13 Juillet 2024
Samedi 13 juillet 2024
Gn 2,18-24 / Ps 125 (126) / Rm 12,9-18 / Jn 15,9-17
Je ne sais pas comment vous recevez ces textes, les uns les autres, mais je trouve qu’il y a quelque chose de très concret dans tout ça – notamment ce qu’on a entendu dans la 2ème lecture –, avec en toile de fond, ou comme point central, cet appel de Jésus à nous aimer les uns les autres comme lui, le Christ, il nous a aimés.
Et c’est bien l’appel que vous recevez, Hugo et Lucie, c’est même l’engagement que vous avez décidé de prendre et que nous célébrons ensemble aujourd’hui avec vous : l’appel et l’engagement à vous aimer l’un l’autre, et l’appel et l’engagement à vivre cela à l’école du Christ et de son amour pour nous, tel que nous apprenons à le découvrir et à le vivre à l’écoute de sa Parole.
Vous aviez hésité d’ailleurs avec cette autre page de l’Évangile où Jésus nous dit de construire sur le roc pour que ça tienne. C’est dans l’évangile de Matthieu, et le roc dont il est question dans ce texte c’est justement celui de la Parole, la Parole qu’il faut écouter et mettre en pratique, la Parole de Dieu (cf. Mt 7,24-27).
Alors aujourd’hui vous décidez de vous engager sur ce chemin de l’amour mutuel. Mais vous ne vous engagez pas seulement parce que vous aimez – même si on est bien content pour vous ! –, vous vous engagez à vous aimer et pour vous aimer.
Pour le dire autrement : vous ne vous engagez pas seulement parce que ça vous fait déjà vivre, mais parce que vous croyez que s’aimer et se donner les moyens jour après jour de vous aimer c’est un chemin de bonheur et que là peut être et donc sera votre chemin vers la sainteté.
Ce sont les mots que vous allez échanger tout à l’heure, ou quasi (selon la formule choisie) : « Je te reçois et je me donne à toi pour t’aimer tous les jours de notre vie » ; et vous allez même préciser : dans le bonheur et les épreuves comme dans la santé et la maladie…
Aimer et s’aimer l’un l’autre c’est un engagement, c’est une décision. C’est choisir que quoi qu’il nous arrive nous voulons compter sur l’autre, et que quoi qu’il nous arrive nous voulons faire ce pari de confiance que notre amour l’un pour l’autre peut être une force de vie, même quand ce sera plus difficile. Et que dans cette aventure nous ne serons pas seuls, que Dieu s’engage avec nous.
Dieu est partenaire de votre aventure, Hugo et Lucie, car vous le lui demandez aujourd’hui et que déjà vous l’avez associé à votre chemin, que déjà il fait partie de votre vie à chacun et de votre vie ensemble. Et il s’engage avec vous, y compris par celles et ceux qui en son nom vous entourent. C’est ça l’Église : nous sommes appelés à être et à devenir tout-jours plus sa présence en ce monde, chacun à notre mesure et surtout ensemble.
C’est ce que nous célébrons à chaque eucharistie, et donc tout à l’heure encore, puisque par notre communion au sacrement de la présence de Jésus, par notre communion au Pain de la Vie, nous devenons ce que nous allons recevoir, nous devenons le Corps du Christ, sa présence aujourd’hui en ce monde qui en a bien besoin.
Et votre amour, Hugo et Lucie, votre engagement à vous aimer, vous fait devenirs témoins de l’amour du Christ pour nous, témoins de l’amour sauveur du Père que le Christ est venu révéler et manifester et auquel il nous appelle tous, chacun selon notre vocation et notre état de vie.
Vous devenez ensemble « ministres » de cet amour, serviteurs et témoins de l’amour qui donne vie et qui rend plus forts, l’amour qui est même plus fort que tout mal et toute forme de mort, avec Dieu.
Et vous voilà appelés à vivre cela concrètement l’un pour l’autre, au nom même de Dieu qui est source de tout amour, pour en rayonner et que votre amour devienne source de vie. Et là je ne parle pas seulement des enfants qui naîtront de votre union, mais bien de ce que votre amour va rayonner autour de vous, pour nous mais plus largement pour celles et ceux qui croiseront votre route et pour qui vous serez témoins de ce Dieu qui veut se faire proche et offrir son salut, son amour qui relève et qui donne de croire en la vie, une vie qui ait du sens, quoi que nous ayons à traverser.
Et cet amour, cet amour sauveur, vous en devenez témoins l’un pour l’autre déjà et concrètement. Vous êtes appelés à être l’un pour l’autre les mains de Dieu qui vont prendre soin et soutenir, et à être l’un pour l’autre la voix de Dieu qui osera des paroles de consolation, de réconfort, et même de pardon ; pour en devenir témoins ensemble, au fil des rencontres et des évènements.
Alors vous êtes pour cela donnés aujourd’hui l’un à l’autre comme une « aide », disait la 1ère lecture, une « aide » pour votre chemin de vie. Et vous le savez, Hugo et Lucie, on en a parlé plusieurs fois, je suis très sensible à cette idée de vous recevoir l’un l’autre comme l’aide que Dieu veut vous donner. Et si on regarde de près le texte de la 1ère lecture, ça va même plus loin : vous n’existez plus sans l’autre, au sens où il vous manquera toujours quelque chose sans l’autre.
Puissiez-vous le croire vraiment, et en faire une force de vie, y compris quand ce sera plus difficile. Ayez foi en cela, que l’autre vous est indispensable pour trouver comment avancer et prendre ensemble le bon chemin. Ayez foi que l’autre est celui ou celle qu’il vous faut pour prendre les bonnes décisions, les petites comme les grandes. Que l’autre est don de Dieu qui m’est fait et que je choisis de recevoir comme tel, et que là est le chemin de bonheur qui m’est proposé...
Alors oui, il y aura des épreuves, il y aura des doutes, il y aura parfois aussi des paroles ou des gestes qui font mal. Et il faudra décider résolument de s’appuyer sur la parole un jour échangée, l’engagement à s’aimer – et s’aimer quoi qu’il arrive –, et donc de s’en donner les moyens, peut-être même de se faire aider à mettre en mots et à entendre ce qui se jouera là entre vous et pour vous (cf. Mt 18,15-20).
Et sur ce chemin, n’oubliez jamais, Hugo et Lucie, que Dieu s’engage avec vous. Mais aussi qu’il ne peut pas grand chose sans nous, sans notre consentement à lui faire place. Il respecte trop notre liberté. Ce sera la question de votre vie de prière et de la place de l’eucharistie dans votre vie – demeurer en Dieu, disait l’évangile, comme lui veut demeurer en nous. Ce sera aussi la place et l’écoute de la Parole de Dieu, pour apprendre à voir comment il se fait proche de nous et à quoi ça nous appelle. Et c’est aussi la question des sacrements, notamment celui du pardon et de la réconciliation...
Dieu s’engage avec vous, avec nous, mais jamais sans nous. Il nous faut apprendre, nous le savons, à déposer en lui ce qui fait nos vies : nos joies comme nos questions ou nos incompréhensions voire nos colères ; il nous faut apprendre à crier vers lui et à lui demander qu’il aide et qu’il nous donne de voir comment il répond déjà dans nos vies, comment il est là, mais aussi comment on peut se soutenir très concrètement et discerner ensemble à quoi tout ce qui nous arrive nous appelle… Il nous faut apprendre à nous laisser conduire par son Esprit Saint ; et donc à le demander.
Tout cela nous le savons – pour la plupart d’entre nous –, mais c’est bon de se le redire et de vous le redire, Hugo et Lucie. Et votre chemin de vie ensemble n’en sera que plus beau. Pas forcément plus facile, mais plus beau. Et au cœur de toute épreuve qui pourrait surgir, votre amour n’en sera que plus solide et plus fort. Je le crois vraiment et c’est vraiment ce que je vous souhaite.
Alors je ne vais pas reprendre ni détailler ce qu’on a entendu dans la 2ème lecture, mais vous allez-là pas mal d’éléments concrets pour faire grandir cet amour, pour le rendre plus solide et pour qu’il rayonne. Si vous allez le relire, vous verrez que la prière est vraiment au cœur de tout ce qui est dit d’autre et qui concerne nos relations humaines. Gardez-précieusement ce texte, Hugo et Lucie, comme une feuille de route. Et si j’avais un conseil à vous donner je vous inviterais même à le relire souvent ensemble pour qu’il devienne vraiment votre charte de vie et une aide, aussi, pour relire comment vous allez, comment vous vivez votre sacrement de mariage, et ce qu’il faut peut-être réentendre ou réorienter ou corriger…
Et tout cela, vivez-le avec le Christ. En gardant bien à l’esprit qu’aujourd’hui vous vous donnez l’un l’autre et vous vous recevez comme une aide que Dieu vous donne à chacun. Une « aide », j’insiste. C’est votre mission, pour que votre couple vive alors la belle mission de rayonner de l’amour que vous vous portez – rayonner au sens de le vivre concrètement pour d’autres, et qu’il soit pour cela votre force de vie et le socle sur lequel construire patiemment et jour après jour…
Alors je ne sais comment les uns les autres nous recevons tout cela, comment ça nous rejoint ou ça nous questionne peut-être. Je ne sais non plus comment nous nous sentons engagés dans l’aventure avec Hugo et Lucie, car je crois que notre présence ici aujourd’hui nous engage d’une façon ou d’une autre avec eux.
Je propose que nous prenions quelques instants de silence pour laisser descendre en nous tout ce que nous avons entendu. Et tout simplement nous recueillons ce qui vient, ce que ça fait monter en nous, et nous le présentons au Seigneur dans le silence de nos cœurs. Nous lui demandons qu’il vienne là nous rejoindre, au cœur de ce qui nous habite, au cœur de ce que ça vient dire aussi de nous.
Et puis nous lui confions Hugo et Lucie avant que nous entrions ensemble dans le temps du sacrement de mariage à proprement parler, le temps des engagements. Amen.