L’amour-fleuve

L’amour-fleuve

C’est un ami qui m’a offert ce roman. Qui se passe au Brésil. Je ne l’aurais sans doute jamais lu sinon, ni je ne l’aurais vu passer ni je ne m’y serais lancé sans être prévenu.

Car de fait, les premiers chapitres ont quelque chose de heurtant. Pas tant l’histoire de cette prostituée, Lucy, que le style, très cru. La 4e de couverture prévient bien d’ailleurs : « Destiné à un public averti ».

Mais ça vaut le coup de passer par-dessus, et de rentrer dans cette histoire d’amour. Je devrais même l’écrire au pluriel. Mais une histoire d’amours où la force de la passion peut être destructrice tout comme la jalousie et ce qu’elle vient mettre au jour, qui est parfois bien enfoui dans le cœur et le passé des personnes…

Il y a donc Lucy, et ce qu’elle a vécu. Et il y a Vênancio et Dalva et leurs histoires familiales aussi. Lucy veut Vênancio, à tout prix, mais Vênancio et Dalva ont, eux, à se remettre du drame terrible qu’ils ont à traverser – si c’est possible d’y arriver un jour…

C’est leur histoire à tous qui là va se raconter, c’est celle de la force de l’amour et d’un chemin de rédemption que la vie qui nous traverse pourrait leur offrir, aux uns et aux autres ; la force de la mémoire et des souvenirs, aussi, qui peut faire surgir les émotions et même des émotions réparatrices. Et ça donne quelque chose de très beau, un roman qui monte en puissance, qu’on ne sait lâcher ; et qui, pour ma part, m’aura donné la chair de poule en ses dernières pages.

Alors certes il faut se faire au langage cru de Lucy et ce qui fait son quotidien, et dans lequel on nous plonge sans grande pudeur ; mais c’est pour mieux entrer dans la profondeur et la subtilité des sentiments et blessures qui habitent chacun, et de l’amour profond qui reste là mais auquel il peut être si difficile alors d’y consentir…

Je ne suis pas très fan de la traduction du titre, mais l’idée c’est bien celle de cette force de vie qu’est l’amour, qui peut tout emporter sur son passage, comme un fleuve tempétueux, ou au nous conduire et nous faire voyager en des rivages parfois insoupçonnés, quand ce même fleuve est canalisé et qu’on prend en main les rames ou le gouvernail et qu’on s’y aide les uns les autres…

Merci à l’ami qui m’aura donné de lire ces pages, dans lesquelles on trouvera d’ailleurs l’une ou l’autre phrases qui sont de belles petites réflexions sur l’amour et sur le pardon, sur la liberté et les conditionnements de notre histoire à chacun , mais aussi sur la force de rédemption de la vie qui est là et nous traverse et qui peut nous saisir. On trouvera même quelques très belles pages sur Dieu et sur la foi. Ça vaut le coup.

———————

Carla Madeira, L’amour-fleuve, Istya & Cie, mai 2025, 253 pages (roman traduit du brésilien).

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :