Homélie dimanche de l'Épiphanie 2025

Dimanche 5 janvier 2025 – Épiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 / Ps 71 / Ep 3,2-3a.5-6 / Mt 2,1-12

 

Ce récit des mages on le connaît bien. Et ce qui m’a frappé en priant ce matin ces textes c’est un truc tout bête en apparence mais qui peut être riche d’enseignement pour nous aujourd’hui, le fait que les mages sont des pèlerins. Or nous aussi, nous sommes entrés ces jours en pèlerinage, figurez-vous – et si vous ne voyez pas de quoi je parle alors ça tombe bien que ça m’ait frappé en méditant ces textes !

Nous aussi, nous entrons ces jours dans un grand pèlerinage auquel nous invite le pape François avec cette Année Jubilaire qu’il a officiellement ouverte le jour de Noël et dans laquelle notre diocèse est entré dimanche dernier : une année de Jubilé où le pape nous invite à devenir des « pèlerins d’espérance ».

Nos mages, ce sont le Christ qu’ils cherchent. Un pas grand-chose les a mis en route – une petite étoile nouvelle dans le ciel, au milieu de toutes les autres, c’est dire ! – ; et nous, c’est aussi vers le Christ et avec lui que nous sommes appelés à marcher.

Chaque jour et toute l’année – on le sait bien. Mais plus particulièrement en cette année de Jubilé, pour redécouvrir et réapprofondir quelle est notre espérance, cette espérance que le Christ Jésus est venu apporter au monde.

Pour nos mages, dans leur marche, leur pèlerinage, leur mise en route vers le Christ, il y a eu des étapes dont celle qui nous a été racontée dans l’évangile, celle de Jérusalem. Qu’est-ce que cette étape peut nous dire à nous aussi, pour notre propre marche ?

Jérusalem, vous le savez, c’est la capitale de la terre d’Israël, et c’est la ville du Temple et donc la ville sainte de l’Alliance 1ère de Dieu avec ce peuple qu’il s’est donné pour être signe pour les nations de son existence et de sa présence. Et c’est vers Jérusalem que toutes les nations sont appelés à converger un jour, ce qu’ont annoncé les prophètes ; et on l’a notamment entendu dans la 1ère lecture avec le prophète Isaïe : « sur toi [Jérusalem] se lève le Seigneur (…). Les nations marcheront vers ta lumière et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux (…) et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; (…) ils annonceront les exploits du Seigneur »

Et à Jérusalem c’est vers le Temple que doivent converger les nations, le Temple qui est ce lieu pour dire la présence de Dieu au milieu de son peuple. Et désormais, nous qui connaissons la fin de l’histoire nous le savons, désormais le Temple véritable, le Temple de Dieu c’est quelqu’un, c’est le Christ Jésus, il est la présence de Dieu au milieu de son peuple, l’Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu présent au milieu de nous. Il est cette lumière des nations qu’annonçait Isaïe dans la 1ère lecture, ce salut pour tous, Dieu qui veut se faire connaître de tous !

Et nous, à sa suite, nous qui devenons son Corps à chaque eucharistie, nous sommes appelés à dire cela au monde, appelés à être des témoins de sa présence et de l’amour sauveur du Père pour tous, appelés à être des « témoins d’espérance », témoins de cette confiance dans les promesses de Dieu qui s’accomplissent, ses promesses de vie et de salut, témoins qu’avec lui, le Christ, et dans le don de soi par amour, la vie est et sera malgré tout plus forte que tout mal et que toute mort, malgré les apparences premières et immédiates qui, parfois, nous en font douter. Là est notre espérance.

Mais pour devenir ces témoins-là, pour devenir témoins de cette espérance-là, le passage des mages par Jérusalem nous enseigne autre chose : il nous faut ouvrir les Écritures, il nous faut apprendre tout-jours et encore à entendre qui est vraiment Dieu, comment il se rend présent à notre histoire et quel chemin de vie et de bonheur il nous propose ; comment d’autres avant nous ont appris mais ont aussi buté ou désespéré, entendre comment Dieu est venu les rejoindre et se révéler à eux, pour entrer nous aussi dans ses promesses de vie et de salut, y entrer concrètement au cœur de nos questions, de nos attentes de Dieu, parfois aussi de nos doutes ou de nos découragements…

Et alors nous pouvons contempler le Christ Jésus et nous laisser enseigner et conduire par lui, tout-jours et encore, pour vivre de ses appels.

