Homélie dimanche 1er septembre 2024

22ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Dt 4,1-2.6-8 / Ps 14 / Jc 1,17-18.21b-22.27 / Mc 7,1-8.14-15.21-23

 

Ces lectures, elles viennent interroger notre rapport à la Parole de Dieu. A la fois comment nous écoutons – comment nous l’écoutons comme une Parole que Dieu veut m’adresser –, et du coup comment nous croyons que Dieu veut nous parler et qu’il le peut, comment nous lui faisons cette confiance-là, et en même temps la question de savoir qu’est-ce que ça change concrètement, comment ça joue dans nos vies ?

Et je trouve intéressant d’avoir ça à entendre pour un début d’année pastorale, et tout autant pour nous tous, ici dans cette paroisse et cette communauté, mais aussi pour notre nouveau curé et l’équipe des prêtres que nous allons être à votre service (la Team des deux Christophe !!) ...

Dans la 1ère lecture on a entendu l’appel de Moïse au peuple d’Israël à écouter les commandements de Dieu et à mettre en pratique. Et l’enjeu de ça il est très clair : vivre. Carrément. Vivre et voir les promesses de Dieu s’accomplir. C’est ça le programme. Et le chemin est facile, du moins facile à entendre : il s’agit d’écouter, écouter les commandements de Dieu, et mettre en pratique.

Pour rappel, quand Moïse dit ça au peuple d’Israël, nous sommes aux portes de la Terre promise, nous sommes vraisemblablement à la fin de cette longue traversée du désert, 40 ans, une traversée qui aura été difficile, au cours de laquelle le peuple a douté de Dieu et de ses promesses, s’est découragé, et s’est même détourné parfois de Dieu…

Et là une nouvelle page va s’écrire, avec l’entrée en Terre promise qui se profile. Une nouvelle page, un peu comme nous en ce début d’année pastorale et étudiante, un peu comme pour notre nouveau curé aussi qui prend la route là où le Seigneur le conduit. Et là aussi, à nous aussi, Dieu nous dit : « Écoute ! Écoute ce que je te dirai, écoute ce que tu sais déjà de mes appels, écoute, et mets en pratique, alors ce sera chemin de vie, y compris au cœur de ce qui sera peut-être plus difficile. Mais écoute ce que je t’ai commandé, ce que je t’ai déjà révélé, et vas-y ! Confiance. »

Ce qui est promis, c’est de vivre ! Ce qui est promis c’est la vie, quoi qu’il adviendra. Et avec Dieu qui est le Dieu qui tient promesses.

Et si un jour c’est plus difficile, si un jour on ne sait pas trop où on est censé aller ou si on ne sait plus trop où tout ça nous emmène, si on ne sait pas trop ce que Dieu veut pour nous, alors il nous faudra écouter et ré-écouter, et obéir, mettre en pratique ce que nous entendrons en nous de ce que le Seigneur est peut-être en train de souffler, de murmurer.

Et la balise à suivre, elle est claire ! Moïse invite le peuple à écouter les commandements que Dieu a donné. Et nous qui sommes disciples de Jésus nous savons que ces commandements se résument et s’accomplissent dans l’unique commandement de l’amour : aimer Dieu et aimer notre prochain comme nous-même, et nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés. On le sait tout ça et c’est extrêmement clair. Y’a plus qu’à !! Et c’est concret.

Aimer Dieu, nous aimer les uns les autres, aimer notre prochain. Et donc rayonner de cet amour, à l’exemple et à la suite du Christ.

Et vous disant cela je repensais ce matin à un verset d’évangile qui peut être comme une boussole pour notre vie communautaire, ici à St-Jo, et une phrase de Ste Thérèse de Lisieux – puisque certains d’entre vous étaient là-bas cet été avec le pèlerinage paroissial qui marquait la fin de notre année de Jubilé des 100 ans de cette basilique.

  • La phrase d’évangile elle est de St Jean, au chapitre 13 (c’est le chapitre du geste du Lavement des pieds) : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35).
  • Et Ste Thérèse, elle nous dit : aimer Jésus et le faire aimer.

Voilà le programme ! Voilà le programme pour cette nouvelle année et pour toute vie à la suite du Christ. Et ça ce sera à vivre dans l’écoute : l’écoute des uns et des autres ; dans l’écoute aussi, pour nous prêtres qui sommes envoyés pour vous accompagner et servir votre croissance humaine et spirituelle, dans l’écoute de vos besoins comme de vos rêves ou vos projets ; et puis dans l’écoute, pour nous tous, l’écoute des appels de Dieu, par sa Parole mais aussi par celles et ceux que nous rencontrerons, et notamment celles et ceux qui crient vers Dieu ou même ceux qui n’osent plus…

Voilà le programme ! Tout simplement.  Et ça, nous dit Jésus, c’est chemin de vie. C’est le chemin de vie que Dieu nous propose.

Et dans la 2ème lecture, St Jacques a d’ailleurs insisté : il dit par exemple que c’est à l’écoute de la Parole – la Parole de Dieu – que nous sommes engendrés – engendrés à la vie ! Et qu’il nous faut pour cela accueillir, dit-il, ce que cette Parole sera semée en nous, c’est-à-dire non seulement apprendre à l’entendre déjà là qui nous habite – à force d’écouter et peut-être même de la prier, cette Parole –, et en même temps recueillir ce qu’elle va réveiller ou appeler en nous : ce que ça va susciter, comment ça va rejoindre nos désirs de vie ou nos questionnements ou ce que nous aurons entendu dans le monde et autour de nous. Accueillir et recueillir ce que cette Parole murmure en nous. Et donc les appels que Dieu, là, veut nous adresser.

Alors on pourra mettre en pratique, répondre à ces appels, à notre petite mesure mais toute notre mesure ; et pas juste soi-seul, mais ensemble, en nous soutenant et en discernant ensemble ce qu’on va faire de tout ça. C’est aussi l’enjeu de notre vie communautaire et paroissiale, et c’est un des rôles par exemple de l’équipe paroissiale, autour du curé, et des respos de groupes pour les services de la paroisse ou tous les groupes étudiants, jeunes pros et autres…

En tout cas vous voyez un peu le chemin que ces textes nous indique ?! Écouter la Parole, et notamment entendre et réentendre l’appel à aimer, l’entendre au cœur de ce que nous vivons chacun et de ce qui nous sera donné de vivre ensemble ; et répondre, mettre en pratique – et là aussi chacun et ensemble. J’ai envie de dire : tout simplement !

Alors vous allez peut-être me dire : ok, mais quand même, en nous c’est pas si simple d’entendre qu’est-ce qui vient de Dieu ? En plus on fait l’expérience de ce que l’évangile a dit : tous ces trucs qui nous habitent qui ne sont pas toujours géniaux, qui sont un peu ténébreux parfois, ce qui est de l’ordre de la convoitise ou du jugement, la violence qui nous traverse aussi, sans même parler de ces addictions qui pourrissent la vie de certains d’entre vous et qui vous poussent parfois au découragement…

Et tout ça, oui, c’est bien réel en nous. Mais on sait bien, justement, que ça ne vient pas de Dieu et que malgré tout ça, et même au cœur de tout ça, l’appel reste le même : aimer, aimer Dieu, aimer l’autre, apprendre à s’aimer soi-même, et pour cela regarder et écouter le Christ dans sa Parole, le prier et lui confier tout ce qui nous habite et nous traverse, lui demander son Esprit Saint, qu’il nous éclaire, qu’il nous inspire aussi, et bien humblement apprendre à répondre, oser avancer, s’y mettre, et donc mettre en pratique.

Et je le redis : nous y aider les uns les autres, et donc oser se partager ce que l’on vit, nos désirs aussi, nos rêves ou nos projets, et on discernera ensemble ce qui est bon, ce que Dieu est peut-être en train de nous inviter à faire.

Et dans ce « nous aider les uns les autres », ici à St-Jo – St-Jo que notre évêque de l’époque a pensé et voulu comme une école de vie ecclésiale –, on a tout ce qu’il faut pour vous accompagner et vous aider à discerner dans ce qui vous habite qu’est-ce que Dieu peut bien vouloir vous dire, peut-être, et vous souffler. Je pense notamment au Pôle écoutant et la proposition de l’accompagnement spirituel. Je n’en dis pas plus sauf à insister sur un point : ne restez pas seul avec vos questions, on est là pour vous accompagner, et pour vous aider à discerner et entendre ce que Dieu veut peut-être vous dire au milieu de tout ce qui s’agite parfois en vous ; ici à St-Jo y’a tout un tas de gens formés sur qui s’appuyer et à qui on peut faire appel, faites signe.

Et en tout cas – je terminerai par là – entendons aujourd’hui encore que Dieu compte sur nous, pour être ses témoins, témoins de cet amour sauveur que le Christ est venu manifester. Et que Dieu nous dit pour cela et à chacun : « Écoute, écoute ce que je te commande – ce que je te propose comme chemin –, écoute ce que je vais te dire, en toi, par ma Parole et par les rencontres que tu feras, écoute et tu verras : il y a là un chemin de vie, fais-moi confiance. »

Et il ajoute même : « Ne soyez pas comme ces pharisiens de l’évangile qui savent les choses, qui les enseignent et demandent aux autres de les vivre et d’obéir, mais qui oublient de se l’appliquer à eux-mêmes, c’est-à-dire qui ne mettent pas en pratique. »

Parfois, même si nous voudrions pourtant, nous n’osons pas, nous avons peur d’y aller vraiment, on ne se sent pas assez fort dans la foi ou on voit trop bien tout ce qui ne va pas en nous. Alors s’il vous plaît, n’oubliez pas cette vérité que j’ai reçu quand j’avais votre âge de frère Roger de Taizé – frère Roger qui était le fondateur de la communauté de Taizé – frère Roger qui disait souvent : « le petit peu de l’évangile que tu as déjà compris, tu peux déjà en vivre ».

Alors osons ! Et demandons au Seigneur sa force pour cela, dans cette eucharistie ; demandons-lui qu’il soit là avec nous sur le chemin, ou plutôt : que nous soyons sûrs et confiants qu’il est bien là avec nous sur ce chemin. Amen.

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