Homélie « Dimanche de la Parole de Dieu »

3ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Dimanche 26 janvier 2025

Ne 8,2-4a.5-6.8-10 / Ps 18B / 1Co 12,12-30 / Lc 1,1-4 ; 4,14-21

 

Je l’ai dit au début de la messe, ce dimanche c’est donc un dimanche particulier que le pape François a instauré en 2019 comme « Dimanche de la Parole de Dieu ». L’enjeu c’est de nous aider ou nous obliger à faire un petit arrêt sur image et nous demander comment on fait place à la Parole de Dieu dans notre vie chrétienne ; l’enjeu c’est qu’on prenne conscience de cette centralité de la Parole pour une vie chrétienne authentique.

Parce qu’être chrétien, ça n’est pas d’abord obéir à des préceptes de l’Église, aussi juste et évangéliques soient-ils ; être chrétiens c’est être disciples de Jésus, être disciples d’un maître que nous allons donc écouter, c’est être disciples de Jésus que nous confessons comme Christ et sauveur, Fils de Dieu, et qui est le Verbe de Dieu, le Verbe fait chair – on l’a entendu le jour de Noël avec le beau Prologue de l’évangile de Jean – ; le Christ Jésus est la Parole que Dieu nous a adressée, qui s’est fait homme, et par laquelle Dieu veut aujourd’hui encore nous parler.

Et c’est bien pour cela que d’eucharistie en eucharistie, et notamment de dimanche en dimanche, nous prenons le temps de nous mettre à l’écoute de ces vieux textes du passé, y compris ceux de l’Ancien Testament qui nous racontent comment Dieu a préparé son peuple à le connaître et à l’écouter, à le recevoir aussi, pour que sa Parole puisse s’étendre à tous, non seulement à toutes les nations mais aussi à tous au-delà des générations.

Et on l’a entendu avec l’évangile de ce jour comme dans la 1ère lecture déjà, la proclamation des Écritures a toujours eu une place dans la liturgie, et déjà dans la liturgie juive. Avec déjà la place de ce qu’on appelle aujourd’hui l’homélie, pour actualiser cette Parole, c’est-à-dire pour donner à entendre comment elle peut s’incarner dans notre aujourd’hui à nous, au cœur de ce que nous vivons, au cœur du monde dans lequel nous vivons. Car Dieu nous veut dans le monde, il nous veut semence de salut pour le monde, ce monde défiguré par le mal et la violence des hommes.

Dieu veut sauver tous les hommes, et pour ce faire Dieu veut se donner à connaître. Et c’était la mission du peuple d’Israël, un peuple que Dieu s’est donné pour être témoins au milieu des nations qu’il y a un Dieu qui est là, un Dieu qui veut offrir son salut, un Dieu pour tous.

Et quand on va lire l’histoire du peuple d’Israël, dans l’Ancien Testament, on voit bien que c’est laborieux d’être fidèle à Dieu et à ses appels, on voit bien que c’est difficile de se laisser faire et de se mettre vraiment à l’écoute de Dieu et de vivre vraiment ses appels. Et c’est pour cela que des prophètes se sont levés, pour réveiller le peuple de ses endormissements et pour que le peuple prenne conscience de ses éloignements et ses égarements, qu’il fasse retour vers Dieu…

Alors à la synagogue, on écoutait cette Parole des Écritures, pour faire mémoire de l’œuvre de Dieu et de ses appels. Et quand Jésus va à la synagogue de Nazareth, ce jour-là, il va lui aussi se mettre à l’écoute de tout cela, comme tout bon juif.

Ceci dit, vous aurez remarqué qu’on avait visiblement déjà repéré chez lui une sagesse de Dieu, puisqu’on lui laisse faire le commentaire Et ce jour-là, sa prise de parole est courte et incisive – plus que la mienne ! – : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »… Et ce passage, vous l’avez entendu vous aussi, c’était celui du prophète Isaïe qui annonce ce messie de Dieu sur qui reposera l’Esprit Saint et qui va apporter le salut de Dieu.

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » … On pourrait se dire, nous aujourd’hui, que c’est des mots du passé, que ça concerne Jésus, et donc c’est fait. Mais ce serait oublier ce qu’on a entendu avec la 2ème lecture : nous sommes le Corps du Christ, un Corps avec différents membres, chacun selon notre vocation ou nos missions ou nos charismes propres, nos talents, mais nous sommes son Corps.

Et aujourd’hui encore, Dieu veut se faire proche de chacun, Dieu veut rejoindre celles et ceux qui ont besoin du salut. Aujourd’hui encore il veut se donner à connaître et nous adresser une Parole de Vie. Et ça c’est notre mission. Puisqu’après sa résurrection Jésus a envoyé ses apôtres et ses disciples pour annoncer le salut, l’annoncer en paroles et en actes. Et ça, c’est pour aujourd’hui encore, grâce à ce que nous vivrons de l’Évangile, grâce à ce que nous vivrons des appels de Dieu aujourd’hui.

Et du coup, très concrètement, ça veut dire que cette courte homélie de Jésus à la synagogue de Nazareth, elle nous concerne aussi comme Parole au présent : est-ce que nous voulons bien croire que le salut c’est pour aujourd’hui !? Est-ce que nous voulons bien croire que Dieu nous parle encore aujourd’hui ?! Est-ce que nous voulons bien croire qu’il compte sur nous, à notre petite mesure mais toute notre mesure, qu’il compte sur nous, chacun et ensemble, et que pour ce faire, pour faire son œuvre à lui, alors non seulement il va nous donner sa force de vie et d’amour qu’est l’Esprit Saint, mais il nous appelle en même temps à écouter ses appels aujourd’hui, pour entendre ce qu’il attend de nous dans l’aujourd’hui de ce monde et de notre vie ?!

