Homélie 3 avril 2017

Carmel ND de Surieu, lundi 3 avril 2017

Dn 13,41c-62 / Ps 22 (23) / Jn 8,1-11

La liturgie de ce jour nous oriente déjà vers le mystère de la Passion et de la Croix ; notamment, vous verrez, avec la Préface de la prière eucharistique, tout à l'heure. Mais aussi avec ces deux histoires que nous venons d'entendre, deux histoire avec deux femmes et leurs procès, ou plutôt leurs non-procès.

Nous connaissons bien l'épisode de la femme adultère, et l'histoire de Suzanne en est sans doute comme une annonce. Je vous propose de m'arrêter un peu plus ce matin sur sa figure à elle, en lien avec ces jours de carême qui nous orientent à contempler le Christ qui marche vers sa Passion...

Suzanne, comme la femme adultère pour une part, est la figure de l'innocente injustement condamnée. Suzanne crie vers Dieu ; prière étonnante car on pourrait s'attendre à ce qu'elle implore son aide et sa puissance, mais non, une prière où non seulement elle n'accuse personne ni ne juge mais où elle dit tout simplement à Dieu ce qui lui arrive, elle le lui confie. Et le Seigneur entend, il entend sa voix, et il envoie Daniel qui ose prendre la parole ; ainsi Suzanne est sauvée. Et comme le dit la clameur finale du peuple, qu'il nous faut entendre, retenir et croire : « Dieu (...) sauve ceux qui espèrent en lui »...

Pourquoi cette figure de Suzanne, aujourd'hui ? Parce qu'on peut voir en elle, je crois, une annonce du Christ qui est lui aussi l'innocent condamné à mort, celui que la foule acclamera lors de son entrée triomphale à Jérusalem, dimanche prochain, mais que la foule pourtant laissera accuser et être mis à mort. Lui aussi, comme Suzanne, va crier vers Dieu, qui est son Père, Dieu qui devrait donc intervenir. Mais là, nulle voix comme celle du jeune Daniel qui s'élèvera pour réclamer un juste procès... Et cette question qui nous habitera : que fait Dieu, que fait le Père ?

La seule réponse ce sera le silence de Dieu et, nous le savons, le silence de la mort qui emportera Jésus avec son cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Cri du psaume 21 (22) qui rejoint tant de cris humains autour de nous...

Au pied de la Croix, certains, comme le larron, crieront vers Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même ! » Sauf que Jésus qui en sauvé d'autres, la femme adultère par exemple, ne va pas se sauver lui-même, il ne sauvera pas sa peau. Il s'en remettra au Père, comme nous le chantons chaque soir avec lui : « En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit »... Mais là... silence de Dieu... et silence de la mort...

Dans nos épreuves ou celles que nous accompagnons, puissions-nous ne jamais oublier qu'après ce silence et l'incompréhension de la victoire apparente du mal vient l'aurore, l'aurore de Pâques. Et quand elle semble tarder, puissions-nous nous rappeler la clameur du peuple quand Suzanne est innocentée, et y croire : « Dieu (...) sauve ceux qui espèrent en lui »...

C'est notre foi, c'est l'appel à la confiance qui nous est proposé, c'est aussi le chant d'action du grâce qui nous est offert dans le psaume de ce jour : « Si je traverse les ravins de la mort je ne crains aucun mal, car tu es avec moi »...

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