Homélie dimanche 12 octobre 2025

28ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

2R 5,14-17 / Ps 97 / 2Tim 2,8-13 / Lc 17,11-19

 

Qu’est-ce que Dieu veut nous dire avec ces textes ? Qu’est-ce qu’il veut nous donner à entendre comme Bonne nouvelle à nous qui ne sommes pas des lépreux – du moins au sens premier de cette maladie – ?

Plus que le récit d’un miracle, ce qui se raconte là pour nous c’est surtout un récit de foi – de foi en Dieu et de salut. Et c’est la finale qu’on vient d’entendre, Jésus qui dit à cet homme qu’il a guéri : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ».

C’est bien une histoire de foi. Et si je me permets d’insister là-dessus dès le début de cette homélie c’est parce qu’il y a un risque pour nous aujourd’hui à rester un peu en dehors du récit ou en spectateurs, parce que nous ne sommes pas lépreux et parce que la lèpre c’est quand même une maladie qui nous est finalement très étrangère.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des combats dans nos vies qui ne seraient pas du même ordre que ce que cette lèpre faisait vivre à ceux qui en étaient malades ; et ça ne veut pas dire non plus que ce n’est pas au cœur de nos épreuves de maladie qu’un salut est promis. Mais le risque c’est qu’on s’arrête au miracle et qu’on n’entende pas le fond des choses, à savoir : la foi qui sauve.

Et si j’insiste, c’est parce que dans la 2ème lecture, où il n’était pas question de guérison ni de lèpre, dans cette 2ème lecture il est aussi question de cette foi en Dieu qui sauve.

St Paul, lui, il n’est pas confronté à la même épreuve que le lépreux, mais il en traverse une aussi : lui c’est celle de la captivité au nom de sa foi, au nom de sa foi en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous.

Et qu’est-ce qu’il nous dit du fond de sa prison ? que si nous vivons nos épreuves avec le Christ, si nous les « supportons » avec lui, le Christ, si nous le laissons les porter avec nous, alors « nous règnerons », c’est-à-dire : nous serons les vrais vainqueurs, ceux qui savent où est la victoire, la vraie, celle de la vie, ceux qui vont même pouvoir en expérimenter quelque chose. Et cette victoire qu’elle est-elle : que notre foi est un roc sur lequel nous pouvons nous appuyer ; qu’il y a quelque chose d’inaliénable en nous, au nom même de cette foi en Dieu sur laquelle nous pouvons nous appuyer.

Nous sommes et nous serons vainqueurs du mal, car la vie est plus forte que tout mal et que toute mort, avec le Christ. C’est le cœur du cœur de la foi chrétienne, la foi en Dieu qui nous promet le salut et la vie éternelle, la vie en plénitude, la vie qui rend vivant, y compris au cœur de toute épreuve.

C’est notre foi, c’est cette foi-là qui peut nous relever et nous donner d’avancer – j’ai envie de dire : quoi qu’il arrive, quels que soient nos combats et nos épreuves, quelles que soient nos lèpres.

Ce sera une question de regard sur ce que nous traversons et de confiance en Dieu ; pas tant en je ne sais quel miracle dont nous rêverions de toutes nos forces  – même si ça compte, parce que ça nous tourne vers Dieu, et c’est bien ça l’enjeu. Une confiance, donc, pas tant en un miracle qui va peut-être tarder à venir ou en je ne sais quelle réponse à nos demandes auxquelles Dieu semble parfois rester sourd et ça nous décourage ; non, mais une confiance en Dieu qui nous permet alors de poser un regard autre sur ce qui nous arrive.

Quoi qu’il m’arrive, justement, je crois qu’avec Jésus, avec Dieu qui veut pour nous le salut, je ne vais pas sombrer. Que je peux malgré tout avancer, pas à pas, un jour après l’autre, mais je peux avancer. Il est là le miracle !

Que quoi qu’il m’arrive, Dieu me promet sa présence et qu’il est là le salut : je sais que Dieu est là avec moi dans mon épreuve, et finalement cela seul compte, là est ma force : Dieu avec moi, Dieu qui me tient en vie, Dieu qui va me donner sa force et sa paix pour ce que j’ai à vivre.

Alors oui, je vais pouvoir me relever, la foi me sauve : la confiance en Dieu, en sa présence, en son amour, en son salut, cela va peu à peu me libérer du découragement et du replis sur soi qui peuvent alors nous guetter… C’est la foi qui sauve, la confiance que Dieu est là avec nous et qu’il nous donne et nous donnera ce dont nous avons besoin pour avancer, quel que soit notre combat – et certains d’entre vous en vivent qui sont parfois douloureux, ne restez pas seuls, le Pôle écoutants ici à St-Jo est là pour ça aussi !

En tout cas ce que Dieu attend de nous c’est que nous vivions tout cela avec lui, c’est que nous le laissions, lui le Christ, le vivre avec nous, que nous le laissions le porter avec nous. C’est l’appel de Jésus à ses disciples, en Mt 11,28 : « Venez à moi vous tous qui peinez (…), je vous donnerai le repos », la paix du cœur… Là est le salut : croire que je ne suis pas seul et que Dieu est là, qu’il peut porter tout cela avec moi.

