Homélie dimanche 2 novembre 2025

Homélie dimanche 2 novembre 2025

Commémoration des fidèles défunts

Sg 3,1-6.9 / Ps 26 / 1Co 15,51-57 / Jn 6,37-40

 

Je ne sais pas comment vous recevez tout cela, mais moi je trouve que c’est bouleversant. Ces lectures qu’on vient d’entendre, mais aussi ce que nous célébrons, ce soir tout particulièrement et en fait à chaque eucharistie.

Je trouve bouleversant tout d’abord, d’entendre dans la 1ère lecture, au livre de la Sagesse, que nos vies sont dans les mains de Dieu et qu’avec lui, aucun tourment n’aura prise sur nous. Non pas qu’il n’y en ait pas ou qu’il n’y en aura pas, non, et on le sait bien d’ailleurs, mais que si nous vivons toute chose avec le Seigneur, y compris toute tristesse et toute inquiétude, il donne sa paix et il veut nous éclairer de ses promesses de vie, nous assurer qu’avec lui notre espérance ne sera pas déçue et qu’elle est même force pour vivre.

En méditant cela, ce matin, me revenaient ces mots de Jésus, dans l’évangile de Jean, juste avant son arrestation, quand il dit à ses disciples : « Ne soyez pas bouleversés » (Jn 14,27). Évidemment qu’ils le sont, il leur annonce son départ à venir, son départ qui est tout proche. Évidemment que la perte d’un proche ou le sentiment d’abandon nous bouleversent ; ce que nous avons vécu ensemble, nos liens d’amitié et d’amour, ça a compté, ça a donné sens à nos vies, ça a du prix. Évidemment.

Mais ce que Jésus veut nous dire, c’est ce qu’il leur dit ensuite, dans ce même passage de l’évangile de Jean : là où il va, nous y serons aussi, et que dans le Père il y a de nombreuses demeures – une place nous attend, avec ce que nous aurons été, y compris ces liens d’amour et de pardon que nous aurons su tisser peu à peu au fil des jours et des années.

Alors c’est vrai, nous avons du mal à nous représenter les choses, mais entendons ce que le livre de la Sagesse nous a dit un peu plus loin dans la 1ère lecture toujours : « qui met sa foi en lui [le Seigneur] comprendra la vérité », et même, ajoute-il : « ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui », lui le Seigneur Dieu. Et c’est notre espérance. C’est ce que le Père veut pour nous, Dieu qui voudrait sauver tous les hommes – on peut lire ça en 1Tm 2,4.

Dieu veut sauver tous les hommes. Mais nous ? Qu’est-ce qu’on en fait de cette promesse ? Être fidèles au Seigneur, dès ici-bas, c’est la feuille de route qui nous est proposée. Et donc apprendre à le connaître et à l’aimer et à faire sa volonté, à vivre ses appels. C’est la feuille de route.

Alors c’est vrai, il y a celles et ceux qui ne sont plus là mais dont on sait que la vie ne fut pas toujours fidèle, celles et ceux qui pour un tas de raisons ont pu douter en l’amour de Dieu, en sa présence, voire en son existence, et se sont alors éloignés de lui… Qu’en est-il pour eux ?

Eh bien justement, nous prions ce soir pour eux. Nous prions pour nos défunts. Pour qu’ils s’ouvrent à la miséricorde du Père, que dans le passage de la mort dans lequel ils sont, que là ils se laissent sauver, qu’ils se laissent aimer, qu’ils se laissent pardonner, qu’ils se laissent accueillir, si c’est encore possible, s’ils n’ont pas déjà refusé pour toujours d’entrer dans ces promesses d’amour.

Et nous implorons cette grâce et cette miséricorde de Dieu dont parlait encore notre lecture du livre de la Sagesse, cette grâce et cette miséricorde que Dieu veut, dit le texte, pour ses amis…

Ses amis… Rappelez-vous Jn 15, Jésus qui nous dit « vous êtes mes amis » « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande »

Qu’est-ce qu’il nous commande ? C’est l’appel à aimer : aimer Dieu, aimer notre prochain comme nous-mêmes ; aimer comme lui, Jésus nous a aimés ; aimer et pardonner, aimer même nos ennemis. C’est à vivre dès ici-bas, pour vivre des promesses de vie et de salut qui nous sont faites. Et nous le savons bien, c’est un chemin, nous sommes en chemin, mais il dépend de nous de bien vouloir avancer sur ce chemin-là, et en demander la force au Seigneur, sa lumière aussi, et son aide.

Mais avec grande confiance puisqu’il nous appelle ses amis. A la fois appelés à être ses disciples, donc à l’écouter et mettre en pratique, appelés à vivre en fils et filles du Père, un Père tout-aimant qui veut le meilleur pour nous et qui met toute sa confiance en nous, mais appelés aussi à être ces amis dont parle Jésus. « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande »

Et c’est parce que nous sommes ses amis, et que nous allons apprendre à l’être, qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir : nous sommes promis à la vie éternelle.

