5 Janvier 2025
Ce second roman de Gaël Faye a reçu le Prix Renaudot 2024. Et comme son premier il nous plonge dans la question rwandaise et son génocide.
Autant le dire de suite, j’ai moins aimé ce roman-ci, en tout cas j’ai été un peu déçu littérairement, il y a de bonnes pages, il y a un vrai scénario, mais il y a pas mal de longueurs et certaines mises en récit font que ça tourne un peu au documentaire. Après, je ne dis pas, ce qui là se dit est important, justement pour comprendre cette question rwandaise du génocide. Mais il manque un petit quelque chose chose, littérairement parlant…
L’histoire c’est celle de Milan, un jeune franco-rwandais de par ses origines – comme dans le premier roman de Gaël Faye ; on sent que la question de cette identité métis l’habite et peut-être même le travaille ! Milan ne sait rien de ce pays d’où est venu un jour sa mère, Venancia, ni de ce qu’elle a pu y vivre. Jusqu’à l’arrivée de Claude, soit-disant de sa famille, et tout ce que la télé raconte alors de cette guerre civile au Rwanda…
Et puis c’est l’histoire aussi de Stella et de son arbre, un Jacaranda – justement, d’où le titre de ce roman – l’histoire de ses origines, celle de son arrière grand-mère Rosalie et celle d’Eusébie sa mère…
Et c’est avec eux l’histoire terrible de ce pays qui va tenter de se reconstruire sur une base de réconciliation. Mais accéder à la parole pour dire ce qui a pu être vécu et raconter l’horreur est difficile, même si c’est salutaire, et sortir du cercle infernal de la vengeance n’est pas plus facile, alors qu’il faudrait aussi, ce serait salutaire pour tout le monde.
On suit nos personnages sur plus de 20 ans, de la rencontre de Milan avec Claude au décès de Venancia – et qui pourra enfin se dire de ce qu’elle a vécu. Entre temps Milan aura découvert ce pays dont il ne savait rien et son histoire, l’horreur des massacres. Et il se sera attaché à cette terre et à celles et ceux qu’il va y rencontrer.
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Gaël Faye, Jacaranda, Grasset, août 2024, 282 pages.
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« Je n’ai pas la force d’assister à d’autres procès. Les récits sont insoutenables. Je comprends maintenant pourquoi on dit qu’un génocide est indicible. — Tu sais, l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. » (p. 135).
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Pour rappel, on retrouve via ce lien ce que j’écrivais alors du premier roman de Gaël Faye, Petit pays. Et pour rappel encore, celui-ci a été mis en film et on retrouve via ce lien-là ce que j’en alors écris aussi.