Homélie dimanche 6 avril 2025 | 3ème scrutin

5ème dimanche de Carême | 3ème scrutin

Ez 37,12-14 / Ps 129 / Rm 8,811 / Jn 11,1-45

 

Comme pour les deux semaines passées, ces lectures sont celles de l’Année A (au lieu de l’Année C dans laquelle nous sommes) et elles sont liées à l’étape du scrutin que nous allons vivre encore avec vous, chers catéchumènes, vous qui allez recevoir le baptême tout bientôt !

Et comme pour les semaines passées, cette longue page d’évangile, et les autres lectures avec, ça veut nous éclairer sur le sens du baptême et donc sur notre vie chrétienne, notre vie baptismale à chacun.

Alors qu’avons-nous entendu, qu’avons-nous entendu du Christ lui-même ? Qu’il est la Résurrection et la Vie. C’est son identité et c’est sa mission. C’est ce qu’il manifeste de façon toute particulière dans ce retour à la vie de Lazare.

Jésus est la Résurrection et la Vie. C’est ce qu’il est, et c’est ce qu’il veut pour nous. C’est ce qu’il nous invite à croire, comme il le dit à Marthe puis à Marie : « Moi, dit Jésus, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Alors je ne sais pas comment ces mots résonnent pour chacun d’entre nous et notamment pour vous qui avez demandé à être conduits au baptême. Je ne sais quelles sont les épreuves ou chemins de morts de votre histoire à chacun que vous allez pouvoir déposer au fond du tombeau de la cuve baptismale, pour vous laisser revenir à la vie avec le Christ, vous laisser relever et conduire par le Christ. Mais en tout cas elle est là cette promesse qu’il nous fait, cette promesse qui est livrée à notre confiance, cette promesse qui est notre espérance, celle de croire que quoi qu’il nous arrive, et quoi que nous ayons pu vivre, le Christ veut là nous rejoindre pour nous conduire à la vie, la vie éternelle, la vie qui rend vivant malgré tout, la vie qui se fait pardon et qui nous ouvre à l’amour de Dieu, sa miséricorde, son amour sauveur que nous serons appelés à vivre pour d’autres.

Voilà le chemin qui nous est offert et proposé, voilà le chemin que nous devons désirer et demander au Seigneur, voilà ce qui va s’ouvrir pour vous qui allez être baptisés, voilà le chemin sur lequel, nous tous, nous essayons d’avancer, pas à pas, jour après jour, année après année.

Et dans la piscine baptismale, au cœur de la nuit noire et froide de Pâques, celle qui parfois habite nos cœurs et notre histoire à chacun – la nuit des découragements, la nuit de la violence qui nous habite parfois et qui défigure le monde et nos vies à chacun, la nuit du péché mais aussi de ces peurs ou ces blessures qui nous paralysent et qui nous clouent au sol –, dans la piscine baptismale, donc, c’est bien tout cela de vos vies que vous allez pouvoir déposer, pour renaître avec le Christ.

Renaître avec le Christ, et entendre alors cet appel qu’il adresse à ceux qui sont là autour de Lazare : « Déliez-le ». C’est-à-dire lui donner d’entendre : « Ose vivre, ose reprendre le chemin de ta vie, ose croire qu’avec moi, le Christ, la vie est plus forte que tout ce mal et tous ces chemins de morts que tu as pu emprunter. Sois libéré, sois vivant, laisse-toi aimer, laisse-toi conduire » …

Jésus est la Résurrection et la Vie. C’est son identité et c’est sa mission, c’est ce qu’il veut pour nous. Et pour nous aussi, encore, nous qui avons été baptisés il y a peut-être longtemps et qui avons besoin nous aussi de réentendre tout cela, car nos vies restent marquées par ce mal auquel nous consentons parfois, ce mal aussi qui nous tombe dessus et qui vient fragiliser notre marche.

