » (p. 574).
N’est-ce pas cette expérience là que nous font vivre ces pages en cette histoire si bien ciselée et pleine de surprises ?! L’expérience de la vie, pour certains…
———————
Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, L’Iconoclaste, août 2023, 581 pages, 22€50.