12 Décembre 2024
Nous sommes fin 2022. L’auteur de ces pages pleines d’humour a reporté plusieurs fois son voyage. Cette fois il y est. Joie ! À un bémol près : il est averti juste avant le décollage qu’il ne faut pas y aller. Le ministère est catégorique. C’est trop dangereux, ce n’est pas le moment. Dommage, l’avion est sur le point de décoller.
Là-bas c’est la répression. Une jeune femme vient de mourir sous les coups de la police des mœurs, son voile était mal positionné alors on l’a embarquée. Mais visiblement la révolte gronde, Mahsa Amini devient un symbole et sa mort agit surtout tel un déclencheur, le courage semble vouloir remplacer la peur, les manifestations battent leur plein et la répression avec.
Mais l’auteur nous le dira : méfions-nous toujours de l’effet-loupe de nos médias et en plus quand on est loin, que ça se passe à l’étranger…
Pour l’heure, François-Henri Désérable se retrouve à Téhéran et il va faire quand même ce périple tant attendu. Qui s’inscrit, pour lui, dans la suite d’un autre, en 1953, dont il avait lu le récit alors qu’il entrait dans l’âge adulte. Il nous raconte cela au fil de son propre récit.
Nous voilà plongés avec lui dans ce voyage, au gré des villes et des rencontres, au cœur des ras-le-bol d’un peuple, de la peur aussi mais d’un désir pour certains d’en finir. On croise aussi des pros-régime-en-place mais qui ne sont pas forcément anti-américains comme on pourrait le croire et qui savent laisser de côté la politique devant un bon match de foot, etc. etc.
Et puis, avec notre auteur on va aussi tomber aux mains des Gardiens de la Révolution, et là ce sera la fin du voyage et, pour lui, la mise en mots de ce récit. Une « belle » plongée au cœur de ce qui se vit là-bas, dans un style qui vous permet d’en être comme dans un roman, avec de l’humour aussi qui rend possible de lire tout ça sans être terrassé par la peur ou l’horreur de la violence.
À lire, je crois. En tout cas j’avais vu passer plusieurs recommandations sur les réseaux et je ne suis pas déçu de m’y être plongé. Je recommande donc à mon tour.
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François-Henri Désérable, L’usure d’un monde, folio, septembre 2024 (Gallimard 2023), 178 pages (format poche)
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Du même auteur j’avais déjà lu et recommandé sur ce blog son roman Mon maître et mon vainqueur qui a reçu le Grand Prix du Roman de l’Académie française 2021 – une des raisons, d’ailleurs, à ce voyage plusieurs fois décalé !