Voilà pourquoi dans la nuit de Pâques, la nuit noire et froide qui est parfois celle de nos cœurs à nous aussi, voilà pourquoi nous allons nous aussi renouveler nos promesses de baptême et recevoir l’eau du baptême, l’eau de la vie, l’eau vive du salut qu’est celle de l’Esprit Saint, la force de vie et d’amour de Dieu, l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, l’Esprit Saint que nous sommes appelés à recevoir tout-jours et encore et donc à demander.

On l’a d’ailleurs entendu dans la 1ère lecture, c’est lui l’Esprit Saint qui était promis, c’est lui qui va venir rendre vie à nos corps et à tout notre être. Et c’est dans ce même chapitre 37 du livre du prophète Ézéchiel, juste avant, qu’il y a cette très belle page, cette prophétie des ossements desséchés qui peu à peu se recomposent et s’assemblent, qui peu à peu retrouvent autour d’eux muscles et tissus, et qui peu à peu se relèvent et prennent chair, au souffle de l’Esprit du Seigneur… La vie reprend

Eh bien pour nous c’est pareil. La vie peut reprendre peu à peu, sous l’action de l’Esprit Saint. Et la vie pourra reprendre plus encore si nous entendons et répondons au « Déliez-le » que le Christ nous adresse…

Mais le Christ nous le dit ou plutôt nous le demande : « Crois-tu cela ? »

Il nous le demande : croyons-nous qu’il puisse nous rejoindre dans ces tombeaux de nos vies, qu’il puisse là déposer son souffle de vie qui va nous relever, nous remettre en route, et même nous rendre à la vie, la vie éternelle, la vie telle que Dieu la voit et la veut pour nous, baignée de son amour et de son salut ? La vie pour toujours et donc chaque jour, quoi que j’aie à traverser, la vie qui est là et qui, avec lui le Christ, est plus forte que tout mal et que toute mort, plus forte que toute peur et toute paralysie. La vie qui est donnée et promise à qui voudra bien vivre à la suie du Christ et le lui demander.

Elle est là notre espérance. Et elle n’est pas que pour un demain lointain et à-venir qu’il nous faut attendre et espérer. Non. C’est pour aujourd’hui. Car Dieu est dans l’éternité, or l’éternité c’est hors du temps c’est donc un éternel présent. L’éternité c’est l’éternel présent de Dieu, Dieu qui va donc nous donner la vie dans le réel présent de l’aujourd’hui de ce que nous avons à vivre.

Et c’est aujourd’hui qu’il veut donc redire à chacun d’entre nous : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

C’est aujourd’hui aussi qu’il veut que nous entendions et réentendions cet appel : « Déliez-le ». Un appel qui devient notre mission à chacun, avec le Christ. Dans cette confiance folle, cette espérance, que la vie, avec lui et malgré les apparences premières et immédiates, la vie est et sera quoi qu’il arrive plus forte que toutes nos compromissions avec le mal – ce que St Paul appelait « l’emprise de la chair », dans la 2ème lecture –, la vie plus forte que ce mal et plus forte que tous nos chemins de morts, plus forte que notre péché, plus forte que nos peurs et nos épreuves, plus forte que nos découragements aussi, etc. etc.

Plus forte, oui, mais avec lui, le Christ, et avec la force de son Esprit Saint, et donc avec le secours des sacrements, en Église – notamment le sacrement du pardon mais aussi, pour ce qui en relève, le sacrement des malades…

Pour l’heure, entendons cette promesse de vie et de résurrection que Jésus nous fait au cœur du réel concret de ce que nous avons à vivre ou à affronter. Et entendons que nous sommes appelés à vivre sous « l’emprise de l’Esprit » Saint, appelés aussi à nous aider les uns les autres sur ce chemin de libération, confiés les uns les autres en ce « Déliez-le » que Jésus adresse à celles et ceux qui entourent Lazare qui sort du tombeau…

Alors qu’est-ce qui dans notre vie à chacun a besoin de réentendre tout cela, je ne le sais, mais je le confie au Seigneur en cette eucharistie, et nous le confions ensemble, chacun avec ce que ces mots viennent réveiller de notre histoire personnelle, et ensemble, en nous portant les uns les autres dans la prière. Amen.

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