C’est l’évangile de ce jour, c’est ce qu’on vient d’entendre : le Christ Jésus ne perdra aucun de nous, le Père veut qu’aucun de nous ne soient perdus ou jetés dehors.

Aucun de nous, et on peut l’espérer aussi pour celles et ceux qui avaient été confiés à son amour de Père, au jour de leur baptême, même si la vie a pu les éloigner – et s’ils le veulent bien, finalement – ; et on peut l’espérer également pour celles et ceux qui ne connaissent pas le Christ et la Bonne nouvelle de son salut, qui n’en n’ont jamais entendu parler, mais qui pourtant vivent sans le savoir de ses appels d’Évangile, qui vivent de la charité en actes – vous irez relire la parabole du Jugement dernier en Mt 25, c’est ce que Jésus nous dit là.

Et oui, du coup, nous prions pour eux tous, en ce jour, nous prions pour nos défunts. Qu’ils soient accueillis en la vie éternelle. Dans cet Amour sauveur du Père pour toujours.

Et nous, nous qui savons, nous qui voulons vivre en amitié avec Jésus, demandons-lui qu’il nous aide à vivre dès ici-bas de ses promesses de vie et de salut, demandons-lui qu’il nous aide à vivre déjà en ce « pour toujours » de l’éternité de Dieu, et donc dans le présent qu’il nous donne, le présent où il se donne – l’éternité de Dieu si c’est l’éternité c’est donc hors des limites du temps, c’est dont l’éternel présent de Dieu, l’éternité c’est donc à vivre dans l’aujourd’hui, c’est à vivre dès aujourd’hui.

Et donc tout ça, ces promesses de vie et de salut, ça nous engage aujourd’hui. Ça nous engage à tout vivre avec le Christ, le prier, et ça nous engage à vivre concrètement ses appels d’évangile. Là est le salut, là est la vie éternelle, cette vie que Dieu re-suscite et veut re-susciter au cœur de toute épreuve, au cœur de tout mal, au cœur de tout chemin de mort. Et il le peut, il le veut.

La question sera alors de notre côté : est-ce que nous nous voulons bien vivre de cela, et est-ce que nous voulons bien que Dieu nous y aide et par exemple, est-ce que nous voulons bien lui demander qu’il vienne guérir et purifier en nos vies ce qui est contraire à son amour, tout ce qui est « périssable », comme disait la 2ème lecture, et donc, déjà, notre péché ?

La miséricorde de Dieu qui se fait pardon, c’est force de résurrection, dès ici-bas, mais c’est à recevoir et donc à demander, et puis ce sera à vivre et à offrir pour d’autres autour de nous. Nous savons que c’est un chemin qui n’est pas facile, mais nous savons aussi que c’est un chemin de libération véritable et donc de salut.

C’est ce que Jésus a vécu dans le don de soi jusqu’au bout, par amour, ce qu’il a vécu sur la Croix et que nous célébrons et actualisons à chaque eucharistie. Il meurt pout nous, à cause du péché et de la violence des hommes, il meurt pour nous en libérer et nous ouvrir des chemins de vie. Et sur la Croix encore il vivra concrètement ce pardon qu’il nous a enseigné, quand il dira : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34)…

Quel mystère quand même… Le pardon est résurrection. Il est expérience de salut et de vie re-suscitée au cœur de mal que nous faisons ou que nous subissons. En vivre, eh bien ça rend vivant. C’est une Bonne nouvelle et un appel.

Et c’est valable pour toutes nos épreuves. Dieu veut nous ouvrir un chemin de salut.

Alors entendons ce que nous avons chanté avec le Ps 26 : si je vis tout avec le Christ, la tristesse de la séparation de celles et ceux qui ont compté et l’angoisse, peut-être, à leur salut, si je vis ma pauvre condition pécheresse en implorant et en célébrant le pardon de Dieu et en apprenant à aimer mieux, peu à peu, et si je vis toute épreuve quelle qu’elle soit avec le Seigneur, en appelant sa lumière et son salut, alors que craindre ?!

Que craindre, oui, car Dieu veut pour nous la vie. Que craindre quand nous savons, que Jésus est la résurrection et la vie (Jn 11,25a, l’antienne de l’Alléluia) ; que craindre ?!

Alors oui, nous pouvons chanter : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur », dès ici-bas, « sur la terre des vivants », et pour toujours. Et oui, je peux alors recevoir cette parole de consolation qui est à la fois un conseil et un appel : « Espère le Seigneur, espère et prend courage ; espère le Seigneur »

Chers amis, je ne sais pas ce que vous vivez les uns et les autres qui m’écoutez vous dire tout ça, je ne sais pas les deuils que vous avez à vivre ou les épreuves à traverser, je ne sais que peu vos chutes et vos rechutes, votre péché ; mais prenons le temps, là maintenant, prenons le temps de déposer tout cela au Seigneur, dans la prière, de déposer tout ce que ces mots sont venus réveiller peut-être. Et notamment, en ce jour des défunts, celles et ceux que nous voulons confier à sa miséricorde. Que Dieu vienne apaiser nos cœurs. Amen.

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