Les métamorphoses du pélican

 

Voilà un livre pour le moins original et étonnant. Mais qui m'a, en ses dernières pages, complètement retourné. Et c'est là un des paradoxes car je n'étais pas plus emballé que cela en le lisant, trouvant pourtant sympa et intéressant par certains côtés mais me demandant où cela pouvait nous conduire. Et justement, il faut faire confiance au roman en son étrangeté apparente, car petit à petit, au fil des histoires racontées qui s'entrecroisent, les éléments s'ajustent et on entre dans le coeur de ce qui veut nous être ici partagé.

C'est un roman. Ecrit par un dominicain, Jean Druel, auteur de plusieurs livres de spiritualité assez originaux eux aussi et qui se veulent grand public. Un roman qui est en fait une sorte de récit initiatique. Et un vrai livre de spiritualité. Il est étonnamment construit, en 4 parties qui sont comme les 4 semaines du bréviaire. Car chacune est subdivisée en jours de la semaine. A chaque jour un personnage et son histoire. Qui croise, découvre-t-on au fil des semaines, celle d'autres personnages d'autres chapitres-jours, au fil du temps et des années de la vie de chacun.

A chaque partie une méditation biblique inaugurale. Et à chaque chapitre ou jour de la semaine un verset biblique introductif... Mais surtout les 4 verbes-titres de ces 4 parties-semaines : Jouir, Dévorer, Donner, Régner... De quoi s'agit-il ?

Les histoires que nous côtoyons peuvent paraître ordinaires, peut-être même banales par certains aspects. Mais c'est au coeur de ce qui fait notre vie dans cette apparente banalité, empreinte en fait de tant de questions ou de blessures ou de peurs, que se joue la question existentielle du sens de notre vie. Et celle qui lui est liée : qu'est-ce qu'aimer et se laisser aimer ?

Et voilà que ces 4 verbes-titres de ces 4 parties-semaines sont comme un itinéraire de ce que nous vivons quand nous apprenons à aimer, de ce qui se joue du désir d'aimer l'autre, en nous et dans nos relations, où la quête de jouissance peut devenir dévoration, mais où l'on peut apprendre et découvrir qu'aimer c'est donner et se donner, dans l'acceptation en vérité et en liberté de qui nous sommes vraiment. Et que là se joue quelque chose de la reconnaissance de ce qui nous fait vivre et de ce que vivre et aimer veulent dire au coeur du réel qui nous traverse et dans lequel nous avançons.

Cette liberté est celle des enfants de Dieu, celle qu'il veut pour nous et à laquelle nous consentons peut-être si peu, pour tout un tas de raisons liées à notre histoire, notre éducation, nos peurs...

Dans ce roman, tous sont croyants ou en recherche, tous veulent aimer et être aimé, tous veulent vivre. Mais tous sont blessés, d'une façon ou d'une autre, tous sont en désir ou en manque d'amour. Or c'est là que se dévoile quelque chose de ce à quoi Dieu nous appelle et de comment il est présent à nos vies...

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Jean Druel, Les métamorphoses du pélican.Tourments spirituels d'adultes, Cerf, mars 2020, 295 pages, 20€.

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