Homélie Vendredi Saint 2025

Homélie Vendredi Saint 2025

Célébration de la Passion du Seigneur

Is 52,13 – 53,12 / Ps 30 (31) / He 4,14-16 ; 5,7-9 / Jn 18,1 – 19,42

 

On l’entendait hier : « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout »… Et voilà où ça nous mène ! Lui, évidemment, et nous avec : sa Passion, la souffrance de la Croix, et le silence de la mort. Avec ce cri et ces larmes dont a parlé la 2ème lecture : ce cri, ces larmes et ces prières et ces supplications « à Dieu qui pouvait le sauver de la mort »

« Dieu qui pouvait le sauver de la mort »Sauf que non, pour la foule qui est là, si on en croit les apparences premières et immédiates… Pour l’heure il meurt, et on va même le déposer au tombeau… Voilà où ça nous mène. Avec lui, le Christ. Et comme la Vierge Marie et l’apôtre Jean nous sommes invités ce soir à nous tenir là, et déjà nous tenir au pied de la Croix…

Tout à l’heure nous allons nous approcher pour la vénérer, cette Croix, et même pour l’adorer. Mais franchement, pour de vrai, qu’y a-t-il là à vénérer ?! Un mort ? Un homme que nous osons croire, reconnaître et même annoncer comme Fils de Dieu mais qui pourtant n’a même pas pu se sauver lui-même ?

La fin de l’histoire, nous la connaissons – on l’a d’ailleurs entendue, déjà, dans la 2ème lecture – : il va être exaucé, sauvé de la mort – la mort comme fin de toute vie. Et nous exulterons de joie dans la nuit de samedi à dimanche, au petit matin.

Mais pour l’heure, il nous faut entendre et il nous faut consentir à accepter que Dieu est mis à mort, en son Fils, sur le bois de la Croix ; et consentir à ce que sa toute-puissance soit autre chose qu’une démonstration de force : c’est la toute-puissance d’un amour qui s’abaisse pour nous rejoindre au plus profond de ce qui fait notre vie – nous aimer jusqu’au bout, entendions-nous hier –, la toute-puissance d’un amour qui s’abaisse jusque dans la traversée de cette expérience existentielle et terrible de notre vie à tous qu’est celle de l’épreuve de la souffrance et de la mort, celle aussi de la violence des hommes et du péché – notre violence et notre péché.

Sur la Croix, le Christ meurt à cause de cela, il meurt à cause notre péché ; mais il meurt pour cela aussi, pour prendre notre péché sur lui, et prendre sur lui tout mal, et tout cela pour le clouer définitivement avec lui sur la Croix. S’ouvre ainsi pour nous un passage, une promesse ; un passage et une promesse qui sont une espérance, l’espérance chrétienne, cette certitude de foi que Dieu veut pour nous la vie et le salut et donc qu’il nous offre et nous offrira ce salut qui est chemin de vie.

Quoi qu’il nous arrive, là sera notre force ; et ça va même pouvoir devenir ce que j’aime appeler notre moteur de vie et de confiance : cette certitude de foi que quoi qu’il arrive, et malgré les apparences premières et immédiates qui nous feraient douter, quoi qu’il nous arrive la vie et le don de soi par amour c’est plus fort que tout mal et que tout chemin de mort ; et que Dieu, quoi qu’il arrive, est là avec nous et veut porter avec nous tout ce mal, pour nous en libérer – le péché comme toute souffrance qui nous cloue au sol ou sur la Croix avec lui.

Alors oui, c’est cette victoire acquise que nous allons confesser en adorant la Croix, tout à l’heure. Et en même temps c’est notre propre péché comme nos épreuves du mal et de la souffrance que nous voulons déposer-là et confier-là au Christ… Il meurt pour nous, pour nous obtenir la miséricorde et la grâce de son secours – comme disait la 2ème lecture – ; il meurt pour nous, pour nous ouvrir au salut de Dieu ; car la 2ème lecture nous l’a bien dit : « il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent – c’est-à-dire ceux qui l’écoutent et le suivent – (il est devenu) la cause du salut éternel »

Alors déposons, tout à l’heure, sur le bois de la Croix, déposons tout mal, tout péché, toute violence qui nous habite ou qui défigure ce monde, déposons toute souffrance aussi. Et là, de cette façon-là, adorons le Christ en Croix, le Christ qui meurt pour nous et qui prend tout cela sur lui, le Christ qui meurt pour nous sauver.

Et comme Marie sa mère et notre Mère, comme Marie et Jean qui étaient là au pied de la Croix, avec eux et avec le Christ qui meurt, restons au chevet du monde, ce soir, restons-y comme des veilleurs, des veilleurs qui intercèdent pour ce monde qui en a tant besoin, et qui intercèdent aussi pour tout ce qui en a besoin en notre vie à chacun… Comme l’annonçait le prophète Isaïe (1ère lecture) : « c’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé »… Amen.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :