La passion d’Edith S.

Voilà un roman original et intéressant, sur les derniers jours d’Edith Stein. Elle est alors carmélite, sous le nom de Sr. Thérèse-Bénédicte de la Croix, et le train dans laquelle on l’a fait monter va la conduire à Auschwitz. C’est Jean-Paul II qui la canonisera ensuite. Mais pour l’heure nous sommes en août 1942.

Ce roman nous plonge dans la vie, les questions et les peurs des passagers du même wagon dans lequel Edith et sa soeur Rosa vont se retrouver. Son habit questionne : que fait-elle là, si elle est religieuse ? Rien d’autre qu’être juive comme eux tous. Mais n’est-ce pas à cause de l’appel des évêques hollandais à épargner les juifs convertis qu’une grande rafle a eu lieu et que les voilà évacués de Westerbork à cette destination qui leur inconnu mais qu’ils ont pu lire sur le wagon : Auschwitz ?

Au fil des heures et des jours de voyage, au fil des pages et des chapitres, au fil des rencontres ou des altercations, Sr. Thérèse-Bénédicte de la Croix se rappelle et nous sont alors partagés ses souvenirs : sa conversion, sa famille, ses années d’études, de recherche et d’enseignement en philosophie, ses combats féministes, ses amies, sa foi, etc.

Tout cela donne un roman original – par le sujet, finalement – et intéressant – car cela nous plonge dans la vie de la sainte. Un roman biographique que j’ai aimé lire. Une belle façon d’entrer dans la vie de cette femme qui marque l’histoire de la spiritualité et qui aura également marqué son temps comme philosophe ; une belle façon aussi d’entrer dans son chemin de conversion et de foi ; une porte d’entrée, enfin, dans l’histoire de la Shoah et de la « question juive », en Allemagne comme aux Pays-Bas.

En plus ça se lit bien : le style est plutôt agréable et c’est écrit en courts chapitres – ce qui moi me va très bien !

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Maryse Wolinski, La passion d’Edith S., Seuil, février 2014, 222 pages, 17€50.