Homélie dimanche 10 novembre 2024

32ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

1R 17,10-16 / Ps 145 (146) / He 9,24-28 / Mc 12,38-44

 

En priant ces textes, ce matin, ce qui m’a frappé c’est combien ça vient interroger notre foi : la question de notre confiance en Dieu ; et comment, ou pourquoi, d’ailleurs.

La foi ça n’est pas d’abord pas seulement de savoir des choses sur Dieu, aussi belles et intelligentes seraient-elles, et même si c’est important d’apprendre à comprendre qui est Dieu et comment il veut se rendre présent à nos vies, comment il s’y prend, et ce qu’il veut pour nous. Et je ne peux que vous encourager à participer aux « Soirées de F.E.U. », notamment le parcours sur la foi de l’Église, avec Sœur Annie – c’était mercredi – mais aussi les soirées où on va vous aider à plonger dans l’univers biblique – c’est mercredi qui vient.

La foi c’est d’abord et c’est surtout une histoire de confiance. Confiance en Dieu et en ses promesses de vie. Et c’est ça qu’on a entendu dans la 1ère lecture, c’est ça aussi que nous donne à voir cette scène d’évangile que Jésus nous pousse à regarder de près.

En nous invitant à regarder cette pauvre veuve qui n’a quasi rien à déposer dans le trésor du Temple mais qui donne tout ce qu’elle a, en nous invitant à la regarder et à voir que le peu qu’elle a elle l’a tout donné, en nous invitant, donc, à voir cette pauvre veuve qui donne tout ce qui lui reste, Jésus nous invite à voir le pourquoi de cela, il nous invite presque à entendre son cri. Si elle donne tout ce qu’elle a, tout ce qui lui reste, aussi peu cela soit-il, c’est qu’elle n’attend sans doute plus grand chose de la vie, et que son dernier recours c’est Dieu.

Et la voilà qui est venu au Temple, qui affronte les regards qui jugent et qui observent ce que les gens donnent et qui va dire je ne sais quoi de leur foi – franchement on s’illusionne même si pourtant ça nous guette parfois nous aussi, de bien des manières. En tout cas elle est là, elle a osé venir, et elle n’a plus rien d’autre pour elle que de crier intérieurement vers Dieu, l’implorer, tout remettre auprès de lui, même les quelques centimes qui lui restent. Une sorte de « Si ça pouvait marcher, en tout cas, y’a plus que toi Seigneur qui peut quelque chose pour moi » …

On aurait vite faire de la juger cette pauvre veuve, et de juger sa foi, trouver que c’est pas très gratuit tout ça. Mais regardons-la vraiment : elle n’a plus rien, elle donne tout ce qui lui reste ; le tout petit peu qu’il lui restait pour survivre, elle le donne à Dieu. Ça dit la foi qu’elle a, la foi qui lui reste. Elle n’a en fait plus que cela : « Toi seul, Seigneur, peut maintenant quelque chose pour moi » …

Et c’est ce qui m’a frappé aussi dans la 1ère lecture : la confiance que cette autre veuve fait à la parole du prophète. Elle obéit presqu’aveuglément à ce qu’il lui demande, y compris sacrifier ce qui pourrait être son dernier repas.

« Fais confiance, lui dit-il, Dieu ne t’abandonnera pas à la mort ». Et elle s’exécute. A vue humaine on se dirait qu’elle est complètement folle, elle aurait mieux fait de garder son petit reste de farine. Non, elle s’exécute, elle va mettre sa confiance folle dans cette parole. Cette parole qui lui dit : « Fais confiance, Dieu est là avec toi, malgré les apparences immédiates peut-être, mais il est là, il est là avec toi, il ne va pas t’abandonner à la mort. Mais fais confiance » …

Est-ce qu’on serait prêts à ça, nous ? Une question, d’ailleurs, qui n’a aucun intérêt, en tout cas si elle reste abstraite. L’enjeu c’est de voir ce qui dans notre vie bien concrète a besoin de cette promesse de vie de Dieu, et alors est-ce qu’on est près à croire que là, en ce lieu-là qui a besoin d’un salut, alors Dieu peut quelque chose pour nous et que ce quelque chose ça s’appelle la vie, vivre, malgré tout peut-être ou parfois, mais vivre, vivre pleinement, vivre encore, vivre.

C’est la finale de notre 1ère lecture : la vie en surabondance. Dieu a accordé un « plus » de vie. Et même : la vie. En apparence c’était terminé, la mort allait gagner ; mais dans les faits, la confiance que cette femme a mise dans la parole d’Elie ça l’a ouverte à la vie qui va continuer.

Dans la foi chrétienne – si je rebascule du côté des mots ou du contenu de la foi – ça s’appelle la résurrection et le salut. La résurrection de Jésus qui dit ce mystère de la vie qui va être plus forte que tout mal et que tout péché, la vie qui va être plus forte que toute mort, cette résurrection qui nous est promise si nous voulons bien y croire, si nous voulons bien mettre notre confiance en Dieu, Dieu qui est le Dieu sauveur. Et c’est d’ailleurs ce que veut dire le prénom de Jésus : « Dieu-sauve ».

Et la 2ème lecture nous l’a justement rappelé : Jésus a consenti à mourir pour nous sauver, nous libérer du péché et de l’emprise du péché qui conduit à la mort. Et quand on parle du péché c’est non seulement le mal que je fais – mon péché – mais c’est aussi ce péché du monde qui défigure nos vies, ce mal qui nous tombe dessus et qui peut être parfois la conséquence de tout ce mal que nous faisons et qui abime ce monde et toute vie, ce mal qui dérégule tout, ce mal qui nous fait souffrir et désespérer alors d’un sens à tout ça.

Jésus est venu nous libérer de tout péché, de tout mal, de toute mort. Il est venu manifester l’amour sauveur du Père, il est venu révéler le cœur aimant du Père qui veut apaiser toute blessure et nous ouvrir à la vie en surabondance, malgré tout, malgré ce mal qui nous tombe dessus ou que nous faisons.

Et Jésus prend même sur lui ce mal, il meurt à cause de la violence des hommes et de notre incapacité parfois à vouloir le bien et à accueillir l’amour qui se donne, l’amour qui nous appelle, l’amour qui seul devrait guider nos vies.

Jésus s’est offert pour nos péchés, pour nous libérer de tout péché et de tout mal. Et c’est promesse de vie. C’est promesse de vie qui est confiée à notre foi.

Est-ce que nous mettrons notre confiance en Dieu, au cœur de toute épreuve qui peut-être nous tombe dessus ? Est-ce que nous nous aiderons à cela, à croire et à tenir dans cette confiance, parce que c’est bien l’enjeu de la vie chrétienne et de la vie fraternelle ? Est-ce que nous voudrons bien, alors, en être humblement témoins pour d’autres ? Non seulement tenter de balbutier quelque chose de notre petite expérience – combien la confiance en Dieu, malgré tout parfois, a pu ouvrir pour nous un chemin de vie, combien la vie a pu être re-suscitée en nous –, et est-ce que nous voudrons bien croire alors, et entendre, combien ça peut devenir force de vie pour aider d’autres et pour apprendre humblement à les rejoindre, au lieu même de leur souffrance ou de leur pauvreté ou de leurs découragements ?

La Bonne nouvelle que nous n’aurons jamais fini d’accueillir, je crois, et d’entendre, cette Bonne nouvelle que nous avons à vivre, c’est cette histoire de confiance, de foi, cette confiance à laquelle nous sommes appelés, confiance et foi en ces promesses de vie que Dieu nous fait, en son salut, ce : quoi qu’il nous arrive, si on le vit avec Dieu, alors ça n’aura pas le dernier mot de notre vie.

La vie est et sera plus forte que tout mal. C’est notre espérance, et ça peut changer concrètement notre perception du monde et de nos épreuves. Et c’est là, au cœur de ce réel-là, que je suis appelé à faire place à Dieu et à crier vers lui. Comme notre pauvre veuve de l’évangile.

Et l’auteur de l’épître aux Hébreux nous l’a dit dans la 2ème lecture : Jésus intercède pour nous auprès du Père – il se tient maintenant pour nous devant la face de Dieu, avons-nous entendu –, et donc il porte et dépose auprès du Père tous nos cris, toutes nos prières, et il intercède pour que nous ayons foi en ce salut de Dieu, cette promesse de vie pour toujours, c’est-à-dire pour toujours, au-delà de la mort, mais pour tout-jours – en deux mots –, chaque jour et donc déjà maintenant, dès aujourd’hui…

Alors je ne sais ce que vous vivez les uns les autres, je ne sais comment vous osez crier ou pas vers Dieu, et ce que vous lui demandez. Mais entendons s’il vous plaît cet appel qu’il nous adresse à lui faire confiance, mettre toute notre confiance en lui et en sa promesse de vie. Ayons foi en son « Je suis avec vous pour toujours » qui sont les derniers mots de Jésus ressuscité dans l’évangile de Matthieu (Mt 28,20), ayons foi en sa présence qui se donne en chaque eucharistie mais aussi dans le silence de la prière ou par tel ou tel que je vais rencontrer et qui va m’aider à garder confiance ou en tel évènement qui, peut-être, va me permettre de me remettre en route ou d’y croire à nouveau…

Dieu veut pour nous le salut. Quoi que nous traversions. Et il nous dit : « Je suis là, je suis là avec toi dans ton épreuve, et je te le promets : je ne t’abandonnerai pas au pouvoir du mal et de la mort, mais là je vais te rejoindre et te manifester ma présence, mon amour et mon salut. Fais-moi juste confiance… »

Alors je le redis, je ne sais ce que vous vivez les uns les autres, si vous avez la confiance facile ou pas ou si elle a déjà été mise à rude épreuve ou pas encore. Mais tout simplement prenons le temps de déposer au Seigneur ce qui nous habite, là maintenant, prenons le temps de lui confier ce que ces mots viennent peut-être réveiller en nous, ce qui nous vient, ce que ça fait remonter en nous. Déposons-le auprès du Père, demandons au Christ de le porter avec nous et de croire avec lui en cette victoire de la vie qu’il nous a déjà acquise. Amen.

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