22 Décembre 2024
4ème dimanche de l’Avent - Année C
Mi 5,1-4a / Ps 79 / He 10,5-10 / Lc 1,39-45
Dans la 1ère lecture, dans le livre du prophète Michée, on a entendu une annonce et une promesse.
Cette promesse de paix, elle doit mettre en branle votre mémoire biblique et ça peut vous faire penser à un texte qu’on entend chaque année dans la nuit de Noël – donc dans quelques jours – où on nous dit qu’une lumière vient, une lumière qui va éclairer le pays de l’ombre dans laquelle le peuple est plongé, et que cette lumière, Celui qui vient, on l’appellera notamment Dieu-Fort et Prince-de-la-Paix. C’est au livre d’Isaïe, au chapitre 9 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur le pays de l’ombre une lumière a resplendi. (…) Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné (…) ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (…) » etc.
Dieu-Fort… Cette force de Dieu, elle vient dans la fragilité, elle se révèle dans cette fragilité dont parle d’ailleurs le prophète Michée quand il annonce que ça viendra dans le plus petit des clans de Juda, ça viendra dans ce petit reste de rien du tout et que ça vient par une naissance annoncée, un petit enfant tout fragile appelé à se dresser, nous dit Michée, et à devenir ce Berger promis pour le peuple.
La force de Dieu va se révéler dans la fragilité d’une petite vie naissante. Et nous savons, puisque nous connaissons la suite de l’histoire, nous savons que toute la vie de Jésus va dire la puissance de l’amour de Dieu au cœur de cette fragilité, la sienne – il va mourir sur le Croix –, comme la nôtre, puisqu’il va venir nous rejoindre au cœur de toute épreuve pour offrir-là et révéler en ce lieu-là de nos vies cette puissance de l’amour sauveur de Dieu. Cet amour qui va apaiser nos cœurs et nos corps et nous donner de nous relever et d’avancer sur le chemin de la vie…
Avec le prophète Michée, donc, et la 1ère lecture : une annonce et une promesse. Dieu vient, tel un Berger, et il va donner la paix…
Dans la 2ème lecture, dans l’épître aux Hébreux, on a fait un pas de plus, et on a entendu que Celui qui vient, et qui vient de Dieu – Dieu lui-même par son Christ –, Celui qui vient il vient faire la volonté du Père.
Quelle est-elle cette volonté du Père ? Et là je pense à l’évangile selon St Jean quand il écrit au chapitre 3 (je cite de mémoire) : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils, son Unique, afin que le monde, par lui, soit sauvé ». La volonté de Dieu pour nous c’est le salut. Être libérés de tout ce qui nous empêche d’être pleinement vivants, tout ce qui nous empêche d’être en paix et de vivre ce qu’il y a à vivre, y compris les épreuves. Ne pas subir ce qui vient, mais nous aussi nous redresser – nous dresser comme Celui qui vient –, et pouvoir avancer et nous laisser conduire par Lui.
Je vous rappelle ce qu’on a entendu du prophète Michée, celui qui vient il vient tel un Berger, il vient conduire son peuple et en prendre soin. Et là, me vient le Ps 22 : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure » …
La volonté de Dieu pour nous c’est le salut. C’est croire en cette vie plus forte que tout mal et que tout chemin de mort. Et le Christ s’offre en sacrifice pour cela, pour nous ouvrir ce chemin-là de vie et d’espérance, ce chemin-là de confiance, quoi que nous ayons à vivre et à traverser, et même au cœur de cela.
Et le Christ qui vient faire la volonté du Père, le Christ qui vient nous ouvrir aux promesses de salut et donc de vie, le Christ qui vient offrir toute paix, et déjà la paix du cœur, le Christ s’est offert par amour sur la Croix pour nous sauver de tout péché et de tout mal, il s’est offert par amour pour que le mal et la mort n’aient plus le dernier mot de notre vie. Et c’est bien ce que nous célébrons et revivons à chaque eucharistie, où il se donne et vient demeurer en nous pour nous ouvrir à cette paix du cœur qui nous est promise et qui sera force de vie pour continuer le chemin des jours.
Voilà ce que nous célébrons à chaque eucharistie, voilà ce que nous allons célébrer à Noël aussi.
