25 Décembre 2024
Nativité du Seigneur - messe du jour
Is 52,7-10 / Ps 97 / He 1,1-6 / Jn 1,1-18
Avec ces textes nous sommes invités à un double mouvement : à la fois (1) entrer dans la contemplation du mystère de que nous avons célébré cette nuit, contempler le mystère de l’incarnation, le mystère du Verbe fait chair qui vient éclairer notre vie, l’éclairer de sa présence ; et en même temps (2) entrer dans la louange et la joie de cette venue du Sauveur, sa venue en notre chair, sa venue en notre humanité, entrer dans la joie et la louange au Dieu qui a tenu promesses.
Et même Dieu qui tient promesses, car c’est à vivre et à entendre au présent : l’éternité entre désormais dans le temps et vient le transfigurer…
Avec le prophète Isaïe et tout le peuple d’Israël, éclatons en cris de joie ! Éclatons en cris de joie, oui, car celui que nous guettions et que nos cœurs cherchent, celui que nous attendions et que nous apprenons à accueillir au fil des jours, celui que les prophètes avaient annoncés, le voilà qui est venu et qui vient naître aujourd’hui encore en notre monde et même en notre humanité. Le Verbe s’est fait chair, le Verbe de Dieu vient à nous pour se dire et pour révéler le Père et son amour sauveur.
Grande joie pour toute la terre qui a tellement besoin de cette Bonne nouvelle ! Grande joie pour nous aussi, qui nous trouvons parfois dans la nuit ou les ténèbres, et qui avons peut-être besoin d’être renouvelés dans l’espérance, c’est-à-dire dans cette confiance que oui, Dieu est là parmi nous – Emmanuel – et que oui, Dieu sauve et veut nous sauver aujourd’hui encore et nous renouveler dans l’espérance qui est cette confiance que Dieu tient promesses…
Entendons, avec Isaïe et tout le peuple d’Israël, que celui que nous fêtons vient nous ouvrir à la consolation de Dieu – et nous y appeler à sa suite. Et entendons que le salut est là et donc que le mal n’a plus et n’aura plus le dernier mot de notre vie…
Entendons, oui, qu’une lumière nouvelle peut illuminer nos traversées et nous donner d’en percevoir autrement le sens et le chemin qui là se fraie en nous, malgré tout, celui de la vie qui est là, plus forte que tout mal et plus lumineuse que toute nuit. Parfois toute petite, imperceptible, telle une petite étoile au loin, mais une lumière qui pourtant va éclairer notre route d’une clarté nouvelle.
Alors grande joie, oui, une joie à accueillir et à faire nôtre, pour en rayonner autour de nous, à notre mesure, selon notre vocation et notre état de vie, mais qu’elle puisse éclairer d’autres, d’autres qui marchent eux aussi dans cette nuit qui marque toute vie, d’autres qui sont en attente, comme nous, de cet amour sauveur du Père qui se fait miséricorde, c’est-à-dire consolation et pardon, et qui donne et peut redonner espérance, c’est-à-dire confiance en ce qui est et ce qui vient. Malgré tout parfois, malgré les apparences premières et immédiates qui parfois nous accablent ou qui peuvent nous faire douter de Dieu et d’un sens à la vie telle qu’elle est, dans le réel concret de ce que nous avons à vivre.
Oui, le Verbe s’est fait chair, nous dit St Jean… Saurons-nous l’écouter mais aussi lui prêter nos voix ?
Le Verbe s’est fait chair et il est la vraie Lumière… Saurons-nous le laisser illuminer tout ce qui fait nos vies et laisser cette lumière éclairer nos questionnements, jusqu’aux plus sombres qui envahissent certains autour de nous ?
Je pense par exemple à ces étudiants qui ont enterré une des leurs, il y a quelques jours, cette jeune qui s’est donnée la mort, ce qui les laisse perdus et assaillis de questions… Je pense aussi à celles et ceux qui n’en peuvent plus des bombes et de la haine qui empêche tout désir de pardon ; mais également celles et ceux, plus près de nous, qui désespèrent face à la violence et la vengeance qui défigure parfois leur quotidien et leurs relations, jusque dans certaines familles…
Le Verbe s’est fait chair, il veut nous rejoindre et que se dise la consolation de Dieu et son amour sauveur, il veut nous donner à entendre et à croire en la force du pardon… Saurons-nous entendre et en devenir témoins pour d’autres ?
Alors prions, prions en déposant tout cela au pied de Jésus, dans la crèche.
Prions en offrant à l’enfant-Sauveur ce qui, dans notre vie à chacun, a besoin de ce salut et de cette lumière, et ce qui en a besoin aussi autour de nous et dans le monde. Prions et crions, même ; que ces mots qui nous habitent puissent se transformer en cri de joie et de louange, en action de grâce de voir le Seigneur prendre et porter tout cela avec nous et nous donner de grandir dans la confiance et dans cette espérance à laquelle nous sommes appelés, celle de croire que oui, malgré tout, oui, Dieu tient promesses, nous le croyons, nous le fêtons ce jour, et nous pouvons en faire une force et un moteur de vie pour le concret des jours…
Alors entrons déjà dans cette joie… Demandons-la, s’il le faut ; pour nous, pour nos familles et dans nos diverses communautés humaines et ecclésiales ; et demandons-la, cette joie, pour ce monde qui en a tant besoin.
Que la lumière de la paix gagne nos cœurs et qu’elle puisse se répandre bien simplement grâce à ce que nous vivrons de l’Évangile et du Christ Jésus – le Christ Jésus qui est Parole de Dieu, le Christ Jésus qui est la Parole que Dieu veut nous adresser…
Et que cette eucharistie, déjà, nous renouvelle dans cette confiance, qu’elle nous donne d’accueillir et d’entendre cet appel à devenir ensemble « pèlerins de l’espérance » – c’est l’invitation que nous adresse le pape François pour toute cette année jubilaire qu’il a ouverte hier soir. Amen.