Et je vais pouvoir lui demander sa force, celle de l’Esprit Saint ; l’Esprit Saint qui va aussi me donner de voir comment Dieu me répond, comment il se fait proche de moi, par telle personne qui est là et qui va m’offrir un peu de réconfort, ou à qui je vais oser parler (le Pôle écoutants par exemple) et qui va m’aider à oser me remettre en route, pas à pas. Dieu qui va peut-être se manifester aussi par tel évènement ou telle parole reçue, dans la Bible ou la prière

« Relève-toi, nous dit Jésus, et va : ta foi t’a sauvé » – ta confiance au cœur de ce que tu as à vivre, ta confiance malgré tout mais qui est bien là quand même...

Alors c’est vrai, parfois nous vacillons, nous doutons, nous nous décourageons, nous peinons à croire que Dieu est bien là avec nous. Et St Paul l’a dit dans la 2ème lecture : malgré nos infidélités, nos manques de foi, Dieu, lui, est fidèle. Il nous promet sa présence, il nous attend, il est là. Alors continuons de crier vers lui, demandons-lui la grâce de la confiance malgré tout, demandons-lui sa force pour avancer, et sa lumière pour voir comment il porte avec nous ou comment il nous rejoint.

Dieu est fidèle, nous dit St Paul – fidèle à ses promesses…

Et c’est frappant dans notre page d’évangile de ce jour : quand le lépreux revient vers Jésus, lui, Jésus, il est toujours là, comme s’il les attendait tous les 10. Alors qu’il leur a juste dit d’aller se montrer aux prêtres, pas de revenir.

Au passage, petite parenthèse : pourquoi leur demander ça, d’aller se montrer aux prêtres ? Parce que la lèpre était une maladie qui faisait peur, et qui était même vu comme une malédiction de Dieu ; et du coup on vous excluait de tout lien social : on n’avait pas le droit de s’approcher de vous, et vous, comme lépreux, vous n’aviez pas le droit de vous approcher des gens ni même des villages. Double épreuve du coup : la maladie en elle-même et l’exclusion que ça entraînait. Aller se montrer aux prêtres c’était aller authentifier la guérison et permettre du coup une réintégration sociale et religieuse…

2ème parenthèse d’ailleurs : c’est en chemin qu’ils sont guéris – en chemin et donc pas sur le moment même où Jésus leur parle. Ça m’a frappé, parce que c’est comme ça que Dieu fait avec nous : il s’agit de recevoir une Parole – ou un signe d’une présence de Dieu – et de se mettre en route à son écoute. Et on pourra alors constater après coup que cette Parole a fait son œuvre en nous. C’est l’enjeu de notre vie chrétienne à tous, et c’est notamment l’enjeu de l’accompagnement spirituel : apprendre à relire notre vie et à voir ce que Dieu fait là pour nous, comment il est présent, comment il est avec nous, et à quoi ça nous appelle…

Ceci étant, je reviens à notre évangile et aux 10 lépreux : un seul revient. Et d’ailleurs il revient avant même d’avoir vu les prêtres. Rien n’est plus urgent pour lui que de revenir vers Jésus, Jésus qui est toujours là, Jésus qui semble l’attendre. Rien n’est plus urgent que de revenir à la Source de cette guérison, Jésus lui-même, et de rendre gloire à Dieu pour ce qu’il a fait.

On pourrait dire que là c’est facile, il y a eu un vrai bon miracle bien visible. Et c’est vrai que dans nos vies à nous c’est souvent moins évident à voir, c’est moins visible. Et pourtant nous croyons que Dieu est présent et que Dieu agit. Et St Paul nous a invité à tout « supporter » avec le Christ, c’est-à-dire à le laisser porter avec nous et à lui offrir ce que nous avons à traverser, le lui déposer et même crier vers lui.

L’enjeu, je le redis, c’est de nous tourner vers Dieu, c’est de demander au Christ de porter avec nous, c’est de mettre là notre confiance, notre foi. Et de rendre grâce de ce qui sera donné, au cœur de cela.

Et ce qui sera donné, bien souvent ce ne sera pas un miracle qui en met plein la vue, non, bien souvent ce sera plutôt de l’ordre d’avoir retrouvé un peu de courage et de paix, d’avoir retrouvé un peu de confiance et de goût à vivre, ce sera d’avoir repris confiance en nous et en Dieu, d’avoir retrouvé force pour le combat des jours, et ça grâce à telle ou telle personne rencontrée ou tel évènement qui va nous arriver ou telle Parole reçue ou telle intuition de vie que nous aurons reçue dans la prière…

Apprenons à voir cela dans notre vie bien concrète. Et par exemple obligeons-nous chaque soir à regarder ce qui a été donné dans la journée, ce qui a été bon. Ne regardons pas seulement ce qui ne va pas, ne regardons pas que nos lèpres de tous ordres, non. Regardons aussi ce qui a été donné de bon chaque jour. Pour rendre grâce ; rendre grâce de ces petites choses du quotidien qui peuvent être des balises de vie et d’espérance, des petites lumières pour le chemin.

Alors oui, rendons gloire à Dieu. Et entendons bien : Dieu est là, Dieu nous attend, et à chacun de nous il veut pouvoir dire : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé » – ta foi en Dieu, ta confiance malgré tout ; elle est chemin de salut… Amen.

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