Et ce salut, il est et il sera telle la lumière dont parlera Isaïe dans la nuit de Noël. Peut-être pas éblouissante et aussi grande qu’il le dit, peut-être n’est-ce qu’une petite lueur au loin quand nous nous sentons parfois pris dans des ténèbres denses et obscures ou quand nous désespérons de l’état du monde et de la violence qui le défigure ; mais notre foi c’est ça : que quoi qu’il nous arrive, une petite lueur de vie est là quand même, et qu’à sa petite mesure elle peut éclairer la nuit qui nous entoure. Parfois imperceptiblement, au loin, puis nos yeux s’habituent et les choses vont s’éclairer petit à petit. Et nous allons faire l’expérience qu’une certaine paix gagne notre cœur, et même que nos peurs se dissipent ou s’apaisent ; et alors nous consentons à vivre et à avancer de nouveau...
Voilà ce que le Christ veut nous offrir. Voilà ce que nous devons accueillir et donc demander comme grâce de Noël !
Puissions-nous y croire, puissions-nous être renouvelés en ces jours qui viennent par cette espérance, cette espérance qui peut alors devenir un vrai moteur de confiance et de vie, malgré ce que nous aurons à traverser. Et ça je vous l’assure, c’est mon expérience à ma petite mesure – moi c’est avec la maladie et les rechutes en cascade, d’autre ce sera autrement, mais vraiment, je vous l’assure : cette confiance-là, cette espérance à demander et à faire grandir en nous, ça peut vraiment être un moteur de vie, au cœur du réel parfois difficile et douloureux. Mais un réel où la vie est bien là quand même, telle une petite lueur d’espérance, et qui est donc à accueillir et à faire grandir…
Dieu veut pour nous la vie… Et le Christ vient nous révéler que l’amour donne vie, celui que je vais recevoir comme celui que je peux offrir. L’amour est sauveur.
Alors puissions-nous entrer déjà dans la joie de l’évangile de ce jour, entrer déjà dans la louange qui habite le cœur de Marie et que chante Elisabeth.
Comme Jean-Baptiste puissions-nous reconnaître et accueillir déjà la présence de celui qui vient, celui que nos yeux ne voient pas mais qui est bien là avec nous, déjà. Et qui déjà peut nous donner d’entrer dans cette joie, cette joie qui se communique entre Marie et Elisabeth, cette joie qui est même déjà présente, mystérieusement, entre Jésus et Jean-Baptiste.
Et comme Marie, puissions-nous croire et entendre que Dieu compte sur nous, non seulement pour le recevoir et prendre soin de sa présence fragile en nous et dans ce monde, mais aussi pour l’enfanter autour de nous, le porter à d’autres ; que sa présence en nos vies soit comme une force de vie, un moteur, pour aller à la rencontre de celles et ceux qui sont là autour de nous et qui ont besoin d’une présence ou d’une aide bien concrète – comme Elisabeth… Le salut ça passe déjà par là, ça se joue déjà dans ces petits actes d’amour que nous arrivons à vivre, et ceux qui sont à venir.
Et du coup retenons ce jour, non seulement l’annonce que celui qui vient veut nous conduire et nous guider tel un berger, un berger qui va prendre soin de nous, et que cette présence, cette venue, elle est promesse de paix ; mais entendons aussi l’appel qui en découle : en être témoins, être témoins de cette paix, être témoins de cet amour sauveur, en être des témoins en actes dans le réel concret de ce que nous vivons ; et pour ce faire y croire, y croire pour nous-mêmes déjà, et pour ce monde, alors nous pourrons en vivre autour de nous, à notre petite mesure mais toute notre mesure. Tout simplement…
Alors demandons cette grâce-là pour ces jours de Noël qui viennent. Demandons la grâce de croire en cette paix promise, et croire que l’amour de Dieu pour nous est force de confiance et d’espérance, et que si nous en vivons un peu-beaucoup-passionnément-à la folie alors ce monde en sera éclairé. Et notre monde comme nos vies à chacun en ont besoin, nous le savons bien.
Alors offrons tout cela au Seigneur, là maintenant déjà, dans le silence de nos cœurs. Offrons-lui ce que ces mots viennent éveiller en nous. Et demandons-lui, dans cette eucharistie, de nous rejoindre chacun, de nous ouvrir à sa paix, et que ça nous rende bien humblement témoins de lui, le Christ, et de l’amour du Père. Amen.