Faire le détour des Écritures, qui vont éclairer et réorienter la marche de nos mages… Et parfois, comme pour eux, il nous faudra être aidés, accompagnés par d’autres qui savent un peu mieux que nous s’y prendre avec ces vieux textes. Parfois il faudra demander à se faire aider par un aîné qui va nous permettre d’apprendre à relire notre histoire et le chemin qui se fait, à voir quelles étoiles balisent ce chemin que Dieu semble vouloir nous indiquer, comment ça trouve résonnances avec les Écritures, et qu’est-ce que ça peut vouloir dire pour la suite du chemin…

Les mages ont fait ce détour capital par Jérusalem et par les Écritures… Et voilà qu’ils arrivent auprès de l’enfant-Jésus. Et leurs cadeaux disent Celui qu’ils cherchaient et qu’ils découvrent, ce que nous avons-nous aussi à faire nôtre petit à petit, et à croire.

Jésus est ce don de Dieu qui nous est fait, Dieu lui-même qui vient nous rejoindre et qui nous appelle à faire retour vers lui. Jésus est le Grand prêtre par excellence, celui qui fait le lien entre Dieu et les hommes, d’où l’encens que les mages apportent.

Cet encens qui dit aussi sa divinité, là où un autre cadeau va dire son humanité, qu’il a pris chair de notre chair pour de vrai, qu’il a pris notre condition humaine pour de vrai et jusqu’au bout, jusque dans cette expérience difficile et douloureuse de toute vie qu’est celle du mal et de la souffrance, celle aussi de la mort.

D’où cet étrange cadeau qui est complètement déplacé pour un enfant nouveau-né, la myrrhe ! Car la myrrhe c’est le parfum pour embaumer les morts !

Et puis il y a l’or. Puisque nos mages cherchaient un roi, le roi des Juifs. Et Jésus est bien roi, mais roi de ce Royaume de Dieu qu’il vient manifester et qu’il nous appelle à faire advenir jour après jour…

Alors une fois qu’on s’est redit tout ça, la question quand même, la question pour nous qui savons peut-être déjà tout ça, c’est : qu’est-ce que ça va changer pour notre vie et pour la marche de nos jours ? Et peut-être y a-t-il quelque chose à demander plus particulièrement en cette Année Jubilaire qui nous est offerte, cette Année Jubilaire où nous sommes invités à nous mettre en route et à vivre en « pèlerins d’espérance » ?!

Il y aura des étapes pour nous y aider. Je pense par exemple à l’UH – l’Université d’Hiver –, fin février-début mars, avec Don Maxence Bertrand qui nous aidera à partir de ce qu’il a développé dans son très beau p’tit livre Compter sur Lui – Lui c’est le Christ – ; il y aura aussi 2-3 « caravanes missionnaires » pour aller à la rencontre d’autres jeunes du diocèse et de leurs paroisses. Il y aura également le Jubilé des jeunes à Rome, cet été – fin juillet-début août ; bloquez déjà les dates dans votre agenda !

Et puis il y a tout ce qui peut nourrir la marche des jours : notre vie de prière, mais aussi la lecture régulière de la Parole de Dieu, par exemple les textes de la messe du jour ou du dimanche. Pourquoi pas également l’aide d’un accompagnement spirituel… Que sais-je d’autre… Les « Soirées de F.E.U » les mercredis…

L’enjeu c’est de se mettre en route. L’enjeu c’est d’avancer et de nous en donner les moyens. Ça ne tombe jamais tout cuit du Ciel !! Et le but, la visée de tout ça, c’est le Christ, c’est de pouvoir nous rapprocher de Lui et le laisser nous approcher ; c’est, comme pour les mages, de le contempler et de l’adorer, c’est de lui ouvrir nos vies, les lui offrir. Pour que là il vienne nous rejoindre et qu’il puisse faire de nous, petit à petit, ces « témoins d’espérance » dont notre monde a besoin, ces « témoins d’espérance » sur qui il compte, lui le Christ Jésus, ces témoins dont il a besoin pour que les ténèbres de nos vies et de ce monde – comme disait la 1ère lecture – puissent s’éclairer, que ça puisse être éclairé de sa présence et de cet amour sauveur du Père auquel nous voulons croire. Là est notre espérance.

Puissions-nous en être tout particulièrement renouvelés pendant cette année, et en témoigner – un peu-beaucoup-passionnément-à la folie ! Amen.

Homélie dimanche de l'Épiphanie 2025
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