Il y a un acte de foi à poser : Dieu compte sur nous et il nous parle. Dieu veut offrir et révéler aujourd’hui encore son salut, à chacun de nous mais en fait à tous, à tous les hommes, à toute l’humanité. Et pour ce faire il n’a que nos mains d’hommes et de femmes qui apprendront à prendre soin de celui qui souffre, et il n’a que nos voix d’hommes et de femmes qui oseront des paroles de pardon et de réconfort, des paroles de consolation et de réconciliation…

La question du coup, c’est comment nous faisons ce pari de confiance que Dieu veut nous parler aujourd’hui encore, et donc comment nous allons l’écouter mais aussi contempler comment lui il s’y prend. Et pas que le dimanche avec l’homélie, même si c’est déjà bien, parce que Dieu veut aussi nous parler à chacun personnellement.

L’enjeu pour nous tous, l’enjeu pour une vie chrétienne authentique, une vie de disciples qui suivent un maître, en l’occurrence Jésus, l’enjeu c’est d’écouter sa Parole, c’est d’apprendre à l’écouter jour après jour ou déjà semaine après semaine. Et c’est un vrai enjeu spirituel et ecclésial, un enjeu personnel pour votre vie de foi à chacun – car Dieu veut vous parler personnellement – et un enjeu pour l’Église, pour le Corps du Christ que nous sommes appelés à être et à devenir, que nous puissions entendre ce que Dieu attend de nous aujourd’hui, entendre comment il nous vaut dans le monde tel qu’il est et au cœur des blessures de ce monde et des interrogations qui le traversent. Pour être témoins du salut, témoin d’un salut possible, un salut que Dieu veut offrir et qu’il nous faut déjà apprendre à révéler.

Alors juste j’aimerais ce soir – et je vais terminer par-là, promis –, j’aimerais qu’on se demande chacun quelle est la place de la Parole de Dieu dans notre vie.

Par exemple : comment, déjà, est-ce qu’on l’écoute le dimanche, et qu’est-ce qu’on essaye notamment d’en retenir ? Je vous invite par exemple, en rentrant chez vous après la messe, à essayer de noter un verset ou quelques mots de l’homélie que vous pourriez garder et méditer dans la semaine. Et ensuite laissez faire le Seigneur, il va travailler vos cœurs…

Et puis quelle est la place de la Parole dans votre vie de prière, puisque nous croyons que Dieu veut nous parler aujourd’hui encore ?!

Parfois vous nous dites que vous ne savez pas trop comment vous y prendre, que c’est dur à comprendre, ou au contraire que ça ne vous parle pas, notamment parfois parce que vous connaissez déjà telle ou telle histoire… Pour lire et écouter la parole, pour l’écouter comme une Parole vivante pour aujourd’hui, c’est tout simple, en trois petites étapes :

1/ D’abord vous lisez le texte et vous regarder les personnages, ce qu’ils font, ce qu’ils disent, et vous vous demandez tout simplement ce qui est dit de Dieu ou de Jésus, et qu’est-ce que lui il dit aux disciples ou à ses auditeurs. Et vous notez une chose que vous découvrez ou qui vous questionne ou qui vous touche.

2/ Ensuite vous demandez au Seigneur qu’est-ce qu’il veut vous dire. Et vous relisez bien simplement ce texte. Et là vous vous arrêtez sur ce qui vous touche, sur ce qui vient peut-être rejoindre une question du moment ou quelque chose qui vous travaille. Ou alors quelque chose qui vous paraît beau ou important, même si vous ne savez pas trop pourquoi… Dites-vous que c’est ce que le Seigneur veut vous donner à entendre. Et notez-le.

3/ Et puis vous pouvez confier au Seigneur la prière que ça fait monter en vous, tout simplement.

Pour le dire autrement : 1/ qu’est-ce que ça raconte, 2/ ce que ça vient me dire à moi aujourd’hui, 3/ quelle intention de prière me vient, une demande ou une action de grâce.

Et ça vous pouvez le vivre chacun chez vous, mais on peut aussi le vivre à plusieurs pour s’aider les uns les autres – en aumônerie, pour les étudiants, ou par exemple dans des frat’ de carême qu’on pourrait mettre en place, si ça vous dit…

Bon… J’ai été un peu trop long, je m’arrête. On va quand même prendre quelques instants de silence pour laisser résonner tout ça en nous, et pour demander chacun au Seigneur : Qu’est-ce que tu veux que j’entende aujourd’hui de tout ça, Seigneur ?… Viens m’éclairer, Seigneur… Amen.

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Dans notre diocèse, les chrétiens sont invités, depuis la Lettre pastorale Communion et mission de la Pentecôte 2013, à se rassembler en Fraternités locales autour de la Parole de Dieu, notamment avec l’évangile du dimanche. Pour aider celles et ceux qui en auraient besoin, des fiches sont éditées par le Service évangélisation ; elles sont disponibles via ce lien : https://www.diocese-grenoble-vienne.fr/frat_locales_evangile_dimanche.html

Sur le site du diocèse vous trouvez aussi 12 fiches Fraternités locales pour l’Année jubilaire de l’Espérance ; c’est par là : https://www.diocese-grenoble-vienne.fr/parcours-esperance.html

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