Homélie 10 ans de mariage

Homélie 10 ans de mariage

He 6,13-20 / Ps 103 / Jn 15,1-13

Ceux qui étaient déjà à vos fiançailles savent que vous pouvez avoir l’art de choisir des textes qui peuvent être un peu déplaçant ou étonnants. C’est ce que je me suis redit en découvrant votre choix de 1ère lecture.

Je retiens deux choses de cette lecture : (1) la promesse de descendance et de bénédiction, et (2) ce qui est dit du serment par un plus grand que soit qui devient une garantie qui met fin à toute discussion.

C’est étonnant cette formule… Vous avez prêté serment, c’est vrai. Un serment qui s’est dit sur le registre de la promesse et de l’engagement. Et ça c’est important. C’est important pour deux raisons :

  • La 1ère parce que cette garantie – ce serment comme garantie – ce n’est pas une assurance tout-risques – ça se saurait – mais c’est bien, justement, de l’ordre de la promesse à tenir, la promesse en devenir, la promesse qui peut être source de vie, et même plus – je vais y revenir dans un instant, c’est la question du salut.
  • Et puis – 2ème raison –, c’est parce que cette promesse échangée, qui se fait engagement, elle rejoint la promesse de Dieu quand il dit à Abraham et donc à son peuple à venir – nous – : « Je te comblerai de bénédictions et je multiplierai ta descendance ».

Nul doute pour vous, Delphine et François, que la descendance est là : trois beaux enfants ; et donc la bénédiction reçue a porté son fruit. La bénédiction de Dieu pour vous – pour votre couple, Delphine et François –, et celle de cette promesse que vous avez échangée, celle de votre engagement. Et vous êtes bien signe, sacrement, de la parole qui se donne qui porte fruit, l’amour dans le don de soi qui donne la vie.

Mais je le redis, et on le sait bien, ce n’est pas une garantie, le mariage chrétien, au sens d’une assurance tout-risques, c’est bien une promesse et un engagement, mais une promesse et un engagement où vous n’étiez pas que deux – une promesse et un engagement où vous n’êtes pas que deux, sans même parler de vos enfants – : Dieu s’y est mis avec vous. A votre invitation. Dieu est présent à vos vies. Pas de façon magique, on le sait bien, mais à la mesure de la place qu’on lui fait jour après jour et au fil des années.

Alors je rends grâce ce jour, que vous ayez voulu l’associer et lui faire place au cœur de ce week-end de fête. Et nul doute que Dieu s’en réjouit. En tout cas il veut se faire présence et c’est bien ce que nous allons célébrer dans quelques instants avec ce mystère de l’eucharistie où il vient demeurer avec nous, parmi nous, pour que nous devenions ce que nous allons recevoir : son Corps, c’est-à-dire devenir ensemble sa présence dans ce monde qui en a tant besoin.

Et c’est là que vient résonner de façon particulière l’évangile que vous avez choisi pour ce jour, cette parabole de la vigne. Avec cet appel à demeurer dans l’amour de Dieu, l’appel à demeurer avec le Christ, et donc à le laisser demeurer avec vous, l’appel pour cela à garder ses commandements, et sa Parole – je pense notamment à l’appel à nous aimer les uns les autres et nous aimer comme lui, le Christ, nous a aimés, c’est-à-dire de cet amour qui se donne, cet amour sauveur qu’est celui du Père et que le Christ révèle par toute sa vie, la miséricorde de Dieu. J’aime citer cette définition du pape François qui disait, dans le texte d’annonce du Jubilé de la miséricorde, que c’est « l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance ».

Voilà ce que nous sommes appelés à vivre. Et si nous le vivons, si nous demeurons avec le Christ, si nous gardons ses appels, alors dit-il ça portera beaucoup de fruit. Et là il n’est pas question des enfants, mais du seul fruit que Dieu veut pour nous et qu’il peut nous donner : le salut. Son amour qui sauve, c’est-à-dire, l’amour qui nous rend vivants – plus vivants –, l’amour qui nous relève quand les épreuves de la vie nous clouent au sol ou nous font douter d’un sens à tout ça, voire de nous-mêmes, voire de Dieu ou de la vie elle-même.

C’est notre foi, c’est ce que Jésus nous révèle pleinement avec sa résurrection : le don de soi par amour pour les autres et la vie qui se donne c’est plus fort que tout mal et que toute mort. Et avec lui, le Christ, la vie peut-être re-suscitée, quoi qu’il nous arrive, y compris au cœur de toute épreuve. C’est une promesse. Pas une assurance tout-risque mais mieux que ça, c’est notre espérance. Et c’est quoi l’espérance ? C’est « la certitude de foi que Dieu accomplit et accomplira ses promesses » (Mgr G. de Kerimel, Lourdes, 26 juillet 2021).

Mais Dieu, je le dis souvent et donc je vous le redis à vous aussi, Dieu ne fait rien sans nous. C’est à la mesure de la place que nous lui faisons, c’est à la mesure de ce que nous oserons lui demander et crier vers lui, c’est aussi à la mesure de ce que nous voudrons bien vivre de ses appels les uns les autres, humblement mais réellement, à notre petite mesure mais toute notre mesure, et jour après jour.

Alors je ne sais comment les uns les autres nous recevons ces quelques mots. Je ne sais pas non plus quelles sont au regard de tout cela vos actions de grâce, Delphine et François, ou comment ça vient nous rejoindre ou nous questionner chacun, là où nous en sommes peut-être de nos chemins de vie et de nos questions de foi.

Tout simplement je propose que nous prenions quelques instants de silence. Nous laissons descendre tout ça en nous et nous pouvons bien simplement recueillir ce que ça fait monter en nous d’actions de grâce ou de questions ou de demandes. C’est notre prière. Nous l’offrons au Seigneur dans le silence de nos cœurs et nous lui demandons sa présence avec nous et qu’il porte avec nous ce qui a besoin de l’être. Amen.

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Pour relire lhomélie de mariage de Delphine et François, il y a 10 ans, c’est par là !

 

 

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