9 Février 2025
Voilà un roman perturbant, déroutant… À dire vrai ce n’est pas tellement de la belle littérature – le style, assez banal, et même du point de vue de la la mise en récit – mais c’est pourtant intéressant, un peu comme un documentaire. Et là c’est effrayant, ce qui est mis en mots de notre société occidentale… bien malade…
Lara, l’héroïne et narratrice de ces pages, nous plonge dans le monde terrible de l’accompagnement et la prise en charge médicale d’enfants et d’adolescents souffrants d’addictions en tout genre – et notamment les écrans, les jeux vidéos et la pornographie – et celui des dépendances des adultes qui vivent avec eux ou qui sont appelés à prendre soin d’eux, dépendances affectives et sexuelles qui sont parfois même compulsives. Et c’est effrayant de réaliser tout ça. Et d’où ça vient… Tout ça qu’on sait un peu, c’est vrai, mais là ça m’a fait l’effet d’une espèce de « bombe » narrative…
Et au fil des pages et des rencontres qu’elle fait, au fil des souvenirs qui lui reviennent, c’est aussi cette terrible histoire d’emprise et de harcèlement à caractère sexuel qu’elle a subis et qu’elle nous raconte, avec ces fragilités qui viennent de loin dans son histoire… Nos « vocations » naissent-elles, pour certaines, au lieu-même de nos blessures ?!
Mais quel monde est-on en train de fabriquer, qu’est-ce que nous sommes en train de faire à nos propres enfants ? Voilà finalement les questions qui vont hanter pour une part ces pages… Celles, aussi, de comment se reconstruire après un trauma, vers qui se tourner, et comment s’autoriser à vivre…
Un récit terrible, effrayant, perturbant, mais intéressant, malgré tout… Tel un documentaire narratif… La question reste pourtant : et après, on fait quoi une fois qu’on sait ou qu’on a lu tout ça, on fait comment ?!
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Laura Poggioli, Époque, L’Iconoclaste, janvier 2025, 254 pages, 20€90.